MICRO BALADEUR LA FEMME EST-ELLE BIEN FORMÉE POUR ASSUMER DES RESPONSABILITÉS D’ICI 2030 ?

Mardi 22 mars 2016 - 06:36

"Appliquons la parité homme-femme maintenant dans la paix pour un développement durable d’ici 2030". Tel est le thème retenu en République démocratique du Congo au cours de ce mois de mars, consacré à la femme. Face à cette perspective, une question ne cesse de tarauder l’esprit de bon nombre d’observateurs : " La femme est-elle suffisamment formée pour assumer des postes de responsabilité en RDC d’ici 2030 ?" Abordés par ’’Forum des As’’, les Kinois livrent ici leur lecture des faits.
* ’’La parité voulue par tous sera effective d’ici 2030’’ (Marc Abdoul Afombolo, 32 ans, avocat près la Cour d’appel, Kinshasa)
Je demeure optimiste ! La parité voulue par tous sera effective d’ici 2030, bien qu’une minorité reste sceptique à l’idée de voir réelle cette parité. Un progrès considérable ne cesse de se manifester dans la société actuelle. De plus en plus, de femmes prennent conscience de cette lourde tâche qui est la leur. Etant une révolution de l’identité féminine, elles devront l’arracher, puisque le monde ne fait pas de cadeaux sur ce point. Elles doivent donc se dire capables de relever les mêmes défis que le genre masculin, en manifestant ce désir de la gestion de la chose physique et leur participation dans de grandes décisions qui engagent la société en général.

* ’’Même après cent ans, la femme ne sera jamais capable de diriger comme un homme’’ (Jean-Pierre Ntumba, 60 ans, chauffeur-taxi, Lingwala)
D’après moi, même après cent ans, la femme ne sera jamais capable de diriger ou de travailler comme le ferait un homme. Par exemple, lorsqu’il s’agit des travaux à la sauvette, ou encore le métier que j’exerce, ma femme ne saura jamais le faire comme moi. Elle doit donc rester à la maison, s’occuper du ménage, des enfants et remplir des tâches bien plus faciles à la maison. Elle n’a donc qu’à attendre que je lui ramène de l’argent à la maison. Ce n’est donc pas pour rien que Dieu a commencé par créer l’homme en premier et la femme en dernier lieu.

* ’’Je suis certaine que la femme est capable d’assumer des postes de responsabilité’’ (Ruth Kazumba, 26 ans, journaliste (Afriradio), Selembao)
Je suis certaine que la femme est capable d’assumer des postes de responsabilité si elle est bien formée. J’apprécie beaucoup le combat d’Hillary Clinton, parce que d’abord elle ne s’est pas levée un bon matin pour dire que je vais devenir présidente. Non ! Elle a un cursus qui a commencé il y a bien longtemps. Et moi, je l’ai toujours prise pour un exemple. Donc, je pense que la femme doit d’abord prévoir d’aller plus loin, même si, dans ses études, elle ne voit pas seulement le poste de présidente ou de directrice, ou encore de ministre. Mais, elle doit déjà viser loin et rêver grand. Si aujourd’hui, beaucoup pensent qu’elles peuvent réussir parce qu’elles manifestent effectivement des capacités de leadership, elles doivent alors être bien et suffisamment formées. Elles doivent exprimer des ambitions et surtout ne pas s’arrêter à la première difficulté.

* ’’La RDC est prête même à accepter une femme à la tête du pays’’ (Déborah Mbu, 18 ans, ménagère, Gombe)
Certes ! Il y a des femmes aujourd’hui en République Démocratique du Congo qui peuvent assumer des postes de responsabilités d’ici 2030, parce qu’elles ont des atouts. J’estime que la RDC a fait et continue à faire des progrès dans le domaine du professionnalisme, et qu’elle est prête même à accepter une femme à la tête du pays. Je suis également convaincue que l’important n’est pas de demeurer femme dans sa carapace, mais plutôt de se rendre également utile dans différents domaines.

* ’’Ce sera pratiquement impossible que la femme puisse assumer des postes de responsabilités, d’ici 2030’’ (Olivier Lowomba, 40 ans, photographe, Kasa-Vubu)
Je pense que ce sera pratiquement impossible que la femme, d’ici 2030, puisse assumer des postes de responsabilités dans ce pays. Tout simplement, parce que de nos jours, la femme congolaise particulièrement ne veut pas souffrir pour gagner son pain, contrairement à nos mamans. Les femmes d’aujourd’hui ne veulent pas travailler. Elles ne veulent pas construire leur avenir. D’autres préfèrent se prostituer… Bref, elles veulent de l’argent facile. Tout ce dont elles rêvent, c’est d’avoir chacune un mari qui sera beau, riche, élégant et qui pourra s’occuper d’elle.

* ’’Les femmes sont encore très peu à accéder à la formation d’élite’’ (Sophie Ngombo, 52 ans, responsable d’un resto-bar, Kalamu)
La femme, formée sur le plan scientifique, oui ! Mais elles sont très peu encore à accéder à cette formation d’élite. Et la problématique, à mon humble avis, se situe encore plus sur le stéréotype provenant de notre culture bantu. Sont-elles même conscientes du sacrifice que cela coûte, par rapport à leur besoin ultime de mariage ou de maternité ? Notre formation est adaptée pour tout, mais l’accession au poste de responsabilité est un débat compétitif sur le plan professionnel, de l’efficacité de soi et d’une forte discipline personnelle.
Propos recueillis par Harmonie BOMBENDE NGOLE
Correspondance particulière