
Washington, 27 juin 2025. Dans une salle solennelle du Département d’État américain, la signature d’un accord entre la République démocratique du Congo et le Rwanda suscite une onde d’espoir rarement vue depuis le début des guerres à répétition dans la région des Grands Lacs. Pour la première fois en trois décennies, deux ennemis historiques — accusés mutuellement d'agressions, d’appui à des groupes armés, de pillage des ressources et de manipulation ethnique — s’engagent officiellement, sous la médiation des États-Unis et du Qatar, à ouvrir une nouvelle ère de coexistence, de sécurité et de coopération économique.
Le pari de la paix : sécuriser l'Est de la RDC
Le principal dividende pour Kinshasa est clair : la fin programmée des hostilités à l’Est du pays, théâtre d’un conflit meurtrier et multiforme depuis les années 1990. L’accord prévoit le retrait progressif des troupes rwandaises du territoire congolais, le désarmement du M23, ainsi qu’un mécanisme conjoint de vérification et de surveillance frontalière. Ce mécanisme est censé mettre fin aux accusations mutuelles — notamment le soutien du Rwanda au M23 et celui présumé de Kinshasa aux FDLR. Si cet engagement se traduit sur le terrain, des millions de Congolais vivant à Goma, Rutshuru, Beni, Ituri ou Bukavu pourraient enfin espérer vivre sans menace permanente de guerre.
Vers une décrispation régionale et diplomatique
Ce traité marque aussi un retour de la RDC comme acteur diplomatique central dans la région. Kinshasa sort renforcée, non pas militairement, mais politiquement. En acceptant de s’asseoir à la même table que Kigali sous l’égide des États-Unis, la RDC montre une maturité diplomatique nouvelle, tout en bénéficiant d’un appui direct de Washington dans la mise en œuvre et le suivi de l’accord. Une mission conjointe de surveillance (américano-qataro-africaine) est prévue pour garantir la crédibilité du processus. Cela change fondamentalement la donne, car la crise de l’Est n’est plus seulement « un problème africain », mais devient une question de stabilité internationale.
Un levier pour la reconstruction économique
Sur le plan économique, l’accord ouvre la voie à la réactivation du commerce frontalier, à la levée des blocages douaniers entre Goma et Gisenyi, Bukavu et Cyangugu. Des projets communs dans les domaines de l’énergie (micro-barrages transfrontaliers), du commerce régional et de l’exploitation encadrée des ressources minières stratégiques (coltan, or, cobalt) sont en cours de discussion. De plus, plusieurs investisseurs américains, notamment dans le secteur minier et logistique, ont exprimé leur intention d’investir à l’Est de la RDC si la stabilité s’installe durablement.
Un souffle nouveau pour la société civile et la justice
L’accord reconnaît également le besoin d’inclure la voix des victimes et prévoit l’ouverture de discussions sur un mécanisme de justice transitionnelle, qui pourrait s’appuyer sur des recommandations du Rapport Mapping de l’ONU. Sans encore constituer une justice réparatrice formelle, cette clause inédite dans les accords précédents redonne espoir à de nombreuses communautés meurtries, qui réclament depuis des années vérité, réparation et dignité.
Un équilibre encore fragile, mais porteur d’espérance
Certes, le scepticisme reste de mise. Les accords de paix passés n’ont pas empêché les résurgences de violence. Le M23, principal acteur militaire sur le terrain, n’a pas encore officiellement signé sa reddition ou son intégration dans le processus. De même, les garanties concrètes sur l’arrêt du pillage des ressources doivent encore être précisées.
Mais ce 27 juin 2025, une image forte s’est imposée au monde : celle de deux pays liés par l’histoire, le sang et la géographie, décidant — enfin — de rompre le cycle de la guerre. Pour le Congo, ce n’est peut-être pas encore la paix complète, mais c’est un cap symbolique : celui d’un pays qui reprend, par la diplomatie, la maîtrise de sa souveraineté territoriale, de son avenir économique et de sa place dans le concert des nations.
Transformer un petit gain en un tournant national : L’appel du Congo au renouveau
Le 27 juin 2025, à Washington, un accord de paix a été signé entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Un texte, certes imparfait. Un engagement, certes fragile. Mais aussi, pour la première fois en plus de trois décennies, une ouverture vers une paix possible. C’est une brèche dans le mur de l’échec, un moment suspendu que l’histoire offre aux Congolais. Un petit pas sur la scène diplomatique peut, s’il est saisi avec courage et lucidité, devenir un immense pas vers la refondation du Congo...
Réformer l’armée pour protéger les Congolais, pas pour réprimer
Si cet accord prévoit le retrait des troupes étrangères, il ne garantit pas pour autant la sécurité des populations. C’est pourquoi il est impératif que le Congo profite de ce moment pour reconstruire son armée sur des bases républicaines, professionnelles et patriotiques. La réforme des FARDC ne peut plus attendre. Il faut en finir avec les structures infiltrées, les officiers fantômes, les logiques de milices internes et les allégeances doubles. L’armée doit devenir une force de défense de la nation.
Valoriser les ressources naturelles pour la reconstruction du pays
Le monde regarde le Congo pour ce qu’il possède sous ses pieds. Cobalt, coltan, cuivre, lithium, or : ces minerais sont devenus essentiels dans l’économie mondiale. L’accord de paix, s’il apporte un minimum de stabilité dans l’Est, ouvre une brèche pour assainir et encadrer l’exploitation minière. Il ne suffit pas d’extraire — il faut transformer, industrialiser, exporter dans l’intérêt du pays. Le Congo ne doit plus être le ventre que d’autres viennent piller, mais le cœur d’un projet de prospérité nationale
Refonder la société sur le droit, la justice et l’unité
Un pays en paix ne se reconstruit pas seulement avec des armes ou des minerais, mais avec des valeurs. Justice pour les victimes. Vérité sur les crimes. Réconciliation nationale. Ces trois piliers doivent guider l’après-accord. Il faut briser le cycle de l’impunité, punir les auteurs de massacres, même ceux qui portent des uniformes officiels, et reconstruire la confiance entre les communautés meurtries.
L’État doit redevenir une autorité de régulation et de cohésion, et non un distributeur de privilèges ou un instrument de domination politique. La société civile, les églises, les jeunes, les femmes, les universitaires : tous doivent être appelés à participer à ce nouveau pacte social.
L’opportunité d’une génération : saisir l’instant
Le moment est rare. Une fenêtre d’opportunité s’ouvre, petite mais réelle. Il ne s’agit pas de croire naïvement que la paix est là, ni que le Rwanda a cessé toute ambition. Il s’agit de comprendre que même une trêve diplomatique est une ressource stratégique à exploiter. Chaque jour sans guerre doit servir à renforcer le Congo de l’intérieur. Chaque silence des armes doit être utilisé pour rebâtir ce qui a été détruit.
À nous de transformer l’espoir fragile en socle solide. À nous de faire de cet accord non pas une fin, mais un commencement. Le destin du Congo ne se joue pas à Washington, il se joue à Kinshasa, à Goma, à Bunia, à Matadi, à Kananga, à Kisangani. Il se joue dans notre capacité collective à changer la trajectoire de notre histoire.
Congolais, cessons de nous plaindre : faisons d’abord notre part !
Le 27 juin 2025, un accord historique a été signé entre notre pays et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis. Beaucoup d’entre nous y voient un texte imparfait, d'autres un piège, certains un espoir. Mais qu'importe ce qu'on pense de cet accord : il nous engage, et il nous donne une responsabilité claire.
Avant de critiquer ce que l’autre n’a pas encore fait, regardons ce que nous, Congolais, avons à accomplir dès maintenant. Car la paix n’est pas une faveur, elle se construit. La souveraineté ne se mendie pas, elle s’exerce. Et l’espoir ne se chante pas, il se transforme en travail, en discipline, en volonté collective.
Voici ce que nous devons faire d’abord, sans attendre :
- Démanteler le soutien aux groupes armés, où qu’ils se trouvent : FDLR, groupes locaux, milices incontrôlées.
- Réformer notre armée pour qu’elle protège les citoyens et non les politiciens ou les réseaux d’intérêt.
- Assainir notre gouvernance locale : fin des détournements, clientélisme et impunité.
- Mobiliser notre société civile, notre jeunesse, nos Églises pour l’unité et le dialogue.
Notre honneur commence par le respect de notre signature Oui, certains peuvent trahir. Oui, certains peuvent ne pas respecter l’accord. Mais nous devons être le peuple qui respecte sa parole, qui tient ses engagements, qui prouve au monde qu’il est sérieux. Parce que c’est le respect de notre part du contrat qui nous donne le droit d’exiger des autres qu’ils fassent la leur.
L’histoire ne pardonnera pas l’inaction
Si nous échouons encore à remplir nos responsabilités, ce ne sera pas seulement la faute du Rwanda, ni des États-Unis, ni de l’ONU. Ce sera notre échec à prendre notre destin en main.
Alors Congolais, arrêtons de pleurnicher. Agissons. Travaillons. Mobilisons-nous. Reformons.
Unissons-nous. Le reste viendra.
Éric Kamba, Géostratège, Analyste Politique