La question du ralentissement de l’économie chinoise et ses conséquences sur l’économie congolaise était au cœur du point de presse qui a précédé la 8ème réunion ordinaire du comité de politique monétaire du lundi 14 septembre dernier. Le gouverneur de la BCC plaide pour la mise en place des mesures pour l’économie congolaise qui a des relations intenses avec la Chine, étant donné que ce pays est un partenaire commercial de la RDC.
Déogratias Mutombo est convaincu qu’il faut mettre en place de réformes à court terme en vue d’accroître la résilience de l’économie nationale. Il est nécessaire qu’un programme économique urgent soit mis en place en vue de l’accroissement de la production intérieure et l’orientation de la consommation sur la demande intérieure, poursuit l’autorité monétaire.
Pour ce faire, le patron de l’Institut d’émission a suggéré la mise en place d’un programme alimentaire d’urgence. Domaine dans lequel l’économie nationale dépense chaque mois entre 300 à 350 millions de dollars pour les importations alimentaires.
Le gouverneur de la BCC plaide pour l’intervention de l’Etat sur le marché pour que les opérateurs économiques œuvrant dans le secteur alimentaire puissent accéder aux crédits à des conditions favorables pour l’investissement afin d’accroître la production alimentaire.
" Il faut la résilience de l’économie afin d’épargner les 300 millions USD que nous dépensons chaque mois pour manger alors que nous avons plus de 80 millions d’hectares arables dans notre pays ", propose-t-il, tout en reconnaissant que l’intervention de l’Etat pour garantir les crédits bancaires est capital ".
Au cours de ce face-à-face avec la presse, le gouverneur de la BCC indique que le CPM reste persuadé que des efforts soutenus doivent être engagés par toutes les parties concernées pour préserver la résilience de l’économie nationale, dans le contexte de ralentissement de l’activité économique et des risques de chocs potentiels sur l’économie.
Ainsi, le CPM rappelle la nécessité de mettre en œuvre des politiques macroéconomiques efficaces en vue de préserver la résilience de l’économie nationale, note le numéro 1 de la BCC.
Par ailleurs, le CPM a décidé du maintien du dispositif actuel de politique monétaire, souligne le patron de l’institut d’émission. Ainsi, le taux directeur demeure à 2%. Le coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme reste respectivement à 8% et 7% et celui pour les dépôts en monnaie nationale à vue à 2% et à terme à 0%, précise-t-il. Ce maintien par l’absence de choc majeur, est susceptible d’affecter la stabilité du cadre macro économique, poursuit-il. D’après le gouverneur Mutombo Mwana Nyembo, sur le plan international, le risque d’inflation importé à court terme est très faible, étant donné que le cours du pétrole continue à fléchir. Ce qui écarte toute suspicion d’augmentation du prix du carburant à la pompe, explique-t-il. " C’est un coup dur pour le budget national ", lâche-t-il. Tandis que sur le plan intérieur, l’évolution des fondamentaux rassure à court terme. Car, sur le marché des biens et services, les prix restent stables avec un taux d’inflation annuel de 0.063% contre 0,077% en juillet. Toutefois, mentionne l’autorité monétaire, l’année pourrait se clôturer avec un taux d’inflation de 0,66% contre un objectif de 3.5%.
Avant de clore cette rencontre, le gouverneur de la BCC a présenté deux importantes publications de l’institut d’émission. Il s’agit du rapport annuel 2014 qui présente l’évolution des fondamentaux économiques sur fond explicatif de tous les secteurs et le rapport sur la politique monétaire pour le premier semestre qui décrit la manière dont cette politique a été menée. Ces deux ouvrages sont à consulter dans les bibliothèques.
Déogratias Mutombo invite tous les étudiants, chercheurs et économistes à découvrir ces deux ouvrages pour édifications. Mathy MUSAU
COMMUNIQUE DE PRESSE
Le Comité de Politique Monétaire s’est réuni, ce lundi 14 septembre 2015, pour sa huitième réunion ordinaire de l’année sous la présidence de Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo.
Le Comité a analysé les évolutions économiques récentes au plan national et international avant de donner une orientation conséquente de politique monétaire.
A cet effet, il s’en est dégagé ce qui suit :
Au plan international,
L’économie mondiale s’est ressentie des effets des signes de ralentissement de l’économie chinoise qui a conduit la Banque populaire de chine à dévaluer sa monnaie pour soutenir ses exportations. En effet, au regard de l’interdépendance des économies et de l’importance stratégique et économique de la Chine, cette décision va impacter le commerce international dans le mois à venir.
A court terme, les perspectives de croissance mondiale restent moroses sur fond notamment d’un trend baissier des cours de matières premières.
S’agissant particulièrement des cours de matières premières, les dernières informations font état d’une aggravation de la baisse des cours du cuivre et du pétrole dont les variations annuelles ont atteint respectivement de 20,0 % et de 9,0 % constituant un signal d’alerte notamment pour la croissance de l’économie congolaise. Quant aux cours des produits agricoles dont la tendance s’inscrit également à la baisse, ils sont de nature à atténuer le risque éventuel d’une inflation importée dans l’économie nationale.
Au plan national,
Les estimations de la croissance économiques sur base des données de production à fin juin 2015 indiquent un recul de la croissance à 8,4 % après 9,2 % en mars 2015 contre une réalisation de 9,5 % en 2014. Cette situation est expliquée par le ralentissement des activités dans la branche " Extraction " dont la contribution à la croissance s’est repliée à 3,0 points de pourcentage contre 4,7 points en 2014.
Par ailleurs, la confiance des chefs d’entreprises de la RDC s’est abaissée au mois d’août se positionnant à 14,7 % après 18,3 % un mois plus tôt principalement influencée par le secteur des industries extractives.
Le marché des biens et services a été caractérisé par la poursuite de la stabilité. En effet, le taux d’inflation mensuel s’est situé à 0,063 % contre 0,077 % en juillet. Toute proportion gardée, l’année pourrait se clôturer avec un taux d’inflation de 0,66 % contre un objectif de 3,5 %.
L’exécution des opérations financières de l’Etat dégage une diminution de la marge de trésorerie de 50,0 % par rapport au mois de juillet induite par la faible mobilisation des recettes face à des dépenses croissantes.
Sur le marché des changes, il a été noté la poursuite de la stabilité sur les différents segments du marché. Le taux interbancaire s’est établi à 927,65 CDF le dollar contre 933,00 CDF sur le marché parallèle, accusant de dépréciations mensuelles de 0,4 % et 0,1 % respectivement. Quant aux réserves de change à fin août, elles se sont établies à 1,6 milliard de USD, soit 6,5 semaines d’importations des biens et services sur ressources propres.
Sur le marché monétaire, les opérations se sont dénouées au taux moyen de 1,7 % à interbancaire et de 4,5 % au guichet des facilités permanentes. L’Institut d’Emission a poursuivi et maintenu une politique monétaire prudente qui a favorisé une évolution contrôlée des agrégats monétaires. En effet, la base monétaire au sens strict et le stock monétaire ont respectivement dégagé des marges acceptables compatibles avec l’évolution économique intérieure.
En outre, il a été noté un faible recul des taux d’intérêt des banques entre juin et juillet 2015 et un accroissement de 1,0 % du financement de l’économie nationale.
Dans ce contexte de ralentissement de l’activité économique et des risques de chocs potentiels sur l’économie, le CPM reste persuadé que des efforts soutenus doivent être engagés par toutes les parties concernées pour préserver la résilience de l’économie nationale.
Ainsi, tout en focalisant une attention soutenue aux évolutions économiques à court terme, le Comité de Politique Monétaire a décidé du maintien du dispositif actuel de politique monétaire. Le taux directeur demeure à 2 %. S’agissant du coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme, il reste respectivement à 8 % et 7 % et celui pour sur les dépôts en monnaie nationale à vue à 2 % et à terme à 0 %.La régulation de la liquidité se poursuivra via les adjudications des bons BCC.
Par ailleurs, le CPM rappelle la nécessité de mettre en œuvre des politiques macroéconomiques efficaces en vue de préserver la résilience de l’économie nationale.
A moyen et long termes, un plan de développement économique intégré et cohérent, basé sur la relance des infrastructures et du secteur agricole en vue de la diversification de l’économie nationale s’impose.