
Alors qu’il est intarissable sur tous les sujets, grâce notamment à sa riche expérience politique, sa parole publique est rare. Lui, c’est le sénateur Édouard Mokolo Wa Mpombo, un monstre sacré de la scène politique congolaise. Les arcanes du pouvoir n’ont aucun secret pour lui.
Voilà près d’un demi-siècle qu’il les arpente, voguant d’une institution politique à une autre. Il a été plusieurs fois ministres, notamment des affaires étrangères sous Mobutu, de nombreuses fois ambassadeur et pendant plus de 10 ans, 1er vice-président du sénat (2007-2019). Il a aussi également dirigé les services de renseignement.
Dans une interview accordée à 7SUR7.CD le 14 juin 2021, Edouard Mokolo wa Mpombo, Président du groupe politique Les RÉPUBLICAINS, est sorti de sa réserve. Il donne les raisons qui l’ont conduit à rejoindre la coalition gouvernementale du président Tshisekedi, au détriment de l’ex-président Kabila.
(Ci-dessous, l’intégralité de l’interview)
1. Quel est votre positionnement politique actuel ?
E. Mokolo : J’ai toujours été Sénateur indépendant depuis que je suis au Sénat. Je suis Président du groupe politique ‘’Les RÉPUBLICAINS’’, qui regroupe 6 sénateurs indépendants dans notre chambre.
J’ai toujours été sensible à tout ce qui peut unir les acteurs politiques congolais autour du développement de notre Pays. Je ne peux que soutenir l’idée d’une Union Sacrée qui n’est ni un parti politique ni un regroupement politique et dont l’objectif est une vision commune de notre destinée.
2. Que pensez-vous de la présidence de Félix Tshisekedi ?
E. Mokolo : C’est trop tôt pour porter un jugement objectif. Il faut me poser la question l’année prochaine. Surtout que la pandémie du Covid-19 brouille toutes les cartes. Mais je scrute attentivement les efforts du Président de la République et je dois avouer que je suis agréablement surpris par la manière dont il a endossé le “costume “ présidentiel “, tant à l’intérieur que sur le plan international, surtout dans son rôle de Président de l’Union africaine.
3. La chute du FCC était-elle prévisible ?
E. Mokolo : Faut-il parler de chute du FCC ou de la fin de coalition FCC-CACH ? C’était plutôt une alliance de gouvernement qui n’a pas bien fonctionné et dont l’un des partenaires a préféré y mettre fin. Il s’agit de divorce politique. Il faut reconnaître qu’il y avait également une crise interne au sein du FCC dont beaucoup de membres réclamaient publiquement une profonde restructuration.
4. Insécurité dans l’Est, est-on dans la bonne voie avec l’instauration de l’état de siège ?
E. Mokolo : Le problème de l’Est dure depuis trop longtemps. L’instauration de l’État de siège est un début de réponse à cette situation qui paralyse le développement du pays. Mais ce qui importe c’est d’impliquer les populations des régions concernées dans les opérations de recherche de la paix. Il faut éviter que la situation ne s’enlise et que le désespoir ne perdure, il faut que les tueries cessent ! La présence du Chef de l’État est un signal fort, un geste politique, afin de rassurer toute une population meurtrie.
5. Avec votre longue expérience politique, êtes-vous confiant ou désespéré sur l’avenir de la RDC ?
E. Mokolo : En tant qu’acteur politique engagé, je n’ai pas le droit d’être désespéré ni pessimiste. Au contraire, je dois faire en sorte que notre pays réalise des performances nécessaires à sa mutation et à son développement. Pour que notre pays réussisse, il faudrait que nous trouvions des parades aux maux qui nous rongent. Il s’agit notamment de : leadership souvent mal assuré, mauvaise vision, mauvaise gouvernance (corruption érigée en système), tribalisme et régionalisme, désespoir de la jeunesse.
Interview réalisée par Gloria Mbuya Mutala