Un match de foot sans tacles, ni blessures. Sans carton jaune, ni de surcroît de carton rouge. Le « match interreligieux pour la paix », inspiré par le pape François et disputé le 1er septembre à Rome, a honoré la cause qu’il défendait par une partie animée, en particulier surtout à la seconde mi-temps, mais toujours jouée paisiblement. De quoi faire du football ce soir-là un sport de gentlemen.
Maradona a joué le match entier
Sport de vedettes avant tout, le terrain du grand stade romain accueillant plusieurs gloires récentes du ballon rond : les Buffon, Trézéguet, Shevchenko,.. En l’absence toutefois de Lionel Messi ou de Zinedine Zidane, le plus respecté – et ménagé – par ses pairs, acclamé du public fut Diego Maradona. Ne boudant pas son plaisir de rechausser les crampons, le footballeur argentin, aujourd’hui âgé de 53 ans, avait revêtu son légendaire maillot numéro 10 et a assuré le spectacle durant le match entier, frappant les coups francs ou tirant les corners.
Sans pouvoir pour autant marquer de but ni faire gagner son équipe, en bleu, qui, menant au début, s’est inclinée 6 à 3 face à celle, en blanc, menée par un autre Argentin, Javier Zanetti. Peu importe le score au final. L’ancien joueur de l’Inter Milan et promoteur de ce match singulier avait prévenu la presse que l’enjeu était moins dans la partie en soi que dans le message qu’elle voulait illustrer. À l’image des amicales accolades et de la bonne humeur des joueurs.
Ne pas jouer sa propre partie
Un message d’abord exprimé par le pape François à travers une brève vidéo diffusée sur les écrans géants du stade avant le coup d’envoi du match. « Personne ne doit jouer sa propre partie », y déclare le pape dans son espagnol maternel, reprenant le thème de son propos aux joueurs reçus plus tôt dans l’après-midi au Vatican.
« Les jeunes, en particulier, vous regardent avec admiration », leur avait-il alors rappelé : « Ainsi, il est important de donner le bon exemple, que ce soit sur et en dehors du terrain ». Le pape argentin, lui-même amateur de football à Buenos Aires, a mis en avant les valeurs plus générales du sport : « la loyauté, le partage, l’accueil, le dialogue, la confiance en l’autre ». A l’inverse de toute « discrimination de race, de langue et de religion », a-t-il poursuivi.
Drapeaux agités du Vatican
Au Stade Olympique de Rome, le 1er septembre au soir, l’ambiance fut on ne peut plus ouverte et familiale. Même si les 73 000 places du stade n’ont été qu’à peine à moitié occupées, le manque manifeste de spectateurs n’a pas empêché de joyeuses « hola » de voguer à travers les gradins pendant la première mi-temps. Aux drapeaux italien et argentin agités dans les gradins s’ajoutaient ceux jaune et blanc du Saint-Siège avec ceux arc-en-ciel marqués « Pace », maître-mot de la soirée. Y compris pour les chanteurs invités à chauffer le stade. La plus attendue était une autre Argentine, « Violetta », qui interpréta une version dansante et sirupeuse d’Imagine de John Lennon. De quoi sensibiliser les plus jeunes spectatrices présentes au thème de la paix.
Un olivier planté
Celle-ci fut symbolisée aussi de manière plus classique et solennelle par un olivier, planté avant le début du match par les représentants des trois grands monothéismes, dont Mgr Guillermo Karcher, prêtre compatriote et proche du pape François. Le trophée du match était aussi en forme d’olivier. Enfin des joueurs ont lu en plusieurs langues un bref manifeste pour la paix, qu’ils devaient tous signer.
Les revenus de la partie devaient être reversés à deux associations qui s’occupent de l’éducation d’enfants en difficulté, Scholas et Pupi, noms repris respectivement par les Bleus et les Blancs lors du match. « Le pape nous montre qu’on peut faire quelque chose aussi pour les enfants », a conclu Diego Maradona, se signant entrant comme en sortant du stade.
Le joueur argentin qui s'était, comme il le rappela lui-même à la presse, « éloigné » de l'Eglise, déclara à Rome ce 1er septembre : « Je suis de retour ». Le pape François accueillit ce jour-là son compatriote d'une chaleureuse accolade, lui disant : « Je t'attendais ».