
En marge de la réunion du Conseil européen qui se tiendra le mois prochain, 122 organisations de défense des droits humains dont la Voix des Sans Voix (VSV) et Les Amis de Nelson Mandela pour les droits de l'homme (ANMDH), sont montées au créneau pour exiger le maintien des sanctions imposées par l'Union Européenne (UE) à 11 personnalités congolaises.
Dans une déclaration lue devant la presse ce mercredi 14 octobre 2020 à Kinshasa, le directeur exécutif de la VSV a indiqué que le contexte n'est pas opportun pour la levée de ces mesures restrictives individuelles qui sera synonyme d'accorder une prime à l'impunité et de sacrifier les victimes.
"Nous invitons les gouvernements de l'Union Européenne à maintenir les sanctions ciblées contre toutes ces 11 personnalités tant qu'il n'y aurait pas des progrès significatifs dans le processus de rétablissement de la justice à l'égard de toutes les victimes de la violente répression politique de ces dernières années et plus loin encore des crimes documentés dans le rapport Mapping des Nations-Unies", a affirmé Rostin Manketa.
Ces organisations s'alarment du fait qu'à ce jour, aucune action judiciaire n'est initiée en interne pour que ces individus sanctionnés subissent la rigueur de la loi. Par contre, regrettent-elles, certains d'entre eux continuent à occuper des postes de responsabilité, alors que d'autres ont été nommés et même promus à de nouvelles fonctions dans l'armée et dans l'administration au courant de l'année en cours.
"C'est le cas notamment du général John Numbi qui a été relevé de ses fonctions mais demeure libre alors qu'il est impliqué dans plusieurs violations graves de droits de l'homme ainsi que le général Gabriel Amisi qui a été quant à lui promu. Cette situation fait naître un doute dans le cœur des victimes de voir un jour leurs bourreaux répondre de leurs actes et fait dissiper un espoir d'une justice en leur faveur", a fait savoir le directeur exécutif de la VSV.
Pour lui, les sanctions ciblées restent un moyen dissuasif pour réduire leur capacité de nuisance parce que ces hauts responsables sanctionnés par l'UE demeurent influents sur la scène politique au sein du Front Commun pour le Congo (FCC).
Il dénonce, à cet effet, les propositions de lois "des deux députés influents de cette même famille politique sur la réforme de la loi du secteur de la justice qui s'inscrivent dans une démarche de mettre ces personnalités à l'abri des poursuites judiciaires".
De ce fait, ces organisations de défense des droits humains réclament, à l'instar du docteur Mukwege, la mise sur pied d'un Tribunal pénal international pour juger les crimes commis en RDC.
En décembre 2019, le Conseil Européen avait maintenu ses sanctions qui ciblent des personnalités congolaises notamment Ramazani Shadary, ancien candidat du FCC à la dernière élection présidentielle, Gabriel Amisi, actuel inspecteur général des forces armées, Célestin Kanyama, ancien chef de la police ville de Kinshasa, John Numbi, ancien inspecteur général de la police nationale et Kalev Mutond, ancien patron de l'Agence Nationale des Renseignements (ANR).
Reprochés à l'époque de faire "obstruction au processus électoral et démocratique", Roger Kibelisa, ancien conseiller pour la sécurité auprès de la présidence congolaise sous Kabila, et Lambert Mende, ancien ministre de la Communication, ont été écartés de cette liste des sanctions qui se caractérisent notamment par le gel des avoirs et la privatisation des visas pour l'espace Schengen.
Merveil Molo