Retombées des émeutes sanglantes, un remaniement en vue

Jeudi 29 janvier 2015 - 16:10

A cause de son caractère non représentatif, absence des principales forces sociales et politiques du pays, on savait déjà que les jours du gouvernement dit de cohésion nationale (Matata II) étaient comptés. Cette fragilité du jeune gouvernement, à peine un mois d’existence, a été accentuée par les émeutes sanglantes qui ont secouées Kinshasa la semaine passée. Le soulèvement a mis à jour des fractures entre les nouveaux partenaires de l’exécutif national, la Majorité Présidentielle (MP) de Minaku et l’Opposition Républicaine (OR) de Kengo. Les ténors de la MP n’ont pas du tout apprécié le rôle qu’a joué le président du Sénat et autorité morale de la plate-forme OR dans cette crise. Pendant qu’une partie des membres de sa plateforme siège au gouvernement, une autre était dans la rue pour exiger le retrait de la loi électorale. Ce double jeu n’est pas du goût de certains cadres de la Majorité présidentielle qui y voient un double jeu des Kengistes. Le rôle joué par Kengo lui-même durant cette crise fait débat. Certains proches du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, furieux, disent que le président de la chambre haute a tout fait pour discréditer la chambre basse et a donné une lecture tendancieuse de l’alinéa 3 de l’article 8 de la loi électorale. Selon toujours les mêmes sources proches du patron de la Majorité présidentielle (MP), Kengo de part son statut de partenaire du gouvernement devrait consulter Minaku et requérir l’avis du chef de l’Etat, pour dégager une position commune de la Majorité au pouvoir par rapport à la crise aigue qui sévissait et menaçait de balayer les institutions. Cette crise a donc mis à jour de graves divergences quant à l’interprétation de la loi électorale entre les deux personnalités. Divergences qui se sont prolongées aussi sur la solution à apporter à la crise.

Kengo reformulant de fond en comble l’alinéa 3, Minaku exposé par cette position du sénat, n’avait d’autres choix que de retirer carrément cet alinéa controversé, explique un de ses proches. Depuis entre les deux personnalités, c’était la guerre froide. C’est la course à la popularité. C’est aussi la guéguerre sémantique entre les deux têtes du Parlement car Minaku a employé souvent les termes « de légitimité directe » et de « légitimité actuelle » pour délégitimé les sénateurs qui avaient vu leur cote de popularité bondir après la reformulation de la loi électorale. Il semble que cette guerre ne va pas s’arrêter dans les médias. Kengo est sous pression de la Majorité qui lui demande de clarifier sa position. Il lui est aussi demandé d’expulser de sa plate-forme (OR) tous les partis ou personnalités qui ont pris part aux manifestations. D’exiger de membres de sa plateforme au gouvernement une solidarité à toute épreuve avec les autres ministres. Sinon, révèle notre source, le chef de l’Etat n’hésitera pas à remanier le jeune gouvernement Matata II. Si scénario se déroule, Michel Bongongo, vice-premier ministre en charge de Budget et secrétaire général du parti de Kengo (UFC), risque de perdre son juteux portefeuille ministériel un mois seulement après l’avoir occupé. Le beau-frère de Kengo, Apenela, qui occupe le poste de vice-ministre à la Coopération, et tant d’autres ministres estampillés OR, sont tous concernés par ce risque politique né depuis les émeutes meurtrières de Kinshasa. En tous cas, Kabila ne badine plus. Pour le peu de temps qui lui reste d’ici l’organisation des élections, c’est le bâton car le temps de la carotte est passé. Ceux qui en doutent n’ont qu’à se référer à la purge au Katanga.

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