RDC : référendum pour tuer la Constitution

Mercredi 30 septembre 2015 - 11:21
Comme, au Rwanda ou au Congo/Brazzaville, les dirigeants africains en fin mandat semblent trouver la formule magique pour contourner les lois fondamentales de leurs pays qui les empêchent de se représenter pour un troisième mandat. En République démocratique du Congo, l’existence d’un projet de loi sur le référendum vient à un moment très suspect et soulève déjà des vifs polémiques. Une correspondance du Premier ministre, datée du 22 septembre, à destination du vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Evariste Boshab, relative à un projet de loi portant organisation du référendum en RDC provoque le buzz sur la toile. Les opposants en particulièrement ont dénoncé une démarche du pouvoir en place visant à changer l’actuelle Constitution pour permettre à Joseph Kabila de rester continuellement au pouvoir. Dans son compte twitter, Olivier Kamitatu, membre du G7, estime que cette « proposition de loi portant organisation du référendum est une initiative téméraire, provocatrice, inopportune et sans objet. » Pour sa part, le député national, Delly Sessanga, dénonce «une démarche suspecte du pouvoir dans le but de réviser la Constitution », en plus d’un non respect de la procédure relative à un projet. Les auteurs de ce projet de loi, - le député national Lucain Kasongo Mwadiavita et son collègue Simplice Ilunga nommé dernièrement vice-ministre aux Transports et Voies de communication-, estiment pourtant que leur démarche ne vise aucunement ‘la révision constitutionnelle après un référendum. Elle répond seulement à un besoin de combler un vide juridique sur les modalités d’organisation des scrutins référendaires en RDC. Mais difficile d’être convaincant sur ce point au moment où les soupçons sur des prétendus « calculs» de la Majorité présidentielle à vouloir, à tout prix, prolonger le bail du chef de l’Etat au Palais de la Nation au-delà de 2016 font de plus en plus rages. Surtout que deux pays voisins de la RDC (Rwanda et Congo/Brazzaville) dont les présidents se trouvent dans le même cas que Joseph Kabila, ont choisi la voie’ référendaire pour charger de Constitution. Un changement qui permettrait à Paul Kagame et à Denis Sassou Ngouesso de se représenter pour un troisième mandat dans leurs pays respectifs. Décidément, les dirigeants africains en fin mandat semblent trouver la formule magique pour contourner les lois fondamentales de leurs pays qui les empêchent de se représenter pour un troisième mandat. Ils ont visiblement compris que modifier la Constitution reste un forcing légalement difficile, si pas impossible. Alors, il faudrait carrément la changer. Faire naître une nouvelle loi fondamentale taillée sur mesure où, par exemple, il n’y aurait plus de limitation de mandat. Voilà qui pousse à croire que le projet de loi sur le référendum n’a pas surgit dans les tiroirs de la MP par hasard. Par Katz