Vive controverse autour du bilan de Matata

Jeudi 21 avril 2016 - 10:55

Le président de l’Assemblée nationale a tenu sa parole donnée à l’ouverture de la session ordinaire de mars 2016. Aubin Minaku avait, en effet, fait savoir à cette occasion solennelle de la rentrée parlementaire qu’il allait renforcer le contrôle de la gestion publique tant à l’endroit du gouvernement qu’à celui des entreprises, établissements et services, publics.

A ce propos, il avait promis que l’Autorité veillerait désormais à l’utilisation du budget par le gouvernement tel qu’il avait été voté par le Parlement Pour ce faire, il avait annoncé qu’il allait également initier dès la présente session le contrôle sur l’utilisation du budget au premier trimestre de l’année.

 

A la faveur de la question orale avec débat lui adressée à la session de septembre 2015 (le 26 septembre) par le député Mbindule Mitono Crispin, le Premier ministre s’est présentée hier devant la représentation nationale pour faire le point du niveau d’exécution du programme du gouvernement 2012-2016.

L’auteur de la question voulait obtenir des explications du chef de l’Exécutif national sur le degré de réalisation à mi-chemin de six objectifs sociopolitiques et économiques du programme quinquennal d’action 2012-2016, présenté lors de l’investiture. Il s’agit de six points suivants:

 

- Poursuivre et finaliser les réformes institutionnelles en vue de renforcer l’efficacité de l’Etat ;

- Consolider la stabilité du cadre macroéconomique et accélérer la croissance et la création d’emplois;

- Poursuivre la construction et la modernisation des infrastructures de base;

- Améliorer le cadre de vie et tes conditions sociales de la population;

- Renforcer le capital humain et l’éducation à la citoyenneté;

- Renforcer la diplomatie et la coopération au développement.

 

Le premier ministre a indiqué que sa réponse à la question lui posée, était subdivisée en 3 points à savoir le niveau d’exécution du programme d’action à ce jour, les obstacles rencontres dans la réalisation, et les perspectives.

 

Il faut d’abord noter que lorsque le Premier ministre voulait développer le premier point relatif aux réalisations menées dès son entrée en fonctions jusqu’à fin décembre 2015, il y a eu réaction dans la salle. Les députés ont fait savoir à leur président qu’ils n’avaient pas d’annexes auxquelles l’orateur faisait constamment allusion. Réaction d’Aubin Minaku : les services sont en train de s’y atteler.

 

Faisant le bilan des actions à l’actif du gouvernement, Augustin Matata Ponyo s’est livré à l’exercice d’énumération des réalisations menées jusqu’ici.

Dans le domaine de la formation, il a cité la création de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), dont il a vanté le fruit en renseignant que les 3 premiers lauréats ont été engagés à la primature, et que leur prestation est encourageante. Quelque 780 écoles sont déjà construites, sur le 1000 prévues d’ici la fin de l’année.

La création par ordonnance de la caisse nationale de sécurité sociale pour travailleurs ; le dépôt au Parlement du projet de loi relatif à la carrière des agents et fonctionnaires de l’Etat … font aussi partie des réalisations.

 

Parlant des dépenses prioritaires, le premier ministre a rappelé qu’il avait été investi dans un contexte particulier miné notamment par la guerre. Le gouvernement devait faire face à la rébellion du M23 et autres forces négatives qui écumaient l’Est du pays.

 

Concernant les infrastructures, Matata Ponyo a fait une longue énumération des réalisations, à savoir : la construction d’une usine de bitume à SOCIR qui pourra impacter sur l’état de la voirie, la création de la société TRANSCO avec 500 bus neufs, la réhabilitation de quelques bateaux dont la vedette Kokolo, idem pour Congo Airways avec l’achat de 4 nouveaux appareils, le siège du gouvernement, la relance de DAIPN, le parc agro-pastoral de Bukanga Lonzo, la construction des stades municipaux, etc.

 

Les députés épinglent le social

 

Avant d’ouvrir le débat général, avec 101 demandes de parole déjà enregistrées, le président Aubin Minaku a accordé la parole par motion de procédure à son collègue Delly Sesanga. Ce dernier a proposé que des interventions soient canalisées par groupes parlementaires pour raison d’efficacité. Un petit débat a été ouvert à ce sujet. Après avoir recueilli les avis des uns et des autres, le président a trouvé une formule pour permettre à ceux qui voulaient intervenir de s’exprimer.

D’une manière générale, les intervenants ont dénoncé le fait que le chef du gouvernement ait escamoté le social des Congolais.

 

Premier à ouvrir le débat, l’auteur de la question s’est dit étonné de constater que le Premier ministre ait parlé comme s’il s’adressait aux étrangers qui ne connaissent pas le Congo. Alors que les députés visitent le pays profond pendant leurs vacances ! Avant de déclarer que « tout va mal, très mal ». Il a cité l’insécurité permanente, la mauvaise marche des affaires de l’Etat comme preuve de son affirmation. Où en est-on avec le financement de la CENI ? Le cadre macro économique tant vanté n’a pas amélioré le vécu quotidien des Congolais, a encore fait observer Mbindule Crispin.

« M. le Premier ministre, vous avez parlé de tout. Sauf, du panier de la ménagère », s’est exclamé un intervenant avant de lui faire voir que les prix des denrées de base ont augmenté, et que pour cela il fallait aussi augmenter les salaires afin de maintenir le pouvoir d’achat. Quel sort réservez-vous au peuple kasaïen, particulièrement à la société MIBA? Où en est-on avec la construction du barrage de Katende ? Quelle est la situation générale de la desserte en électricité à Kinshasa ? Combien le gouvernement a-t-il déjà remboursé dans le cadre des contrats chinois ? Ce sont là des questions posées par Clément Kanku.

 

Plusieurs autres intervenants se sont succédé à la tribune, certains pour critiquer et d’autres pour appuyer les réalisations du gouvernement, selon le camp auquel on appartient.

 

La dépréciation continue de la monnaie nationale, la situation que connaissent la banque BIAC, l’échec de la campagne contre l’impunité, les prix élevés du carburant alors qu’au niveau mondial on assiste à la baisse au rythme de trois fois moins le prix du baril, l’inadéquation de la programmation budgétaire par rapport aux réalisations menées... font également partie des préoccupations exprimées par les intervenants. Il a aussi été demandé au premier ministre de présenter les réalisations en matière des infrastructures routières de manière détaillée et par ville et province.

Mais plusieurs députés de la Majorité ont loué les performances économiques du gouvernement dans tous les secteurs. Ils ont salué la stabilisation du cadre macro-économique, les faible taux d’inflation, le taux de croissance unique en Afrique Sud-Saharienne, la modernisation des infrastructures de base. Bref, selon eux, le Congo progresse vers l’émergence.

 

Le Premier ministre répondra le jeudi 28 avril prochain. Le deuil du 2ème vice-président Kombo Nkisi décédé la semaine dernière explique ce délai relativement long.

Par Dom

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