POTENTIEL MINIER DE LA RDC, LE NERF DES GUERRES

Dimanche 25 octobre 2015 - 06:11

La République démocratique du Congo ne connaît que 18% de son potentiel minier. Un sérieux handicap d’autant plus que 72% échappent totalement à la maitrise des dirigeants et du peuple congolais faute de données et statistiques fiables. Les études disponibles ne permettent pas d’assurer une gestion rationnelle. En face, il y a des puissances qui connaissent l’étendue de ce potentiel et jouent à la déstabilisation dans le but de favoriser une exploitation hors de tout contrôle. D’où, des guerres permanentes imposées au pays. Un sursaut s’impose afin de mettre un terme à cette « malédiction des matières premières ».

Le Potentiel

Des chiffres pharaoniques attestent que le potentiel minier de la RDC serait évalué à 24 mille milliards de dollars américains. Fantasme ou réalité, il demeure que ce chiffre serait proche de l’existant. Il reste aux Congolais de s’investir pour en certifier l’existence et procéder à l’exploitation en connaissance de cause.

Le député national Patrick-André Kakwata, spécialiste en évaluation géologique, ancien du cadastre minier, vient de lever un pan de voile sur les capacités réelles du pays à maîtriser ses richesses en mines. Rien que 18% du potentiel sont connus et certifiés. La grande partie de la richesse minière du pays est ignorée du pays et de ses habitants. Pour le député national, il est l’heure de se mettre ensemble dans « un forum économique » ou « Table ronde économique » avec comme assignation de déterminer « le devenir de la RDC comme pays émergent à l’horizon 2030 ». But : lever l’option de procéder à des études pour obtenir des statistiques fiables, permettant aux autorités de gérer durablement les richesses du pays au bénéfice de la génération actuelle, sans compromettre les générations futures.

        Pour y arriver, le député Patrick Kawata est d’avis qu’un service géologique national doit être institué au pays, « les minerais étant des produits épuisables ». Tous les géologues que compte la RDC devront se retrouver dans un ordre professionnel afin d’obtenir une identification exhaustive des ressources humaines qualifiées en la matière. 

L’initiative est en cours au niveau de l’Assemblée nationale. L’élu de la circonscription de Kolwezi s’indigne que l’on continue de parler du potentiel minier de la RDC en termes de « Scandale minier », « Scandale géologique »…il est vrai que la RDC est potentiellement riche en minerais, toutefois, note Patrick Kawata, les Congolais doivent désormais quitter le stade de l’approximation des chiffres pour aller vers la maîtrise des statistiques certifiées. Un travail de longue haleine, certes, mais qu’il faut entamer dès maintenant.

Potentiel de 24 mille milliards

De l’extérieur, avec les moyens technologiques sophistiqués actuels, des puissances planétaires connaissent avec précision l’existant minier de la RDC. Des données satellitaires à leur disposition constituent des fondamentaux pour l’élaboration des politiques extérieures voire leur géostratégie. Patrick Kakwata ne fait pas aveuglément confiance à ces chiffres, estimant qu’il faut des études fiables menées sur le terrain et par des experts congolais.

Une revue britannique estime à 24 mille milliards USD la valeur du potentiel minier de la RDC. En effet, dans un article publié en avril 2010 sous le titre : « The curse of coltan (« La ruée vers le coltan ») ce magazine jette un véritable pavé dans la mare. Le tabloïd évalue, pour le seul secteur minier, le potentiel de la RDC à 24 000 milliards USD. Déjouant ainsi tous les pronostics connus jusqu’à ce jour. Le confrère laisse entendre que cette valeur correspond au produit intérieur brut (PIB) combiné de l’Europe et des Etats-Unis d’Amérique.

Bien plus, « Ceci éclipse même les 18 000 milliards de dollars américains de la valeur totale des réserves du pétrole de l’Arabie Saoudite ». Ce qui, en d’autres termes, suppose que l’ex-Congo Belge est classé en ordre utile par rapport aux réserves de toutes les puissances occidentales et orientales. Cette révélation sur l’estimation de la réelle valeur d’immenses ressources que regorgent le sol et le sous-sol congolais renforce l’idée selon laquelle la RDC est une poule aux œufs d’or et que pour cette raison, aucune puissance politique ou d’argent n’accepterait facilement de la laisser en paix.

Des guerres à répétition

La conséquence immédiate est que ces puissances instiguent des guerres contre le pays afin qu’il ne s’organise pas. Les dirigeants, distraits, font de la chamaillerie leur mode de gestion de la chose publique et du patrimoine commun. Au lieu de travailler pour le bien-être de la population, les dirigeants s’adonnent à la prédation. Profitant de ce désordre entretenu, les forces négatives s’infiltrent et entretiennent des guerres en permanence avec des voisins utilisés comme des mercenaires et les territoires des pays voisins comme base-arrière.

        D’où, avec la certification attendue des richesses minières du pays, il serait loisible d’envisager une gestion rationnelle de ces ressources. Il serait même possible de réunir suffisamment de moyens pour la construction des infrastructures, bref pour assurer le développement du pays et le bien-être des populations. Le député Kakwata Thierry-André ajoute qu’il ne se poserait plus de questions liées au financement des élections ou encore à la dotation des FARDC en logistiques appropriées pour la défense de la nation.