Prison centrale de Makala:Un rapport de la FBCP met en exergue les conditions précaires des prisonniers

Jeudi 4 juin 2015 - 12:38

Dans un rapport rendu public hier mercredi 3 juin, la Fondation Bill Clinton pour la Paix(FBCP) fait le point sur les conditions précaires des prisonniers à la prison centrale de Makala.

Dans son document, l’Ongdh revient sur les conditions précaires de détentions dans les prisons de la République Démocratique du Congo, les violations massives des Droits de l’Homme et la politisation de la Loi d’amnistie telle que définie par l’accord cadre d’Addis-Abebas.

Ce rapport est le 6ème de la série sur les conditions infra humaines de détention des prisonniers et des détenus préventifs.

Bien qu’ Alexis Ntambwe Mwamba, ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains, fait tout ce qui est possible pour réduire, tant soit peu, le nombre élevé des prisonniers détenus de façon irrégulière et abusive, beaucoup reste encore à faire dans le domaine de la procédure judiciaire, de la situation sociale, sanitaire, sécuritaire des prisonniers de Makala.

Malgré les Etats généraux de la justice en RDC, tenus du 27 avril au 2 mai 2015 sur l’amélioration de la Justice et des services pénitentiaires, la justice de la RDC souffre de la non application de la plupart des résolutions issues de ces assises.

Le vrai problème de la majorité des justices des Pays Africains est la dépendance de celles-ci vis-à-vis des pouvoirs exécutifs, note Emmanuel Cole, président national de la FBCP.

Si la technicité et l’ordre instaurés actuellement à la prison centrale de Makala par le Directeur, le Colonel Thadde Kabisa, règnent, c’est à la suite de dénonciations de plusieurs ONGDH sur les tracasseries subies par les visiteurs tout au long du règne de l’ancien Directeur Dieudonné Kitungwa, ajoute Emmanuel Cole.
La faim de N’dolo

Dans la Prison Militaire de N’dolo, la situation est de plus en plus inquiétante avec les vagues des tracasseries administratives s’ajoutent celles des militaires. Cause de cette situation, l’Etat Congolais qui ne dispose pas de moyens financiers et matériels conséquents pour nourrir ses prisonniers et leur assurer les soins médicaux adéquats, signale Emmanuel Cole.

» Le budget de la prison centrale de Makala est annuel, alors que les anciens directeurs percevaient l’argent de l’Etat chaque trois mois. Or la population carcérale s’accroit en moyenne de 50 à 100 unités par mois « , a martelé l’activiste.

La FBCP fait la comparaison avec la prison de Kikwit, dans la province du Bandundu, comprenant un effectif de 310 personnes détenues, ne bénéficiant d’aucune assistance de la part de l’Etat Congolais. Quant à la prison du Cinquantenaire de Bandundu-Ville, elle compte 220 détenus et reçoit l’équivalent de 15.000 US $ par trimestre. N’eut été l’assistance de l’Eglise Catholique ainsi que l’apport des différents visiteurs, la mort serait au quotidien, regrette Cole.

Réalités

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, dans toutes les prisons de la RDC, on assisterait aux mêmes scènes désolantes.

La prison centrale de Makala a été construite par le pouvoir colonial belge à l’époque pour une capacité d’accueil de 1500 personnes.

Mais elle compte aujourd’hui une population carcérale évaluée à 6.678 personnes, dont 1.673 condamnés et 4.697 prévenus, note Emmanuel Cole dans son rapport. La juridiction civile compte 6367 détenus et la juridiction militaire en compte 308, dont 203 condamnés et 105 prévenus.

Parmi les prisonniers 155 femmes, dont 152 civiles et 3 militaires, dont une condamnée et deux prévenues. Les Parquets qui détiennent plus de détenus sont entre autres, PGI/Gombe (889), PGR (02), PG/Matete (14), PG/Gombe (30), PGI/N’djili (449), PGI/Matete (449), etc.

Selon de la FBCP, 314 mineurs dont 304 garçons et 10 filles sont au pavillon 9. Et, les mineurs croupissent en prison sans être jugés bien que l’Etat congolais ait mis en place une juridiction spéciale pour eux.

Au pavillon 9, la FBCP fait état de 8 mères avec leurs enfants âgés de moins de 10 mois, détenues dans des conditions infra -humaines (sans lits ni matelas, sans nourriture, sans sanitaires).

La plupart de ces détenues et prisonnières sont emprisonnées pour des faits tels que coups et blessures, injures publiques, abus de confiance et dettes. Les mineurs ne bénéficient d’aucune formation professionnelle tout au long de leur détention en vue de leur future intégration dans la société une fois libérés.

Par Godé Kalonji Mukendi

 

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