Martin Fayulu conjugue déjà Kabila au passé

Lundi 16 mai 2016 - 09:15

Alors qu’à la majorité présidentielle, on jubile avec l’arrêt de la cour constitutionnelle après l’interprétation de l’article 70, à l’opposition, des cris de protestation fusent de partout. D’autres se moquent éperdument de la stratégie du régime pour maintenir leur chef au pouvoir. En première ligne, l’opposant Martin Fayulu. Le leader de l’Ecidé, loin de toute polémique au sujet la décision prise par la cour constitutionnelle, estime que le président Kabila doit partir après le 19 décembre 2016. Il s’étonne que les ténors de la MP se félicitent de ce coup fourré contre la loi fondamentale là où la cour a été claire. Sur le fonds, Fayulu pense que rien n’a changé. Nulle part dans cet arrêt, il est dit que M. Kabila restera en fonction après son dernier mandat en cas de non organisation des élections. Selon lui, la cour comme la constitution disent la même chose : ‘‘A la fin de son mandat, le président de la république reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu’’. Le coordonateur des Forces Acquises au changement rappelle que l’ambigüité de l’arrêt de la cour se situe à son début. Le principe de continuité de l’état évoqué par les neufs magistrats de la cour ne concerne pas l’article 69 comme dit dans l’arrêt. Il concerne plutôt l’article 75. Et là, explique-t-il, il n’y a pas de confusion parce que les articles 70, 73, 75 et 76 se tiennent. ‘‘On ne peut pas les séparer’’, argumente l’élu de la Lukunga. D’abord, l’article 70 stipule clairement que le président de la république est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Le président de l’Ecidé se demande comment le président sortant qui a déjà consommé ses deux mandats, peut rester encore au pouvoir au-delà de ses deux mandats. Ensuite, la même constitution insiste que l’élection présidentielle est convoquée 90 jours avant l’expiration du mandat du président en fonction. Il est prouvé que le gouvernement a intentionnellement refusé de donner à temps les moyens à la Ceni pour que les élections ne se tiennent pas dans le délai prévu. L’argument de moyens ne tient pas. D’ailleurs, on ne peut plus nous l’opposer. Au départ, la mauvaise foi a été manifeste. C’était une stratégie du pouvoir pour retarder la tenue des élections. Pour Fayulu, il n’est pas question d’évoquer la continuité d’autant plus que la constitution, à travers son article 75, n’a laissé aucun vide. D’ailleurs, le président de l’Ecidé martèle que la non organisation des élections dans le délai constitutionnel se classe dans ‘‘toute cause d’empêchement définitif’’. Et l’article 76  qui complète l’article 75 ayant mis à l’écart le président sortant arrivé fin mandat pour empêchement définitif, organise la vacance. Il est clair que c’est le président du sénat qui va prendre le pouvoir. ‘‘C’est la constitution qui le dit ainsi, elle a tout prévu’’, affirme-t-il. Le radical opposant invite les extrémistes de la majorité à ne pas se fier au flou artistique entretenu par la cour en parlant de la continuité de l’état. Il n’y pas de continuité de l’état pour celui qui a déjà fait ses deux mandats constitutionnels. D’où, il rappelle que M. Kabila doit quitter le pouvoir à la fin de son mandat. Faute de quoi, le peuple va s’assumer sur base de l’article 64 de la même constitution. A l’Ecidé, on ne voit pas Kabila continuer après décembre 2016. Les gens du PPRD peuvent beau se réjouir mais la réalité est là.  Il n’y aura pas un jour de plus pour leur autorité morale.  Nous préparons déjà la population pour qu’elle se prenne en charge, se vante Fayulu. Le peuple doit se libérer et toute victoire dans la vie de l’homme, n’a jamais été facile. A Lubumbashi, le peuple a bravé la peur lors de l’audition de Katumbi. A Kinshasa, les événements du 19,20 et 21 janvier sont des preuves qui démontrent qu’aucune dictature, ne peut ébranler la détermination du peuple congolais. A cette occasion, le président de l’Ecidé a rappelé que pour son parti comme pour les Forces acquises au changement et la Dynamique de l’opposition, le dialogue est une supercherie de M. Kabila facilité par M. Kodjo pour s’assurer de prolonger son mandat pourtant la constitution le lui est interdit. A Perriello, on a maintenu notre position de rejet du dialogue et on a dit la même chose à Danae Dholakiala, l’envoyée spéciale de la Grande Bretagne dans la région des Grands-Lacs, conclut Martin Fayulu.