La maîtrise de l’hémorragie sur le marché de change constitue un motif de joie pour la Banque centrale du Congo.
Après la surchauffe constatée sur le marché de change au courant de la dernière semaine du mois de février, la Banque centrale du Congo se félicite d’avoir stoppé l’hémorragie. A l’issue de la deuxième réunion ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) pour 2016, le président du CPM et gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Deogratias Mutombo a indiqué qu’à ce jour, la situation demeure stable.
Pour lui, il existe une « parfaite maîtrise de la liquidité ». Ce qui a conduit le CPM à maintenir inchangé le dispositif de politique monétaire. Un dispositif qui a connu le dernier changement le 23 février 2016, au cours d’une réunion du comité dé politique monétaire extraordinaire.
En coordination avec le ministère des Finances, une autre mesure vient d’être prise dans e cadre de la gestion de la liquidité en devises. Il s’agit du paiement des taxes en devises pour les miniers et les pétroliers. « Nous avons pris une nouvelle mesure en collaboration avec le ministère des Finances, pour revenir momentanément au paiement des taxes en devises par les miniers et les pétroliers. Cela va nous permettre également d’avoir une main mise sur une partie de l’offre de devises qui peuvent être affecté de manière rationnelle, au profit du secteur privé et du secteur public », a annoncé Deogratias Mutombo.
« Lorsque nous nous sommes réunis le 23 février sur le fond de la surchauffe sur le marché de change, nous avons changé le dispositif de la politique monétaire. Le coefficient de la réserve obligatoire est passé de 7% à 9% pour les dépôts en devises à terme et de 8% à 10% pour les dépôts en devises vue. Quant au coefficient de la réserve obligatoire pour les deux dépôts en monnaie nationale, ils ont été maintenus respectivement 0% pour les dépôts à terme et 2% pour les dépôts à vue », a rappelé le président du CPM.
En moins d’un mois, estime-t-ii, le dispositif de politique monétaire ne peut être changé. Il est d’avis qu’il y a encore du temps pour pouvoir apprécier les mesures prises la fois dernière.
Examinant le développement récent de la conjoncture économique sur le plan national et international, le CPM n’a pas relevé de nouveaux risques majeurs, susceptibles de perturber le cadre macroéconomique. Sur le plan international, le risque d’inflation importé demeure toujours faible.
MARCHÉ STABILISÉ
Sur le marché de change, il s’observe une stabilité relative sur les deux segments. A fin février, le taux de change varie entre 938 et 950 francs congolais pour un dollar américain. Les réserves internationales se situant à 1 320 millions Usd, représentant 8,5 semaines d’importation. Et à ce jour, la politique budgétaire reste dominée par un encrage qui se présente de manière à n’exécuter les dépenses que sur base caisse.
Pour Deogratias Mutombo, la BCC dispose d’un comité de politique monétaire qui « reste en veille nuit et jour ».
Le président du CPM ne jure que par la stabilisation du cadre macroéconomique. « Ce que nous poursuivons, c’est la stabilisation du cadre macroéconomique. Avant notre intervention le 24 février, la surchauffe sur le marché monétaire était telle qu’on enregistrait un écart qui dépassait 1,7% entre le cours officiel et le cours parallèle. Nous avons vécu des situations un peu inhabituelles », a indiqué Deogratias Mutombo.
L’institut d’émission a vendu, dès le 24 février, 50 millions de dollars américains aux banques commerciales. Ce qui lui a permis de ponctionner plus de 45 milliards de francs congolais, accroître l’offre de la devise et de répondre aux besoins de gros importateurs, notamment ceux qui importent les produits de première nécessité.
Le CPM a relevé son coefficient de la réserve obligatoire quant aux dépôts monnaie étrangère. Ce qui a permis à la BCC de ponctionner, plus ou moins 40 milliards de francs congolais. Il s’agit là de son deuxième instrument de politique monétaire. La BCC a également ponctionné plus ou moins 10 milliards Usd via le bon BCC. Autre instrument, l’institut d’émission a également apporté certaines réductions sur le refinancement des banques. Ce qui a conduit au retrait d’au moins 30 milliards Usd.
« Dans la coordination avec la politique budgétaire, nous sommes en train de suivre de manière très rapprochée avec le ministère des Finances et du Budget, le plan de trésorerie du gouvernement, pour qu’il soit cohérent avec la programmation monétaire de la BCC. Ce qui a permis de bien maitriser la gestion de la liquidité », s’est félicité Deogratias Mutombo.
De 511 milliards de liquidité en devises étrangères, a-t-il ajouté, nous sommes à 400 milliards. De ce fait, la BCC se trouve dans une situation de parfaite maîtrise de la liquidité. C’est ce qui est important.
Par Olivier KAFORO