Au cours de son point de presse hebdomadaire d’hier mercredi 6 mai 2015 tenu dans son quartier général à Gombe, la Monusco a donné sa réaction concernant les allégations portées contre elle dans la motion d’information d’un député de la Majorité lors de la plénière de lundi dernier, l’accusant d’être derrière les pygmées et les interahamwe qui ont déclenché les hostilités à Nyunzu, au Katanga, contre les FARDC. En plus de cette accusation, la mission onusienne a également réagi à plusieurs autres questions d’actualité concernant les deux attaques dont des casques bleus ont été victimes lundi et mardi derniers, ainsi que son apport dans le mouvement massif des réfugiés burundais dans le Nord du pays.
Parlant de l’affaire de Nyunzu, le général Bayu a indiqué que la réponse de la Monusco à cette question se fait par des actions sur le terrain. Dans la région du Nord Katanga, comme c’est le cas partout ailleurs où les contingents onusiens sont présents, a-t-il souligné, la Monusco exécute ses tâches dans le cadre de son mandat. Selon le général-Major Bayu, il est difficilement démontrable que la Monusco prend parti en faveur des forces négatives.
«Le seul parti que nous prenons, c’est la protection des civiles. Nous travaillons sans aucun parti-pris. Il en est de même pour les observateurs militaires et les personnels civils de la Monusco qui travaillent au Nord-Katanga. Notre parti-pris, c’est le soutien à un processus de sécurisation et normalisation de la région », a déclaré l’officier supérieur onusien. Selon lui, c’est à ce titre qu’il y a deux jours, une mission a été sollicitée, probablement aussi suite à une interpellation d’un des élus de la région, par les autorités du pays au niveau national et provincial. La mission a eu lieu et était d’abord congolaise, ensuite la Monusco a apporté son appui et sa participation. Jean Bayu a estimé que c’est aux autorités qui ont participé à la mission de rendre compte des conclusions.
Le général-major Jean Bayu a aussi répondu aux allégations rapportées par certains médias de Goma et selon lesquelles la Monusco aurait soutenu, en armement et munitions, les rebelles des ADF. A ce sujet, il a indiqué qu’en ce moment où ils payent leur respect aux soldats morts aux combats, il s’agit plutôt d’un manque de considération.
«Nous avons à plusieurs reprises essayé de répondre et de clarifier un certain nombre de rumeurs et des points que nous rapportent les populations de Beni. Il est tout à fait normal pour les populations, à un moment donné, d’avoir des fois ce genre de sentiments. Mais en revanche, que parfois ces éléments soient rapportés et considérés éventuellement comme des éléments officiels est pour nous une vraie préoccupation », s’est-il exclamé.
Il a rappelé que les opérations contre les ADF ont coûté la vie à de nombreux soldats congolais, aux populations et récemment aux casques bleus de la Monusco, des soldats venus des pays voisins et éloignés. Jean Bayu a soutenu qu’en aucun cas, la Monusco ne se montrera complaisante vis-à-vis des groupes armés. Il a saisi cette occasion pour révéler à l’opinion que contrairement à ce que l’on pourrait croire, en dépit d’importantes pertes en vies humaines, l’ADF n’a jamais été aussi affaibli. Pour lui, les opérations menées et les arrestations qui ont eu lieu doivent convaincre ceux qui ont encore des doutes sur le processus de démantèlement de ces forces armées, et aussi ceux qui, par complaisance ou intérêt personnel, soutiennent l’instabilité dans la région.
«Nous devons nous convaincre que nous sommes à une phase cruciale de l’éradication des ADF », a mentionné le général Jean Bayu.
Deux attaques contre des Casques bleus en 48 heures
Concernant les attaques récentes contre des casques bleus, on rappelle que le mardi 5 mai 2015 vers 18 heures, une unité des Casques bleus tanzaniens de la Brigade d’intervention est tombée dans une embuscade sur l’axe Mavivi-Mayimoya, au village Kikiki, à 11 Km au Sud d’Eringeti, faisant 2 morts et 13 blessés dans le camp des casques bleus et 2 décès des civils. C’est la deuxième attaque en moins de 48 heures visant des Casques bleus de la Monusco dans le « Grand Nord ». Lundi dernier, un hélicoptère à bord duquel se trouvait le Commandant de la Force onusienne a essuyé des tirs. Il a été touché au niveau du réservoir et a dû effectuer un atterrissage d’urgence.
Dans son communiqué de presse du 5 mai 2015, Martin Köbler a condamné avec la plus grande fermeté cette embuscade, et est revenu sur l’importance de la coopération FARDC-MONUSCO. « Cela nous interpelle sur l’impérieuse nécessité de relancer la coopération entre les FARDC et la Force de la Monusco pour la sécurisation du territoire de Beni », a indiqué le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Congo.
L’équation des réfugiés burundais
En ce qui concerne la participation de la Monusco dans la problématique des réfugiés burundais dans le Nord de la RDC, il a été rappelé que Martin Köbler s’est récemment rendu sur le lieu afin de prendre des mesures adéquates. Sur le plan militaire, Jean Bayu a laissé entendre que les forces onusiennes ont eu à anticiper un certain nombre de développements qui seront observés. En coopération avec les autorités locales et les acteurs humanitaires, elles cordonnent leur réponse aux besoins de cette région au développement actuel avec un certain nombre de renforcement spécifique ou statique.
Dans la plaine de la Ruzizi, au terme de la réunion tenue hier à Bukavu sur les demandeurs d’asile, il est ressorti un nombre d’environ 7319 demandeurs d’asile, pas seulement des Burundais, mais aussi des exilés économiques.
Josephine Liyondo et Priscille Mbay (stg Ifasic) et Myriam Iragi