Comment mettre fin à la contrebande pétrolière aux postes frontaliers sud de la RDC, qui entraîne des pertes estimées à plusieurs centaines de millions de dollars par an pour l’État ? Alors que les volumes officiels de carburant importé s’élèvent à 120 000 m³ par mois, les estimations réelles dépasseraient 300 000 m³. Cette fraude prive l’État de recettes fiscales cruciales, maintient des prix élevés à la pompe et pénalise l’économie nationale ainsi que les citoyens.
La technologie au service de la bonne gouvernance
Pour lutter efficacement contre ce fléau, le ministre des Hydrocarbures, Molendo Sakombi, a dévoilé et fait adopter une réforme audacieuse lors du Conseil des ministres du vendredi 18 avril 2025. Cette stratégie vise à sécuriser la chaîne d’approvisionnement et à renforcer la transparence pour réduire les pertes économiques liées à la fraude. Elle repose sur trois axes principaux :
1. L’interfaçage via le système de monitoring SIGOIL: une application permettant de détecter les fraudes, de gérer la chaîne d’approvisionnement, d’émettre des rapports statistiques, d’optimiser la délivrance des autorisations et de centraliser les indicateurs de performance.
2. Le scellage électronique: un dispositif technologique de pointe équipé de circuits GSM et GPS, qui assure un suivi en temps réel des camions-citernes depuis les terminaux d’embarquement (Tanzanie, Mozambique, Afrique du Sud, Kenya) jusqu’aux points de déchargement en RDC.
3. Le déploiement de la technologie RFID: un système renforçant la traçabilité et la détection des fraudes.
Un test pilote, mené avec succès du 17 au 31 mars 2025 en collaboration avec la DGDA (Douane) et l’OCC (Office congolais de contrôle), a démontré l’efficacité de ce système. Lors de la réunion de restitution du 1er avril 2025, les parties prenantes ont unanimement salué le projet, soulignant notamment :
- L’accès anticipé de l’OCC aux données, optimisant ses contrôles,
- La supériorité des scellés électroniques par rapport aux scellés actuels de la DGDA, limités aux postes frontaliers et dépourvus d’informations sur le chargement,
- Une transparence accrue grâce aux recoupements automatiques des volumes à chaque étape.
Des gains économiques prometteurs
En portant les volumes transportés de 120 000 m³ à 300 000 m³ par mois, la réforme pourrait réduire les coûts fixes de 236 $/m³ (soit 614 FC/L pour le gasoil) et abaisser le prix moyen du carburant (PMF) de 60 à 80 points. Cette baisse des prix à la pompe bénéficierait directement aux consommateurs et dynamiserait l’économie nationale.
Fruit d’une collaboration étroite avec les ministères des Finances et du Commerce extérieur, cette réforme ambitieuse, portée par Molendo Sakombi, marque une étape décisive dans la lutte contre la fraude pétrolière en RDC.
GMM