Transformé en mouroir, encore des personnes tuées à Beni

Lundi 11 mai 2015 - 14:59

La ville de Beni, dans la province du Nord-Kivu, se transforme en mouroir. Depuis le mois d’octobre dernier, cette ville a connu une situation sans pareille au monde, avec une série de massacres qui a fait plus de 300 morts selon une source officielle.

Des sources officielles ont confirmé la mort de six personnes, qui ont été retrouvées le samedi 9 mai dernier à Matembo, vers l’aéroport de Mavivi, à 12km du centre-ville de Beni. La tuerie s’est déroulée non loin d’une base de l’armée congolaise et de la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO), chargée de la protection des civils et dé lutter contre les dizaines de groupes armés locaux et étrangers qui sévissent, parfois depuis vingt ans, dans l’est congolais.

Selon des témoins, ces assaillants, cagoulés, portaient des armes de guerre et étaient vêtus d’uniformes militaires.

Parmi les victimes, figurent deux femmes. Un rescapé de sept ans, dont 4 membres de sa famille ont été tués, a indiqué à Radio okapi que les auteurs ont retiré ses parents de la maison avant de les achever à coup de machette, bêches et haches, à quelques mètres seulement de leur habitation.

Investigations en cours

Les investigations sont en cours “, a déclaré à l’AFP Julien Paluku, gouverneur de la province du Nord-Kivu. Il a précisé que ce bilan était encore provisoire et que jusque-là on ne sait.pas si les victimes ont été tués par des rebelles musulmans ougandais des Forces Démocratiques Alliées (ADF), accusés d’avoir, dans une série de massacres, tué plus de 300 personnes, surtout au Nord-Kivu.

Avant samedi, le dernier massacre signalé remontait au 24 avril, au cours duquel cinq personnes ont été tuées.
Les récents assassinats ne démontrent pas une impuissance de la Monusco ou des FARDC (armée congolaise) “, a insisté M. Paluku. “Nous avons affaire à des actes terroristes : ils viennent dans un petit village isolé, ils tuent, ils repartent. C’est ça leur mode opératoire “, a-t-il précisé.

Série en série

Le mardi dernier, deux Casques bleus et deux civils ont été tués dans une embuscade tendue par de présumés ADF. Lundi, un hélicoptère de l’ONU a essuyé des tirs d’éléments non identifiés, forçant l’appareil à atterrir d’urgence. Dans leur passage, ces présumés rebelles ADF ont également emporté des chèvres et autres animaux de la basse-cour et ont tout pillé comme un dépôt où sont gardés les matériels de plantation de cacao.
Les responsables militaires et administratifs locaux sont arrivés pour constater les dégâts. Les corps des victimes ont été déposés à la morgue de l’hôpital général de Beni. Deux agents de la Régie des voies aériennes (RVA), trouvés non loin du lieu du crime, ont été interpellés par les services de sécurité.

Inquiétudes de la société civile

La société civile de Beni s’étonne que quatre positions militaires soient situées à deux km du lieu de l’attaque. C’est notamment à l’aéroport de Mavivi et au quartier Ngadi, où les casques bleus mènent aussi des patrouilles diurnes.

Le président de cette structure, Teddy Kataliko, estime qu’il faut s’interroger sur l’efficacité des services de sécurité dans cette contrée du Nord-Kivu. Il s’étonne également que tous les services et autorités administratifs n’aient pris aucune mesure après avoir été alertés, jeudi dernier, de la présence d’un groupe armé dans le quartier Matembo.

“Au niveau de la société civile, on est très consterné, en voyant que les carnages continuent. On est à plus de 300 personnes tuées à la manchette sur une période de cinq mois. C’est trop, c’est interpellant. Nous demandons à ce qu’il y ait une introspection par rapport à ce qui se passe”, a indiqué Teddy Kataliko. Il y a trois semaines, où la même société civile avait fait état de dix-huit morts à Matiba et Kinzika, localités du secteur de Beni-Mbau, en territoire de Beni.

Par GODE KALONJI MUK.

 

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