Parlement : une session extraordinaire pour rien

Lundi 3 août 2015 - 11:44

La session extraordinaire du Parlement a accouché d’une souris La moisson récoltée à la clôture ne pousse pas au triomphalisme, ni à une quelconque satisfaction. Le Sénat ayant décidé de renvoyer à la session de septembre l’examen du projet de loi portant répartition des sièges aux élections locales. Sans saisi l’Assemblée nationale, les sénateurs ont bloqué la machine de la commission paritaire. L‘adoption de la loi sur le statut des coutumiers n’est qu’une mince consolation, qui ne fait jubiler personne d’ailleurs. Une session extraordinaire pour rien.

Le processus électoral est grippé, voire coincé, dans sa marche vers l’organisation des controversées élections locales, municipales et urbaines. En cause, une importante frange de la classe politique, tant de la Majorité que de l’Opposition, fait chorus, multipliant des stratagèmes pour que cette loi ne perturbe pas les scrutins prévus en 2015 et 2016. Un jeu de chat et de la souris s’est engagé depuis, sans que notablement des avancées ne soient enregistrées.

Le camp de ceux qui tiennent à la tenue immédiate des locales ne désarme pas. C’est ce qui explique le forcing auquel on assiste actuellement au Parlement. A la session ordinaire de mars, un front commun Majorité- Opposition avait vu le jour. Les deux tendances avaient renvoyé la copie présentée par le vice- Premier ministre en charge de l’Intérieur. Dans un langage sans circonlocutions; les députés de toutes les tendances ont qualifié le projet de loi de porteur « d’irrégularités et d’incongruités ». C’est à la demande du chef de l’Etat qu’une session extraordinaire avait été convoquée avec trois points à l’ordre du jour, à savoir examen du projet de loi sur le statut des chefs coutumiers, du projet de loi portant répartition des sièges aux élections locales, municipales et urbaines et, enfin, le projet de loi sur les services publics du pouvoir central, des provinces et des entités administratives et décentralisées.

A la fin de la session, la matière essentielle n’a pas mis d’accord les deux Chambres du Parlement. Par déduction, la session extraordinaire aura été une perte sèche de temps et d’énergie en ce qui concerne le processus électoral. Le Trésor public aura été inutilement sollicité pour sortir des fonds qui pouvaient être affectés à la réhabilitation de pistés- d’aéroport, des écoles ou des hôpitaux.

Le processus électoral est resté à la case départ sur la question des élections locales. Le camp opposé à son organisation en 2015 use de tous les artifices légaux pour décourager la MP dans son entreprise qui répond à des objectifs inavouables. Le front commun de la session de mars s’est fragilisé dans l’entre deux sessions. Dans une démarche tordue, la Chambre basse a expédié la question, en adoptant les annexes proposées par la Commission électorale indépendante « sans débats » en plénière. Une première. Les critiques pourront s’en servir pour l’avenir.

La Chambre haute, pour sa part, n’a pas fait mieux que de ranger le projet dans les tiroirs jusqu’à la session de septembre. Or celle-ci sera convoquée, suivant le calendrier global de la CENI, la veille de la tenue des locales et urbaines. Sera-t-il possible que le Sénat débatte de cette matière en une plénière, la renvoie à la commission paritaire dans la soirée pour son adoption dans la même nuit et sa promulgation aux petites heures du matin pour que la CENI ait le temps de déployer ses kits ? Un exercice périlleux et dont les résultats ne pourront pas construire un scrutin apaisé, crédible et démocratique.

JEU DE PING-PONG DANGEREUX

Tous les observateurs sont d’avis que les problèmes insolubles que ces élections à la base risquent de provoquer ne devraient pas pousser à.la précipitation. Il est temps de jouer à la retenue et de se demander si ce - que l’on initie, en termes de cafouillages répétés, peut profiter au souverain primaire. L’option levée par la-classe politique pourrait, si l’on y prend garde, déteindre les législatives nationales et la présidentielle. L’image du pays en prendra un coup et les fossoyeurs de la RDC pourront se gausser en disant que le pays est trop grand pour ses habitants et ses dirigeants.

Le jeu de ping-pong qui s’est joué et pourrait se poursuivre encore entre le deux Chambres du Parlement est susceptible de compromettre l’ensemble du processus électoral. Les parlementaires ont été rattrapés par le juridisme creux, comme par le passé. Ils se battent chacun pour leurs chapelles respectives qu’ils ont facilement oublié que le cycle électoral 2015 2016 charrie les espoirs de tout un peuple qui attend vivre l’alternance démocratique et pacifique à l’échéance 2016. Conformément aux prescrits de la Constitution.

Il s’avère donc que les élections locales, municipales et urbaines jamais organisées en République démocratique du Congo après le cycle enclenché en 2006 causent du tournis à tout le monde. Réputées complexes par le nombre de candidats et des sièges, les locales ne peuvent qu’être reportées après les législatives nationales et la présidentielle. Cela si l’on veut vraiment garantir une organisation dans la sérénité de ces scrutins à la base.

Il ne faut pas se voiler la face, la session extraordinaire du parlement aura été une villégiature pour les députés nationaux et les sénateurs. Elle s’est terminée en queue de poisson, l’objectif principal de sa convocation n’ayant pas été atteint. En revanche, elle aura été une perte de temps et une charge budgétivore pour le Trésor public. Echec et mat !

LE POTENTIEL

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