L’Ouganda et la RDC poursuivis devant la Cour de justice de l’EAC pour pollution des lacs Albert et Édouard

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Des pêcheurs établis sur la rive congolaise des lacs Albert et Édouard, ainsi que l’ASBL Alerte congolaise pour l’environnement et les droits de l’homme (ACEDH), ont engagé des poursuites contre l’Ouganda et la RDC devant la Cour de justice de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) pour pollution de ces deux lacs. La requête, déposée le 13 octobre sous la référence 47 of 2025, vise également le secrétaire général de l’EAC.

Les plaignants reprochent à l’Ouganda d’avoir lancé l’exploitation pétrolière dans le lac Albert à travers les projets Tilenga, géré par TotalEnergies, et Kingfisher, exploité par la société chinoise CNOOC, sans consulter les communautés riveraines congolaises, alors que le traité de l’EAC impose une concertation pour tout projet situé dans une zone transfrontalière.

« Le traité de l’EAC stipule que lorsqu’un projet de développement est envisagé dans une zone transfrontalière, un plan commun de gestion des impacts environnementaux potentiels doit être élaboré. Ce plan n’existe pas pour les projets pétroliers ougandais. L’État dans lequel le projet est réalisé est tenu de notifier toutes les communautés susceptibles d’être affectées. Or, les communautés congolaises autour du lac Albert n’ont jamais été informées », a déclaré Éric Kambale, l’un des requérants, lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa le mercredi 27 novembre.

Les plaignants accusent également l’État congolais d’avoir abandonné ses citoyens. Ils estiment que la RDC aurait dû exiger que les études d’impact environnemental et social des projets Tilenga et Kingfisher prennent en compte la partie congolaise du lac.

« Notre gouvernement a failli à son obligation de protéger ses propres citoyens. En ne s’engageant pas auprès de l’Ouganda pour exiger des garanties, l’État congolais a laissé ses communautés et ses écosystèmes sans défense face aux risques industriels », a poursuivi Éric Kambale.

Le secrétaire général de l’EAC est lui aussi pointé du doigt pour son inaction.

« Il a l’obligation de veiller au respect du traité de l’EAC. Il est supposé savoir qu’il existe des activités pétrolières dans le lac Albert, être informé de l’absence d’un plan commun de gestion des ressources naturelles transfrontalières, constater qu’aucune étude d’impact environnemental n’a été menée, et connaître le fait que les communautés congolaises n’ont pas été consultées. Cette passivité doit être sanctionnée par la Cour », a-t-il ajouté.

Selon les pêcheurs, les pollutions observées dans le lac Albert affectent également le lac Édouard, les deux plans d’eau étant reliés par la rivière Semliki. Ils demandent la suspension des projets pétroliers ainsi qu’une indemnisation.

« Toute activité qui détruit notre moyen de subsistance doit être stoppée. Nous devons être rétablis dans nos droits. Les lacs Albert et Édouard ne sont pas seulement une source de vie pour les communautés locales ; ils approvisionnent en poisson les villes de Goma, Bukavu, Kinshasa et bien d’autres. Malheureusement, ils sont détruits par l’Ouganda tandis que notre gouvernement reste inactif. Nous avons l’impression d’être abandonnés », a déclaré Josué Mukura, président de l’association des pêcheurs exerçant dans les deux lacs.

Les requérants affirment que toutes les parties concernées ont déjà été notifiées de la procédure. Ils demandent en outre à la Cour d’adopter des « mesures strictes pour garantir la sécurité physique et juridique des plaignants, témoins et soutiens impliqués dans ce combat légitime ».

Bienfait Luganywa

 

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