Beni : Plus de peur que de mal après une Noël ensanglantée

Mardi 4 janvier 2022 - 10:51
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Photo 7SUR7.CD

Les séquelles de l'attentat à la bombe du samedi 25 décembre dernier au restaurant Inbox en ville de Beni (Nord-Kivu) sont encore lisibles sur le visage de nombreux habitants du Grand Nord-Kivu.

Plus d'une semaine après le drame, les réseaux sociaux ainsi que d'autres médias continuent même de s'emparer du sujet. 

Face à la difficulté d'identifier l'ennemi, la plupart sont restés réservés et prudents ; des familles continuent à pleurer les leurs tombés sous l'explosion d'un kamikaze allié aux rebelles ADF, si l'on s'en tient à la version officielle.

D'une curiosité mêlée d'incertitude et de peur, des habitants auront attendu jusqu'à la fin de la journée du 1er janvier 2022 pour se rassurer que quelque chose d'inattendu ne viendrait gâcher de nouveau la fête.

Un nouvel an sans choc

Après l'attentat suicide du 25 décembre, la crainte du lendemain demeurait encore vive. L'idée qui taraudait les esprits était de voir l'imprévisible "tueur de Beni" profiter de nouveau de la fête de nouvel an pour faire parler de lui. Et, les déclarations des autorités gouvernementales, en plus de folles rumeurs qui envahissaient la toile ne faisaient qu'exacerber la situation.

« Les terroristes ADF aux abois sur le plan opérationnel ont actionné leurs cellules dormantes dans la ville de Beni et les agglomérations environnantes en vue de déclencher les actions contre la paisible population. Nous invitons la population à la vigilance tous azimuts et à éviter les milieux de forte affluence pendant cette période des fêtes », prévenait déjà le gouvernement provincial du Nord-Kivu dans son communiqué du 25 décembre 2021.

Mais, c'est sous une accalmie bien que pleine d'incertitude que 2022 a commencé dans la ville, cédant place à plus de peur que de mal même si les plaies causées par l'attaque au restau Inbox étaient encore fraîches.

Peut-être, se dit-on, c'est grâce à l'alerte maximale et aux préventions qui ont entouré cette fête de nouvel an que l'ennemi s'est désengagé à verser encore du sang des Congolais dans la ville. D'ailleurs, peu avant, dans son communiqué officiel du vendredi 31 décembre 2021, de la triste expérience du 25 décembre 2021 au cours de laquelle 2 bourgmestres adjoints sont sortis blessés de l'explosion, le maire de Beni avait déjà pris des précautions : interdire tout attroupement jusqu'à nouvel ordre afin de parer à toute surprise désagréable.

Ne pas baisser la garde

En dépit de conditions acceptables en ces premiers jours de l'an 2022 en ville de Beni, la bataille n'est pas encore gagnée. Rusé, l'ennemi qui a déjà opté pour une guerre asymétrique tentera tout pour saper les efforts mis en oeuvre. C'est ce que pensent les forces vives locales qui préviennent la population au sujet du danger qui pèse encore sur la ville.

Pour le Forum de paix de Beni, par exemple, qui regrette que des autorités de l'état de siège aient été parmi les victimes de la dernière explosion, on doit renoncer aux jouissances aveugles dans cette zone opérationnelle où l'ADF agit régulièrement par surprise.

« Ceux qui peuvent trouver solution à la situation se livrent aussi à la distraction. Nous déplorons cela. Les âmes qui ont été victimes, qui va les payer? On va rester de penser que c'est l'ADF et laisser passer inaperçue la situation comme ça. Les autorités devraient chaque fois prévenir cela », a suggéré maître Justin Matete au cours d'un entretien avec 7SUR7.CD le lundi 3 janvier.

Pendant ce temps, les opérations militaires mixtes FARDC-UPDF se poursuivent dans la profondeur. Après la récente reconquête des bastions ADF Kambi ya Jua 1 et 2, les commandants de 2 forces ont réitéré leur engagement à imposer la paix dans la région de Beni.

Isaac Kisatiro