Est de la RDC : pour le Dr Mukwege, le rapport des experts de l’ONU confirme le rôle « déterminant » du Rwanda dans la conquête de Goma et Bukavu

Jeudi 10 juillet 2025 - 10:10
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Le docteur Denis Mukwege a réagi, ce mercredi 9 juillet 2025, au dernier rapport des experts des Nations unies sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Dans une déclaration publiée et partagée sur ses réseaux sociaux, le prix Nobel de la paix a estimé que ces révélations illustrent à nouveau la prétendue préoccupation sécuritaire affichée par le régime de Kigali pour justifier ses mesures défensives et son interventionnisme en territoire congolais. Selon lui, la neutralisation des FDLR est devenue un prétexte suranné et ne peut plus être invoquée comme une menace existentielle pour le Rwanda.

« Le rapport semestriel des experts mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies confirme, preuves à l’appui, les observations déjà formulées par les populations locales, les autorités congolaises et les acteurs de terrain : le régime de Kigali dirige et contrôle de facto les opérations du M23. Les Forces de défense rwandaises (FDR) ont joué un rôle déterminant dans la conquête et l’occupation de nouveaux territoires, notamment Goma et Bukavu. Ces révélations illustrent à nouveau que la prétendue préoccupation sécuritaire affichée par le régime de Kigali pour justifier ses mesures défensives et son interventionnisme en territoire congolais, à savoir la neutralisation des FDLR, est devenue un prétexte suranné et ne peut plus être invoquée comme une menace existentielle pour le Rwanda », a-t-il commenté.

Il a ajouté : « Trente ans après le drame du génocide commis au Rwanda dont les auteurs doivent répondre de leurs actes devant la justice, et malgré d'innombrables opérations militaires et initiatives menées pour mettre fin à l'activisme des FDLR, tant par les autorités congolaises qu'en collaboration avec le Rwanda par le déploiement direct de troupes rwandaises sur le sol congolais, souvent avec le soutien de la MONUSCO, l'effectif numérique d'éléments restants de ce groupe armé suggère que sa capacité résiduelle de nuisance de ceux qui ont participé activement au génocide est fortement réduite. Cette réalité met à mal le narratif avancé par le régime de Kigali qui continue d'endeuiller toute une région au nom de pseudo-mesures de sécurité ».

Au moment même où des acteurs internationaux et des États s'impliquent pour trouver une solution pacifique à la dernière guerre d’agression déclenchée par le M23 avec « l’appui direct et indirect du Rwanda », le gynécologue congolais et militant des droits humains a également estimé qu'il y a urgence à éradiquer définitivement la question des groupes armés, notamment les FDLR et le M23, afin de donner une chance « réelle » à une paix durable et ouvrir la voie à une coexistence pacifique dans la région des Grands Lacs.

Enfin, il a réitéré son appel à des sanctions « fortes » et « cordonnées » contre les acteurs de la déstabilisation en RDC. En outre, l’ancien candidat à la présidentielle de 2023 a appelé à la mise en œuvre des prescrits de la résolution 2773 du Conseil de sécurité, qui exige un cessez-le-feu sans condition, mais aussi le retrait inconditionnel et immédiat de l'armée rwandaise du territoire congolais.

Raphaël Kwazi

 

AfroPari Juillet 2025