RDC : Après avoir boudé plus d’une fois les décisions du gouvernement, une société chinoise qui exploite illégalement l’or à Basoko de nouveau suspendue

Mardi 28 mars 2023 - 17:03
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Pour la énième fois, la ministre des mines, Antoinette N’Samba, vient d’ordonner l’arrêt des activités de la société chinoise Xiang Jiang Mining à Basoko. Dans ce territoire de la province de la Tshopo, cette société exploite l’or sur la rivière Aruwimi depuis plusieurs années, sans aucun document légal.

Dans une correspondance du 25 mars, adressée au responsable de cette société qui n’a pas de siège administratif connu ni à Kinshasa, ni à Kisangani et encore moins à Basoko, Antoinette N’Samba fustige l’attitude récidiviste de Xiang Jiang Mining qui n’a cessé de se foutre de ses décisions.

« Sans préjudice d'autres droits à faire valoir au profit de l'Etat, je suspends toutes vos activités et demande au chef de division provinciale des mines de la Tshopo, qui me lit en copie, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que tous ces minerais soient confisqués dans le respect des dispositions légales et règlementaires en la matière », a-t-elle d’écrire au responsable de cette société.

La ministre des mines n’est pas à sa première tentative et n’est pas la seule à avoir tenté de stopper les activités illégales de Xiang Jiang Mining sur cet affluent du fleuve Congo. Sa collègue de l’environnement, Eve Bazaiba, alors qu’elle était encore vice-premier ministre, s’était déplacée jusqu’à Basoko en janvier 2022 pour tenter d’obtenir des chinois l’arrêt de leurs activités.

« Lorsque j’étais là-bas, j’ai demandé à cette société d’arrêter ses activités et d’évacuer ses dragues robotisées à Kisangani. Malheureusement, j’ai appris qu’elle a repris les activités après notre départ. D’ici là, je compte envoyer des bateaux pour tirer ces dragues jusqu’à Kisangani », avait dit Bazaiba en mars 2022 lors d’une conférence de presse en prélude de la PréCOP27.

Pour un connaisseur de ce dossier qui a requis l’anonymat, la nouvelle suspension de la ministre des mines est une distraction de plus. La population de Basoko va continuer de souffrir.

« Ce que nous avons vu à Basoko est inimaginable. C’est carrément un Etat dans un Etat. Imaginez-vous qu’à côté des militaires congolais qui les sécurisent, les chinois ont leur propre milice constituée de leurs frères. Nous avons vu des chinois en tenue civile mais avec armes en mains on dirait des mercenaires. Ils avaient même tiré en l’air des tirs de sommation pour nous dissuader de ne pas nous approcher de leur site », a dit à 7SUR7.CD un expert des questions environnementales qui était à Basoko en janvier dernier.

D’après cet expert, si les chinois se comportent en conquérants à Basoko, c’est parce qu’ils ont réussi à corrompre plusieurs autorités politico-administratives à Kisangani, chef-lieu de la province, ains qu’à Kinshasa.

Ce situation constitue le quotidien de la population de Bangelema-Mongandjo, secteur dans lequel Xiang Jiang Mining est basé. Les chinois et leurs supplétifs au sein de l’administration provinciale et nationale sont les coupables, selon les habitants de Liambe, l’un des villages de ce secteur que cette société n’a cessé de menacer de délocalisation pour y exploiter l’or.

Selon certains experts du secteur environnemental, sans l’implication de la justice, il est pratiquement impossible, à ce jour, de connaître le véritable soutien de Xiang Jiang Mining car les décideurs se rejettent les responsabilités.

« La société chinoise Xiang Jiang Mining Sprl, à la base de cette pollution, est déchue de ses droits de recherche et ses droits miniers retirés par le ministère des mines. Il appartient désormais au gouverneur de la povince
de la Tshopo de prendre ses responsabilités pour faire respecter cette décision en enjoignant à cette entreprise d'évacuer sans délais tous ses dragues robotisées vers Kisangani. Les contrevenants et les complices vont subir la rigueur de la loi
 », a twitté la ministre de l’environnement tard dans la nuit du lundi 27 mars après la publication par 7SUR7.CD d’un reportage sur le dossier.

Même si la ministre des mines parvenait, cette fois-ci, à faire respecter sa décision, plusieurs questions risqueraient de demeurer éternellement sans réponse : où localiser les 6 associés statutaires de Xiang Jiang Mining? Qui va restaurer les sites endommagés après la suspension des activités ? Qui perçoit la redevance minière vu que la population n’en avait jamais vu l’indice sur terrain ?

Bienfait Luganywa