PROCESSUS ELECTORAL TOUT LE MONDE SE SUBSTITUE À LA CÉNI !

Vendredi 8 juillet 2016 - 10:37

Un internaute anti-kabila notoire fait constater dans sa chronique du 6 juillet 2016 que pour les "Élections en RD Congo, Nangaa propose l’enrôlement de 4 personnes par jour, par centre". Un constitutionnaliste, récemment passé de la Majorité présidentielle à l’Opposition pour des raisons privées propose la "révision partielle du fichier électoral".

Rejetant "tous les arguments ’fallacieux’ avancés " par la Céni "pour retarder l’organisation des élections", il considère que "Pour résoudre le problème de nouveaux majeurs, (…) la CENI peut les identifier et les inscrire sur la liste électorale de 2011 dans leurs circonscriptions électorales respectives. Cette opération peut prendre 15 à 20 jours seulement", estime-t-il, avant de conclure : "Nous soutenons donc une révision partielle et non totale du fichier électoral. Au total, le fichier électoral actuel qui date de 2011 a été accepté l’année dernière en 2015 par tous les partis politiques qui ont déposé les candidatures de leurs membres aux élections provinciales. Il suffit d’y ajouter ou de ne pas y ajouter les nouveaux majeurs pour tenir les élections générales dans les délais constitutionnels", poursuit-il…
Et d’ajouter, fort de ses connaissances scientifiques en droit : "La décision électorale est prise, non pas par tous les Congolais vivants inscrits sur la liste électorale, mais uniquement par ceux qui vont se déplacer le jour des élections pour aller voter. Les morts et les abstentionnistes ont donc le même sort : on ne les compte pas dans la décision électorale".
Quoi de plus normal qu’il soit suivi par l’internaute qui, sur base de ses propres calculs (d’écolier) affirme que pour construire un fichier électoral en 16 mois pour 40 millions d’électeurs, il va falloir pour la Céni enregistrer 4 électeurs seulement, et cela par centre d’identification et d’enrôlement. Il fonde son argumentation sur le fait que la Centrale électorale a déclaré avoir besoin de 17.600 centres d’inscriptions, de 20.200 kits, de 200 kits d’enrôlement (à placer dans les ambassades) et de 600 électeurs par bureau de vote de 6 heures à 17 heures pour enregistrer les 41 millions d’électeurs évalués. Sans chercher à savoir si la Céni réunit ces moyens, il prononce sa sentence en ces termes : "Il est indéniable, en affirmant cela, ou monsieur Corneille Nangaa Président de la CENI prend tous les Congolais pour des idiots, ou il est tellement redevable à Joseph Kabila qu’il se permet de ramper au point de débiter des chiffres débiles ".
Ni le confrère blogueur, ni le constitutionnaliste transfuge n’ont cependant une connaissance approfondie en matière électorale. Ils ne sont pas les seuls. Dans la foulée, il y a aussi un sage du G7. Abondant dans le même sens, il déclare : "Notre peuple exige un calendrier électoral clair pour l’alternance et non un enrôlement des électeurs détaché de l’ensemble du processus que la Ceni étale sur 16 mois dans le but de proroger le mandat de Joseph Kabila à la tête du pays ".
Premier enseignement à tirer : lorsqu’ils étaient à l’Amp pour les élections de 2006 puis à la Mp pour celles de 2011, le constitutionnaliste et le sage n’avaient pas développé la même argumentation.
Or, Corneille Naanga est resté constant dans le plaidoyer du timing fixé pour le fichier électoral. Il rappelle que la Céni avait mis 16 mois pour préparer le fichier de 2006 et celui de 2011. Il a du mal à comprendre l’exception que l’on veut soulever pour le fichier de 2016 alors que pour l’essentiel, les moyens techniques utilisés sont les mêmes.

L’INTERNAUTE, LE CONSTITUTIONNALISTE ET LE SAGE
Au stade actuel, la pression - si pression il y a - doit pourtant être mise non pas sur la Mp et son autorité morale mais sur la Centrale électorale dont le Bureau, actuellement présidé par Corneille Naanga, compte parmi ses membres des "mandataires" émanant de l’Opposition. En l’occurrence l’Udps Jean-Pierre Kalamba et l’Unc Gustave Omba.
Quand bien même il est dit que tous les membres désignés cessent de représenter leurs organisations d’origine, il aurait au moins été souhaitable que l’internaute, le constitutionnaliste et le sage commençassent par recueillir l’avis, s’agissant de la composante Opposition, de Kalamba et d’Omba sur le timing de 16 mois annoncé par le président du Bureau de la Centrale électorale là où l’udépésien Jérôme Bonso, de la Linelit et de l’Aeta, prévoit plutôt 22 mois pour des préparatifs électoraux rationnels.
Or, jusqu’à ce jour, ni Kalamba ni Omba ne démentent le chef, encore moins les membres de l’assemblée générale.

MALSAIN ET CONTREPRODUCTIF
C’est ici que l’on se pose logiquement cette question tout à fait pertinente : pourquoi les non-spécialistes de la matière électorale, surtout ceux de l’Opposition, se substituent-ils aux spécialistes qu’ils ont eux-mêmes désignés pour la besogne. Une chose est de cesser de leur faire confiance. Une autre de vouloir se substituer à eux !
Ce serait drôlement incroyable d’apprendre qu’en désignant respectivement Jean-Pierre Kalamba et Gustave Omba pour le Bureau de la Céni, l’Udps et l’Unc (avec leurs Alliés) n’aient pas tenu compte de leur expertise en cette matière. Si tel est le cas, alors c’est d’une extrême gravité.
On peut au moins se consoler de cette évidence : en les gardant dans le Bureau Naanga depuis leur nomination en 2012, ces deux groupes parlementaires leur reconnaissaient la compétence requise dans la gestion du processus électoral, dont la construction du fichier électoral est la base.
L’enseignement à en tirer est les protagonistes se doivent de faire preuve de modestie en laissant à ceux qui le dépassent ce qui les surpasse. Autrement, on se couvre de ridicule en avançant des arguments facilement destructibles.
C’est de toutes les façons malsain et contreproductif pour le débat démocratique, précisément sur son aspect fondamental : le fichier électoral sans lequel, ne cesse de dire Corneille Naanga, une élection est tout, sauf une élection.
En cherchant à se substituer à la Céni, l’internaute, le constitutionnaliste et le sage pro-Opposition sont dans un schéma non constitutionnel. C’est le moins qui puisse être dit et soutenu.
Omer Nsongo die Lema