Proxénétisme à Kinshasa : L'APLTP appelle le gouvernement à transmettre d'urgence au Parlement le projet de loi contre la traite des personnes

Jeudi 18 novembre 2021 - 07:46
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Après la découverte d'un réseau chinois de proxénétisme dans la commune de la Gombe à Kinshasa, l'Agence de Prévention et de Lutte contre la Traite des Personnes (APLTP) appelle le gouvernement à transmettre d'urgence au Parlement le projet de loi contre la traite des personnes. Ledit projet de loi a été adopté au conseil des ministres du vendredi 12 novembre dernier.

D'après Cécile Rebecca Meta, coordonnatrice de l'APLTP, ce projet de loi prévoit des mécanismes spécifiques qui permettront le dédommagement des victimes qui sont toutes de nationalité chinoise, après la condamnation des bourreaux et le démantèlement de leur réseau.

"Nous profitons de l'occasion pour lancer un appel pathétique à son excellence le premier ministre et au ministre des droits humains de faire le nécessaire pour que le projet de loi contre la traite des personnes soit transmis au parlement en vue d'être examiné, et si possible comme les victimes sont légions, si on peut examiner ce texte en procédure d'urgence. Ça va permettre à la justice et aux services qui prennent en charge les victimes de la traite de mieux agir. La justice et les services de renseignement vont pouvoir bien démanteler ce réseau et les bourreaux seront sanctionnés par des peines lourdes prévues dans ce texte et leurs biens seront saisis pour dédommager les victimes", a-t-elle déclaré à la presse le mercredi 17 novembre 2021.

Mode opératoire de ce réseau de proxénétisme

Selon la coordonnatrice de l'APLTP, la personne qui recrute ces filles est basée en Chine. Elles sont envoyées en RDC avec des visas obtenus sur base de faux documents. Une fois arrivées sur place, elles sont prises en charge par un autre membre du réseau qui les exploite sexuellement.

"Ces filles chinoises sont recrutées dans leur pays par un trafiquant chinois qui a des ramifications ici chez nous, constituées de ses frères et de certains compatriotes. Ils travaillent donc en réseau. Ils obtiennent des visas soit d'établissement, soit de courtoisie sur base de faux documents. Elles sont ensuite exploitées sexuellement et les personnes qui perçoivent l'argent, l'une est en Chine et l'autre est ici. Quant aux filles, elles sont logées, habillées, nourries, bénéficient des soins de beauté pour demeurer belles afin de toujours attirer les hommes. Elles sont soignées en cas de maladie et reçoivent l'argent de poche. Elles n'ont même pas droit de se promener seules et on garde pour elles leurs titres de séjour. C'est véritablement un cas type d'exploitation sexuelle pour autrui", a expliqué la coordonnatrice de cette agence rattachée à la Présidence de la République.

Cécile Rebecca Meta a précisé que certaines de ces filles sont exploitées soit dans les casinos appartenant aux sujets asiatiques, particulièrement des chinois, soit dans les maisons de prostitution. D'autres sont parfois ramenées aux domiciles des "clients" où elles peuvent passer plusieurs jours avec l'autorisation de leur "maître". Le modus operandi de ce réseau a été découvert il y a 3 mois par des membres de la commission technique de l'APLTP, a déclaré la coordonnatrice.

Il sied de signaler que c'est depuis août 2020 que l'avant-projet de ce texte de loi avait été adopté à l'issue d'un atelier organisé à Kinshasa par l'APLTP et ses partenaires. Ce texte avait ensuite été transmis au gouvernement par le cabinet du chef de l'Etat.

Bienfait Luganywa