Révision constitutionnelle et élections : Kabila a-t-il convaincu ?

Mardi 16 décembre 2014 - 08:49

Au cours de son adresse de plus d’une heure devant le Congrès hier, le mot magique qui était le plus attendu dans toutes les loges politiques ainsi qu’à la Société civile, c’est la révision constitutionnelle. Cela fait des mois que cette question soulève de folles passions de part et d’autre. Pas un mot sur cette révision.

Ce qui veut dire que les élections de 2016 seront organisées sur base de la Constitution du 18 février 2006 à laquelle le chef de l’Etat réaffirme publiquement son attachement. Il met au compte du débat démocratique tous les échanges vifs enregistrés à ce sujet tout en déplorant des dérapages constatés. Il rejette aussi toute immixtion extérieure sauf à se limiter au niveau des conseils et non à des injonctions.
Allusion faite sans les nommer au dernier discours du Président français François Hollande au Sommet de la Francophonie de Dakar et des ukases de la Maison blanche à ce sujet. Le chef de l’Etat a-t-il convaincu sur ce point ? Dans l’Opposition, on continue à être sur sa soif. Là ils ne sont pas du tout satisfaits par le message de Joseph Kabila. Pourquoi ?
Parce qu’ils auraient bien voulu l’entendre proclamer solennellement du haut de la tribune, sans aucune ambigüité qu’il ne procédera à aucune révision de la Constitution et que, par conséquent il n’est pas candidat en 2016. Deuxième point lié au premier et attendu avec la même intensité, ce sont les élections. Là aussi le chef de l’Etat a donné des assurances sur l’organisation de tous les cycles électoraux comme prévu en 2016.
Pour montrer sa bonne foi, il instruit le gouvernement de cohésion nationale afin de doter la CENI des moyens financiers nécessaires pour parvenir à cette fin. Sur le plan législatif, il a demandé au Parlement de voter toutes lois dont la centrale électorale a besoin pour élaborer le calendrier électoral global.
Quant à l’organisme chargé de l’identification nationale (ONIP), il lui a demandé d’organiser le recensement, car par cette opération qu’on aura la maîtrise du corps électoral. Or pour l’Opposition, l’ONIP n’a pas d’autre raison d’être que de permettre au Président sortant d’aller au-delà de 2016 dans l’attente du recensement organisé par l’ONIP.
Ce qui serait, toujours pour l’Opposition, un stratagème pour proroger de fait la mandature de Joseph Kabila sous prétexte d’attendre le recensement. Après le discours, l’Opposition n’est pas du tout convaincue que les élections se tiendraient à la date constitutionnelle.
Elle estime que si le Pouvoir a la volonté d’organiser les élections on ne peut en tout cas pas les conditionner au recensement alors qu’il ya moyen de procéder à l’enrôlement des électeurs. L’Opposition craint donc un glissement de date en 2016. Pourtant, il est acquis qu’après le discours du Congrès n’est pas égal à avant. Et pour cause. Le débat sur la révision de la Constitution est désormais sans objet. Il est enterré depuis hier de tous les ordres du jour.
La tension est retombée à la normale dans le microsome politique. C’est un acquis pour la démocratie. Car jusqu’à la veille de ce message du chef de l’Etat, il y en avait qui continuaient à croire que Kabila allait déclarer la révision de la Constitution. KANDOLO M.