Qui a tué les trois officiers des Fardc ?

Mercredi 8 avril 2015 - 08:09

Le colonel Bawili, commandant du 83ème sous-secteur, un lieutenant-colonel chargé des opérations et un capitaine des transmissions tombés dans une embuscade dans le parc des Virunga.

Les Fardc sont à nouveau en deuil après la mort de Mamadou Ndala et Jean-Lucien Bahuma. Trois officiers parmi lesquels deux officiers supérieurs, un colonel et un lieutenant-colonel ainsi qu’un capitaine, donc un officier subalterne ont péri dans une embuscade tendue par un groupe d’assaillants lourdement armés lundi dernier a confirmé hier Radio Okapi. Il s’agit donc du colonel Raphaël Bawili, commandant du 83ème sous-secteur Fardc à Masisi et un lieutenant-colonel chargé des opérations ainsi que le capitaine, opérateur de transmission.

Selon la source, les faits se sont déroulés au Nord-Kivu, dans le Territoire de Masisi en plein parc des Virunga, dans un hameau du nom de Mugando, dans une zone sous leur commandement. La Jeep des trois officiers supérieurs qui était pourtant pourvue d’escorte musclée est touchée en pleine cabine par deux tirs de roquette RPG après qu’un premier tir l’a raté.
Quant aux hommes de l’escorte, neuf sont, dit-on grièvement blessés tandis qu’un dixième s’en est tiré sans égratignure. Les véhicules d’escorte ne sont donc pas parvenus à assurer la couverture de la Jeep des officiers car ceux-ci sont tués sous le coup. Aucun assaillant n’a été maîtrisé. Qui sont-ils ? Les soldats de l’escorte, rescapés de l’embuscade parlent des combattants Hutu rwandais des FDLR, certains en civil d’autres dans d’anciens battle-dress des Fardc.

L’ENQUETE JUDICIAIRE DOIT FAIRE LA LUMIERE
On indique cependant que l’embuscade a eu lieu à 2 Km d’une position militaire des Fardc. D’où le flou total qui persiste encore dans l’identité véritable des assaillants qui ont tué trois officiers supérieurs des Fardc. A l’enquête judiciaire de faire toute la lumière sur cette attaque supposée des FDLR et la mort de trois officiers supérieurs des Fardc parmi lesquels un colonel-commandant secteur.
On sait qu’ils se rendaient au village de Karenga pour récupérer 20 combattants des FDLR capturés par les Fardc. Ils n’y arriveront jamais. Par ailleurs il est frappant de constater des similitudes entre cette embuscade meurtrière dans laquelle trois officiers supérieurs parmi lesquels le colonel Raphaël Bawili, commandant du 83ème sous-secteur de Masisi ont péri dans le parc des Virunga et celui du colonel d’heureuse mémoire Mamadou Ndala, héros de la guerre contre le M23, commandant du Bataillon-commandos de choc, au sortir de Beni un certain 2 janvier 2014. Ndala est tué par un tir de roquette RPG tiré dans un secteur occupé par les Fardc, à 10 Km de Beni-ville.

L’ESCORTE N’A PAS ASSURE LA COUVERTURE
La roquette a touché sa Jeep du côté du siège-passager où il était assis. Ses gardes du corps assurant l’escorte qui ont vu les assaillants devant eux ne les ont curieusement pas pulvérisés avec l’automitrailleuse lourde, la 12.7 montée sur la Jeep d’opération de Ndala, une arme redoutable dont les munitions transpercent le blindage du char.
L’escorte est restée tétanisée et a été incapable de la moindre couverture de la Jeep du commandant. Pareil à Masisi où les hommes de l’escorte ont aussi assisté impuissants à la mort des trois officiers dont ils avaient la charge de couvrir. ils ont pourtant bien vu les assaillants puisqu’ils décrivent même leur tenue.
Les hommes de l’escorte de Mamadou Ndala ont vu aussi les assaillants qu’ils ont décrits en tenue des Fardc là où certains parlaient des ADF/NALU. L’armement utilisé dans les deux embuscades est le même. Il s’agit de l’armement lourd. La roquette RPG.

RESSEMBLANCE AVEC L’ASSASSINAT DE NDALA
Dans les deux cas, les assaillants en disposaient à profusion. Deux tirs de roquette dans le cas de Ndala dont un a échoué à côté de la Jeep et le deuxième qui l’a enfin atteint. Scénario presque le même avec le colonel Bawili à Masisi dans le parc des Virunga.
Trois tirs de roquettes dont un a raté sa cible et les deux autres l’ont atteinte. Dès lors il se pose l’épineuse question de la circulation d’armes lourdes dans le Nord-Kivu. Tous les groupes armés locaux comme étrangers en disposent. Les principales milices Maï-Maï comme les Raïa Mutomboki, les Mukombozi, les Hutu congolais des Nyatura, les NDC CHEKA, les Hunde des APLCS de Janvier Kalairi, les Hutu rwandais des FDLR et les islamistes ougandais des ADF/NALU qui écument la région.
Tous ont l’armement lourd. Pas au sens du simple lance-roquette RPG. Tous ont des canons de plus de 100mm. Ce sont des armes de longue portée au-delà de 20km que ne peut détenir qu’une armée nationale. Mais là ce sont tous ces miliciens qui en sont pourvus. Pas étonnant qu’on tire à la légère trois roquettes RPG sur une Jeep de l’armée. Dans cette zone, n’importe quel groupe armé est en mesure de le faire. Ce qui rend compliquée l’identification des assaillants à partir de leur armement. D’où la question d’établir la traçabilité de ces armes lourdes. D’où viennent-elles ? Le regard est tourné au Rwanda et à l’Ouganda, probables pourvoyeurs de ces miliciens qui sèment le chaos dans tout l’Est de la Rdc. KANDOLO M.