Lubumbashi- la campagne électorale devient sanglante : Kabila n'a pas tenu parole !

Mardi 11 décembre 2018 - 22:56
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«Dans quel état d’esprit doit-on aller aux élections ? Doit-on brûler le pays parce qu’on a perdu une élection ou l’exposer à des revendications violentes ? », s’était interrogé le président Kabila en novembre 2015 lorsqu'il avait convoqué le Dialogue national.

Le chef de l'État avait alors appelé la classe politique à promouvoir un environnement favorable à un processus électoral apaisé.

Avec les morts enregistrées mardi à Lubumbashi, deux selon la coalition Lamuka et l'Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ), un mort selon des sources hospitalières citée par RFI ; la campagne vient hélas de basculer dans l'horreur.

Ainsi tous les espoirs sincères ou feints du chef de l'État, d'aller aux élections dans la paix se, sont aussi évanouis.

À côté de deux morts signalés, il y a plusieurs blessés graves et des dégâts matériels importants.
ACAJ parle de 53 personnes blessées grièvement par balles et de 5 véhicules incendiés dont deux appartenant à la police.

Cette violence dans la capitale cuprifère est le fait de la police, accuse Pierre Lumbi Okongo, ancien conseiller spécial de Kabila et directeur de campagne de Martin Fayulu, candidat à la présidentielle de Lamuka.

Il parle de ''terrorisme d'Etat'' pour qualifier les violences et entraves à la tournée électorale que le pouvoir orchestre.

Jean Pierre Kambila, directeur de cabinet adjoint du président Kabila, a tenté maladroitement de présenter les violences de Lubumbashi comme étant un affrontement entre les deux branches rivales de l'opposition : Cach et Lamuka.
Mais cette manipulation éhontée n'a pas pris car plusieurs twittos lui ont fait remarquer que les sympathisants de Cach ne sont pas armés et ne disposent pas des grenades lacrymogènes pour gazer la foule. D'ailleurs le ton entre les leaders de deux coalitions de l'opposition est à l'apaisement même si leurs sympathisants se rentrent dedans sur la toile. Les incidents entre leurs militants sont mineurs et n'ont rien à avoir avec la gravité des incidents survenus dans la capitale du Haut-Katanga.

Là-bas, la tension y est montée d'un cran.
La violence engendrant toujours la violence, une école, dont le promoteur est le ministre provincial de l'intérieur Bobo Mulala, a été incendié à la Kenya, réputé fief de l'opposant Kyungu wa Kumwanza, soutien de Moïse Katumbi.

Le cycle infernal semble avoir été déclenché. Et il faut l'arrêter tout de suite.

Tout a commencé à Kindu, fief de Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat à la présidentielle de la coalition au pouvoir le FCC.

Martin Fayulu, l'outsider de cette campagne, y a été empêché d'atterir lundi 10 décembre.
Son directeur de campagne affirme que l'armée avait occupé le tarmac avec deux hélicoptères pour empêcher l'atterrissage du jet privé de Fayulu.

Les partisans de Fayulu, qui s'étaient massivement rendus dans les parages de l'aéroport ont été réprimés par la police, dénoncent des ONGs.
Pour ne rien arranger, à une situation déjà tendue, un ministre en fonction (Kokonyangi) à propager un message de haine tribale en demandant aux habitants de Kindu de ne pas accueillir quelqu'un du Bandundu.
Tout ça au nez et à la barbe des Cours et tribunaux.

Cette campagne électorale est à bien des égards inéquitable.

À part les violences gratuites et inutiles, il y a inégalité dans l'accès aux médias publics de différents courants politiques. Le candidat du pouvoir y est omniprésent alors que les opposants sont invisibles.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication , CSAC, impuissant, ne peut que constater les dérapages de la RTNC.

À 10 jours des élections, il est plus que temps de faire baisser la tension politique. L'unité et la stabilité du Congo sont à ce prix.

La responsabilité première incombe au gouvernement qui parfois joue avec le feu.
La responsabilité revient aussi au chef de l'État en tant que garant de la République pour les quelques semaines qui lui restent à la tête du Congo.
Ce n'est plus le moment de faire la politique de l'autruche. Parce qu'il s'accommode toujours des dérapages issus de son camp. Souvent chef de parti au lieu de chef de l'État.

La misère dans laquelle croupit la population peut déboucher sur une insurrection si jamais elle estime que son droit de se choisir librement ses dirigeants est confisqué.

Pour arriver à ces élections, qualifiées d'historiques car elles donneront lieu -en principe - à la première alternance pacifique en RDC, beaucoup de sang a coulé. Trop c'est trop.

À quelques jours de ces élections, des vies ont été fauchées.
La cause de ces morts de trop : la conservation du pouvoir !

C'était quoi encore la promesse du chef de l'État quand il convoquât le dialogue national ? Des élections apaisées ! C'est raté déjà ! Hélas !

Zabulon Kafubu