Présumée année électorale, 2016 risque de passer sans que la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) ne puisse organiser le moindre scrutin. Au-delà des contraintes financières, il y a aussi celles d’ordre technique. A ce sujet, la « Note technique portant actualisation du fichier électoral et répartition des sièges », ficelée en son temps par cette institution d’appui à la démocratie, fait l’objet d’une attention particulière de la part des internautes.
L’élément qui fait le plus tiquer, c’est le timing arrêté pour les opérations préélectorales, à savoir 13 à 16 moins au moins. Mathématiquement parlant, il faut entre une année et une année et demie pour actualiser le fichier électoral, c’est-à-dire enrôler plus de 40 millions d’électeurs potentiels. Cela suppose la disponibilité de plus de 53 millions de cartes d’électeurs, de plus de 61 millions formulaires d’identification, de plus de 6.100 centres d’inscription, de plus de 12.200 kits d’enrôlement, de plus de 30.500 agents chargés de l’enrôlement. Quant au budget à affecter à ces opérations préélectorales, il était évalué à plus de 202 millions de dollars américains.
Ces données techniques poussent à penser que le « glissement technique » ou « financier » est inévitable, en dépit des protestations d’une partie de la classe politique congolaise et des organisations de la société civile qui estiment qu’il est possible d’organiser ne serait-ce que la présidentielle et les législatives nationales cette année. En clair, si la volonté politique était là et si le financement était acquis, 2016 aurait pu être effectivement une année électorale si le chronogramme annoncé par la CENI après le remplacement de l’équipe du pasteur Ngoy Mulunda par celle de l’abbé Appolinaire Malumalu en 2013 avait connu une exécution normale.
Or, chacun sait que la CENI, privée de ressources financières, a dû se contenter du « service minimum » jusqu’en 2015, année prévue pour la tenue des élections locales, municipales et provinciales (octobre 2015). Et le drame, dans tout ceci, est que cette institution d’appui à la démocratie serait obligée de tout reprendre à zéro si les participants au futur dialogue politique, qui sont occupés à jouer d’interminables prolongations, décidaient de la mise en route d’un nouveau calendrier électoral, de l’enrôlement de nouveaux majeurs ou carrément de tous les Congolais et Congolaises en âge de voter, de l’audit du fichier électoral, de la recomposition de son staff, etc.
Tous les rétards à enregistrer sont à comptabiliser avec les 13 ou 16 mois à réserver à l’actualisation du fichier électoral. Pour ne pas se montrer trop pessimiste, on peut noter que le délai minimal de « glissement » serait de douze mois. Et si l’on ajoute les turbulences politiques liées aux textes législatifs devant sous-tendre le processus électoral, le cycle électoral pourrait facilement « glisser » au-delà de 24 mois, sinon plus.
Ne pas trop rêver…
C’est certainement dur à accepter mais le « glissement » est acquis pour le processus électoral congolais qui fait du sur-place depuis une année. Les Congolais devraient se garder de trop rêver d’élections pour cette année 2016. Tous les paramètres politiques (Dialogue incertain), techniques (nouveau calendrier électoral, enrôlement des électeurs), financier (budget électoral hypothétique) indiquent qu’aucun scrutin ne peut être organisé durant les onze mois à venir. Cela parait d’autant vrai que les parties prenantes au dialogue ne semblent pas du tout pressées d’aller à l’essentiel. Quant aux anti-dialogue, leur capacité de faire bouger les lignes dans le sens de la tenue des élections est si minime qu’ils sont bien obligés d’attendre la suite des événements.
Du côté de la communauté internationale, l’option qui semble primer est celle de laisser les Congolais partager eux-mêmes le besoin se mettre autour d’une table pour trouver une voie de sortie à leur crise politique.
Kimp