L'état de siège, instauré depuis trois ans dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, pourrait connaître une évolution significative suite à la récente mission conjointe du gouvernement et des parlementaires dans ces régions. Cette visite, orchestrée en novembre sous l'égide de la première ministre, Judith Suminwa, visait à évaluer le dispositif transitoire en cours et à recueillir les préoccupations des différentes couches sociales.
À l'issue de cette réunion, ce vendredi 6 décembre 2024, entre les membres de la mission locale conjointe gouvernement-parlementaires sur l'état de siège, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a précisé que la décision finale concernant la levée ou le maintien de l'état de siège appartient au président de la République.
« Il était question pour nous de refaire un briefing, comme initialement prévu par la première ministre, de sorte que nous puissions avoir le même entendement sur les recommandations et les propositions à faire au président de la République. C'est lui qui décidera, en dernier ressort, sur la manière de requalifier l'état de siège afin que les préoccupations exprimées par nos populations soient prises en compte. Le document que nous allons présenter au président de la République contiendra non seulement l'avis du gouvernement, mais aussi celui du Sénat et de l'Assemblée nationale. Cette unité de voix donnera la latitude au chef de l'État de décider de la suite à réserver à l'état de siège », a-t-il déclaré.
Il a également souligné l'importance du retour de la paix dans l'Est du pays.
« La première ministre a écouté toutes les couches. Nous savons que l'impératif est le retour de la paix. C'est sur cela que nous travaillons », a-t-il ajouté.
Le sénateur Aristide Bulakali, vice-président de la Commission défense, sécurité et frontières du Sénat, a indiqué que la mission a permis de dresser un tableau global de la situation sécuritaire et politique dans ces deux provinces, en proie à l'insécurité causée par les groupes armés.
« Nous avons recueilli de nombreux éléments qui nous ont permis de connaître les réalités vécues pendant cette période de l'état de siège. Nous savons comment orienter la gestion de ces deux provinces sur les plans sécuritaire et politique. Quant à la levée ou au maintien de l'état de siège, nous avons rassemblé les éléments qui seront mis à la disposition du président de la République. C'est à lui de voir quelle orientation donner », a-t-il affirmé.
De son côté, le député Rubins Mikindo, président de la Commission défense, sécurité et frontières de l'Assemblée nationale, a insisté sur l'urgence de trouver une solution rapide à la situation.
« Il était question d'harmoniser nos points de vue. Tout reste entre les mains du chef de l'État qui aura à se prononcer sur cette question. Nous voulons que la paix revienne. La solution doit être trouvée le plus rapidement possible », a-t-il souligné.
En octobre 2023, le chef de l'État avait opté pour la mise en œuvre d’un dispositif transitoire graduel, au terme duquel cette situation exceptionnelle devra connaître sa fin. Ce dispositif transitoire a consisté au rétablissement de l’autorité civile dans les entités territoriales décentralisées et déconcentrées qui sont déjà sécurisées et sous le contrôle des Forces armées de la RDC. Ceci a impliqué la levée des restrictions constitutionnelles des citoyens, notamment la libre circulation des personnes et de leurs biens, en mettant fin au couvre-feu, ainsi que la liberté de manifestation pacifique et de réunion.
Merveil Molo