Le territoire de Walikale est un vrai concentré des terres rares. Ces métaux sont stratégiques dans l’économie mondiale, vu leur importance dans la technologie de pointe. Cependant, le vide sécuritaire laissé par l’armée régulière dans ce territoire du Nord-Kivu a fait de cette partie du pays une « jungle minière » sous le contrôle des criminels.
Les richesses sont partout en République démocratique du Congo. Mais partout, le défi est le même : comment faire bénéficier les populations locales des richesses que renferme leur terre ?
Depuis l’indépendance du pays en 1960, aucune tribu congolaise, aucun territoire de la RDC n’a su transformer ses potentialités en richesse profitable aux communautés riveraines et à l’Etat Nation.
Le territoire de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, ne déroge pas à cette triste réalité. Cette zone regorge, outre ses terres fertiles à l’agriculture, l’or, le dimant mais surtout des terres rares (tantale, étain, cobalt, coltan, cassitérite, lithium,…). Celles-ci sont des métaux très recherchés par l’industrie mondiale.
Elles rentrent dans la fabrication de toutes les merveilles de la technologie de pointe :
éléphones, ordinateurs, voiture électrique, panneaux solaire, moteurs d’avion, armement, etc.
Seulement, malgré toutes ces matières premières, Walikale, le plus grand territoire du Nord-Kivu, n’a pas encore commencé à jouir de ces potentialités. Ses richesses ne lui appartiennent pas. Le territoire est un parent pauvre. Les infrastructures de base sont largement déficitaires et ses populations ne respirent que la misère.
« La barbarie des groupes armés n’a que trop duré »
Depuis quasiment 20 ans, la paix et la sécurité sont sans cesse recherchées, en vain, dans cette région. Le dernier cri d’alarme est venu des chefs coutumiers des groupements Ihana et Utunda. Ils ont plaidé pour le déploiement des FARDC afin de mettre fin à la « confusion » dans ces villages du territoire de Walikale.
Dans une déclaration faite le mercredi 8 juillet 2015 à Radio Okapi, ils ont indiqué que « les populations civiles de ces deux entités sont victimes d’exactions commises par les chefs Maï-Maï Cheka, Guidon et Raïa Mutomboki».
Selon, Mwami Séraphin Ngulu, chef coutumier du groupement Ihana, cette situation n’a que trop duré et les autorités locales ne savent pas quoi faire devant la « barbarie » des groupes armés locaux. Il a notamment signalé la recrudescence des cas d’assassinats, de tortures et d’arrestations, ces derniers temps dont l’enlèvement d’un notable du village Mera par la milice du Chef rebelle Guidon.
Dans ce territoire, à en croire les chefs coutumiers, les groupes rebelles se battent régulièrement pour le contrôle des terrains miniers. C’est ce que les chefs coutumiers ont observé notamment dans la région de Mera, Mwiki et Nsindo. Ici, les Maï-Maï NDC/Cheka et ceux appartenant à Guidon, se sont affrontés à l’arme, en l’absence totale des FARDC et de la MONUSCO. Les sources militaire et coutumière de Walikale indiquent que ces combats ont fait au moins 14 morts parmi les assaillants.
Les ONG du Nord-Kivu soutiennent que ¾ du territoire est déjà cédé, comme carrés miniers, à des propriétaires qui se recrutent parmi les chefs des groupes rebelles, bras séculiers des multinationales, et certains hauts dignitaires congolais, rwandais et ougandais.
Ainsi, des milliers de Km², renfermant des matières premières pouvant rapporter beaucoup d’argent à l’Etat, sont laissés entre les mains des criminels, sans que la population en tire le moindre bénéfice.
L’ONG congolaise BEDEWA (Bureau d’études, d’observation et de coordination pour le Développement du territoire de Walikale), a récemment tiré la sonnette d’alarme sur l’exploitation illicite et sans limite des ressources minières de la région.
D’après Prince Kihangi Kyamwami, secrétaire général de l’ONG, « les corrupteurs, les corrompus et les fraudeurs tirent d’énormes bénéfices, sans aucune contrepartie pour les communautés locales affectées », rapporte Radio Okapi.