RDC-Rwanda : les frontières en discussion sans le parlement congolais

Mercredi 3 septembre 2014 - 14:59

La commission devra présenter son rapport le 15 septembre prochain lors d’une séance de validation à Kigali, pendant que les députés et sénateurs effectueront leur rentrée parlementaire.

La République démocratique du Congo et le Rwanda mènent, depuis le 26 août dernier, une opération sur l’identification des frontières communes entre les deux pays. La partie terrestre a été clôturée le 30 août courant, pour laisser la place au côté lacustre.
La commission mixte constituée d’experts congolais et rwandais a identifié 22 bornes à la frontière terrestre des deux pays. Certaines bornes sont physiquement visibles alors que d’autres n’ont été identifiées que grâce à leurs positionnements géographiques.
Cela pose déjà un problème, à en croire certains analystes qui craignent que Kigali qui a toujours fait de la modification des frontières avec la RDC son cheval de bataille, puisse grignoter quelques kilomètres au territoire congolais, comme cela a été le cas il y a de cela quelques mois avec l’Angola.

Silence radio au parlement

Curieusement, les députés et sénateurs qui composent les deux chambres du parlement congolais ne sont associés ni de près, ni de loin dans cette délicate opération.
Plus grave encore, les bureaux des deux chambres ne manifestent, jusqu’à ce jour, aucune inquiétude face à cette situation. Au contraire, les uns et les autres se complaisent encore à alimenter les débats autour de la révision ou non de la constitution, pendant qu’une partie du sol congolais est en train de traverser au Rwanda. L’important pour eux reste d’abord d’assurer leurs arrières après 2016, en modifiant l’article 220.

Des sources indiquent que la commission mixte devra présenter son rapport le 15 septembre prochain lors d’une séance de validation à Kigali, alors que les députés et sénateurs effectueront leur rentrée parlementaire pour la session budgétaire. Cela veut dire qu’ils seront obligés de cautionner toutes les conclusions de Kigali, que ce soit à l’avantage ou au désavantage du pays de Lumumba pour lequel plusieurs autres dignes fils ont perdu de leurs vies pour son intégrité territoriale.
Kimbangu, Lumumba, LD Kabila, Mbuza Mabe, Mamadou Ndala, Lucien Bahuma... en sont des exemples éloquents.
Il faut signaler que les experts” des deux pays se sont basés sur les coordonnées géographiques qui se trouvent sur le protocole d’accord de 1911.
Certaines bornes n’existent même plus. On ignore comment ils vont se départager dans une circonstance pareille. La borne 22 a été trouvée sur le mont Heru à Kibumba.

Craintes sur les frontières lacustres

En réalité, l’opération ne devrait même pas avoir lieu du côté lacustre. Il n’y a pas débat car les frontières sont bien’ connues. Raison pour laquelle la culture de la pirogue est inexistante du côté de Kigali, car, simplement, il n’y a pas d’eau. Contre toute attente, la prochaine étape consistera à planifier une opération similaire pour les frontières lacustres sur le lac-Kivu.

Des hors-bords avec des GPS seront mis à disposition pour retrouver des coordonnées géographiques, informe-t-on.

La reconnaissance des bornes frontières sur le lac Kivu partira du mont Heru en vue d’établir un état de lieu des bornes 6 jusqu’à 22.
L’enjeu de cette opération pour les deux pays, selon Kinshasa, est d’éclaircir plusieurs zones d’ombre qui planent sur la question de leur frontière commune
Il faut rappeler que cette question de délimitation des frontières est à la base de plusieurs incidents entre la RDC et le Rwanda.
A savoir que la République démocratique du Congo et le Rwanda ont levé cette option depuis le mercredi 6 août, à l’issue de la 2e session de leur commission mixte, après trois jours de discussions, à Goma, dans la province du Nord-Kivu.
Cette bipartite fait suite à une réunion préliminaire de 2009, au cours de laquelle 5 bornes seulement sur les 22 initiales avaient été identifiées.
Les équipes techniques vont notamment établir, pour chaque borne, une fiche de repérage; prendre des coordonnées GPRS, des photographies et établir un procès verbal.
La commission mixte entre le Rwanda et la RDC a également demandé que les populations frontalières soient sensibilisées pendant ce travail de délimitation de la frontière.
La frontière commune, aussi bien lacustre que terrestre, entre les deux pays, est longue de plus de 200 km.
Les Congolais doivent ouvrir l’œil et le bon pour ne pas perdre un seul centimètre de son territoire lors de cette opération. Malheureusement, à l’Assemblée nationale et au Sénat, on ne manifeste aucun souci.
LEFILS MATADY