RDC : le réseau Mwangaza déplore la chute du taux d'accès à l'électricité, passé de 9% à 7,4%

Jeudi 19 décembre 2024 - 18:07
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Le réseau Mwangaza, un collectif d'organisations de la société civile œuvrant dans le secteur de l'énergie, exprime son indignation face à la chute du taux d'accès à l'électricité en République Démocratique du Congo. En effet, ce taux est tombé de 9% à 7,4% depuis 2019, alors que le président Félix Tshisekedi s'était engagé, lors d'un forum sur l'énergie électrique à Matadi en 2019, à porter ce taux à 30% avant la fin de son premier mandat.

Cette déclaration a été faite le jeudi 19 décembre à Kinshasa, lors de la clôture d’une retraite stratégique au cours de laquelle le réseau Mwangaza a dressé un état des lieux du secteur électrique national. L'organisation a également réagi au dernier discours du chef de l'État devant le Congrès, particulièrement au  sujet de l'électrification. Félix Tshisekedi a affirmé que « notre croissance économique durable exige un accès fiable, abordable et pérenne à cette ressource. Elle demeure le moteur de la transformation des matières premières, le socle de l'innovation technologique et un facteur clé de la compétitivité de nos entreprises ».

Pour Mwangaza, la baisse du taux d'accès à l'électricité est due à l'absence d'actions concrètes de la part des décideurs, malgré leurs nombreuses promesses. Alors que la population augmente, les investissements nécessaires pour répondre à cette demande ne suivent pas.

« En 2019, le taux d'accès à l'électricité était de 9%. Aujourd'hui, nous avons chuté à 7,4%. La raison est qu'il n'y a pas eu d'investissements pour produire de l'énergie alors que la population continue d'accroître. La conséquence est directe : quand on ne produit pas alors qu'il y a une augmentation démographique, il est normal qu'il y ait déficit », a déclaré Emmanuel Musuyu, coordonnateur du réseau.

Mwangaza souligne également que le désintérêt des investisseurs pour le secteur électrique congolais est en grande partie attribué à une fiscalité écrasante et à une mauvaise gouvernance. Une étude menée par l'une des organisations du réseau a recensé 80 taxes, impôts et redevances dans ce secteur.

« Le réseau Mwangaza a publié plusieurs rapports qui démontrent qu'il existe de nombreux obstacles dans le secteur. Par exemple, la question de la fiscalité décourage les investisseurs. Les effets de cette mauvaise gouvernance impactent directement le taux d'accès », a ajouté Emmanuel Musuyu.

Un autre point soulevé par Mwangaza concerne l'absence de politique énergétique et de planification intégrée dans le pays.

« Nous exigeons qu'il y ait une planification intégrée dans toutes les initiatives entreprises, car l'accès à l'énergie seul ne suffit pas. L'énergie doit contribuer au bien-être collectif et individuel. Pour cela, l'État doit se doter d'une politique énergétique et d'une planification adéquate concernant l'électrification du pays à tous les niveaux. En résumé, l'État doit élaborer une vision claire englobant l'énergie en général et les énergies renouvelables en particulier », a déclaré Donat Kambola, coordonnateur adjoint de Mwangaza.

Parmi les recommandations formulées, le réseau Mwangaza appelle le gouvernement à établir une politique nationale énergétique, à définir une vision claire et à concevoir un plan d'électrification capable de guider le développement du secteur énergétique dans son ensemble, y compris les énergies renouvelables.

Pour favoriser l'accès universel des populations à l'énergie électrique grâce à une planification énergétique intégrée, Mwangaza s'engage notamment à continuer à défendre les droits des communautés locales afin qu'elles obtiennent un quota dans tous les projets énergétiques et à réclamer une indemnisation juste et équitable pour les communautés touchées par des infrastructures énergétiques.

Bienfait Luganywa