Proposition du CALCC pour l’organisation de l’élection présidentielle en 2016

Vendredi 8 juillet 2016 - 11:13
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Kinshasa, le 30 juin 2016

A Monsieur Corneille NANGAA                             

Président du Bureau de la CENI

Kinshasa-Gombe

 

C.I.

 

S.E. Monsieur Joseph KABILA KABANGE

Président de la République

 

Honorable Aubin MINAKU

Président de l’Assemblée nationale

 

Honorable Léon KENGO wa DONDO

Président du Sénat

 

S.E Mgr Marcel UTEMBI, Archevêque de Kisangani

Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo

 

Concerne : Proposition du CALCC pour l’organisation de l’élection présidentielle en 2016

 

Monsieur le Président, cher frère.

 

Avant toute chose, le Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo vous félicite et vous encourage pour l’engagement que vous avez pris en acceptant de présider la Commission pour organiser les élections en ces moments difficiles.

Depuis votre désignation, Nous nous sommes réservés de prendre position sur les matières techniques liées à l’organisation des élections, convaincus qu’avec votre expertise, la Commission serait en mesure de proposer à la Nation un schéma qui l’aiderait à comprimer les coûts des opérations et leur durée, de sorte à répondre à l’exigence impérative du respect du délai constitutionnel, surtout en ce qui concerne l’élection présidentielle.

Malheureusement, nous constatons que sous votre présidence, la CENI continue à soutenir un système électoral très cher, et ne tient aucun compte des risques que le pays court du fait de la non-organisation de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels.

Faudrait-il peut-être vous faire savoir clairement que le débordement du délai constitutionnel dans l’exercice du pouvoir suprême dans le pays expose dangereusement le Président de la République et compromet l’avenir de la Nation ?

Pour vous en convaincre, observez la pression qui s’exerce de toutes parts sur le Président Joseph KABILA pour le respect de la durée et du nombre des mandats à la magistrature suprême qui n’est absolument pas à comparer aux autres mandats électifs. Ses prédécesseurs n’y avaient point échappé. La RDC n’est ni le Congo Brazzaville, ni l’Angola, ni l’Ouganda ni le Rwanda, ni le Burundi…

Nous avons passé au crible le calendrier des opérations que vous présentez. Si vous le désirez, nous pouvons vous communiquer nos observations dans les détails.

En résumé, nous vous reprochons notamment d’avoir :

  1. choisi le mode le plus long de passation des marchés publics, dans des circonstances qui exigent et justifient un mode court qui est parfaitement légal ;
  2. accepté que les fournisseurs des kits les livrent par petits lots alors que ce sont des industriels qui sont en mesure de produire des milliers de machines par jour;
  3. prévu le même temps de déploiement des kits à travers le pays que celui consommé en 2006 dans un contexte où les infrastructures de transport étaient en plus mauvais état ;
  4. prévu le même temps de traitement des données qu’en 2006 alors que la technologie a beaucoup évolué et qu’il existe une expertise nationale avérée ;
  5. prévu le même temps d’enregistrement des électeurs qu’en 2006 alors que le nombre de kits d’enregistrement a été plus que doublé ;
  6. privilégié les élections locales au détriment de l’élection présidentielle, laquelle est plus contraignante en vertu de la Constitution.

Au regard de ces observations, notre conclusion est que : vous aviez la possibilité de proposer à la Nation un calendrier qui tienne compte du délai constitutionnel pour la très sensible élection présidentielle. Mais, vous n’avez pas voulu engager la CENI à contrarier le désir de ceux qui veulent voir le Président de la République aller au-delà de la limite de son second et dernier mandat. Vous avez délibérément manqué d’assumer l’indépendance reconnue et exigée de cette institution par le législateur.

Les conséquences de cette fuite devant vos responsabilités sont incalculables pour la Nation. Malheureusement devant Dieu, devant le peuple et l’histoire, c’est le Président de la République qui en répond.

Au stade où nous sommes arrivés, nous ne pouvons plus nous taire. Car au-delà des calculs politiques et des arguties juridiques humaines, il y a le regard et la volonté du Créateur.

Il est fort à craindre que ce qui se fait aujourd’hui ne soit pas béni par Le Seigneur. Avec pincement au cœur, et des larmes aux yeux, le Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo se sent obligé de vous dire que de MOBUTU SESE SEKO à Joseph KABILA en passant par Laurent Désiré KABILA, tous nos chefs sont avertis des années avant sur ce qu’ils doivent faire afin de conduire cette Nation comme le veut Le Seigneur que vous, nous et tout le peuple congolais, nous adorons. Mais, tous sont entêtés par des flatteurs qui par la suite, les renient et les fuient lorsqu’ils font face à la dure épreuve de la Croix.

Ressaisissez-vous, cher frère. Ne soyez pas complice d’un jeu suicidaire pour le Président de la République et pour la Nation. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il n’est jamais trop tard pour faire le bien.

« Quand je dirai au méchant : tu mourras. Si tu ne l’avertis pas, si tu ne parles pas pour détourner le méchant de sa mauvaise voie et pour lui sauver la vie, ce méchant mourra dans son iniquité, et je te redemanderai son sang. Mais si tu avertis le méchant, et qu’il ne se détourne pas de sa méchanceté et de sa mauvaise voie, il mourra dans son iniquité, et toi, tu sauveras ton âme ». (Ez 3, 18-19).

 

Proposition

 

Puisque la CENI s’estime dans l’impossibilité d’organiser les élections dans les délais à cause du fichier électoral, nous proposons une solution simple : faire l’élection présidentielle sans enrôlement préalable des électeurs.

En effet, il n’est pas indispensable d’avoir un corps électoral préalablement connu pour organiser une élection ayant une seule et unique circonscription électorale. Car, au finish, les résultats ne sont pas déterminés en fonction du nombre des enrôlés, mais en fonction des votes exprimés.

L’électeur vote dans son lieu de résidence (Quartier, groupement ou village, ambassade, consulat). Il se présente dans le bureau de vote avec une pièce l’identifiant (carte d’électeur ; passeport ; carte d’élève ; carte d’étudiant, un tenant lieu ou une attestation de perte des pièces encours de validité délivrée par le quartier ; le groupement ou le village qui endosserons la responsabilité en cas des fausses données).

Le bureau de vote établit la liste des votants, leurs coordonnées et surtout le quartier et l’avenue de leur résidence en présence des témoins et observateurs électoraux.

Les bureaux de vote transmettent ces informations aux bureaux de coordination dont ils dépendent pour constituer les listes des électeurs par village et quartier. Toutes les données seront enfin transmises au Centre national de Traitement pour le fichier définitif.

Cette proposition offre deux avantages : l’organisation de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel, et la relance d’une base du fichier électoral à consolider par la suite, à un cout plus réduit.

Il est indispensable que cette proposition soit validée par la classe politique et les forces vives lors du Dialogue.

Vous remerciant de la particulière attention que vous daignerez accorder à notre proposition, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la CENI, cher frère, l’expression de nos sentiments dévoués dans Le Seigneur, au service de la Patrie.

 

Pour le Bureau national du CALCC

Vincent Kekolemba, porte-parole.