A la recherche des enfants disparus

Vendredi 17 juin 2016 - 06:28
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Béatrice Mukamulindwa a perdu la trace de ses trois enfants lors du génocide au Rwanda. Son association tente de reconstituer des familles séparées par les événements de 1994.

  • Image retirée.Béatrice Mukamulindwa cherche à sensibiliser la population rwandaise à franchir le pas du témoignage, en particulier concernant le sort des enfants disparus. © D.R.

Ce dimanche 19 mai, à l’initiative d’un comité de soutien liégeois, Béatrice Mukamulindwa présentera au Hangar (lire ci-contre) son travail de « réunification des familles » au Rwanda, 22 ans après le génocide.

«  J’étais en Belgique lorsque le génocide a été déclenché en avril 1994. J’avais confié mes enfants à mon frère, titulaire d’un centre de santé dans le sud du pays. Aujourd’hui encore, le doute subsiste sur le sort subi par mes trois enfants, mon frère, mes deux nièces et trois cousins alors que tous les autres membres de ma famille ont été tués. Or, beaucoup d’enfants ont survécu au génocide et, par la suite, ont été adoptés par des familles, y compris au Congo. C’est important de pouvoir refaire le lien familial entre les survivants  », explique Béatrice Mukamulindwa qui, avec les bénévoles de son association « Cri du cœur d’une mère pleine d’espoir », parcourt le Rwanda, certes à la recherche de ses enfants mais aussi d’autres familles qui sont dans la même situation.

«  À mon grand regret, les parents n’osent pas sortir de la torpeur pour déclarer qu’ils ont encore l’espoir de retrouver un jour une trace de leurs enfants disparus. Je suis aussi en contact avec une cinquantaine d’enfants qui ignorent d’où ils viennent et veulent connaître leur histoire. Mais il y a beaucoup de résistances au sein de la société rwandaise, parce que, malgré les procès qui ont suivi le génocide, la mémoire collective reste enfouie, beaucoup de personnes ne veulent pas être impliquées de près ou de loin au travers de leurs témoignages ou encore préfèrent se taire, se disant qu’elles auraient dû le dire avant. Puis il y a la question des héritages et des biens confisqués. Moi, je suis persuadée qu’au contraire, il faut créer des liens et libérer la parole  »

Ann de Fonvent, initiatrice de la soirée de soutien, est allée sur place, suivre le travail de Béatrice. «  J’ai été frappée à la fois par le grand silence qui règne sur la mémoire du génocide et les grandes souffrances qui demeurent à l’intérieur des gens. Celui qui s’exprime sur ce qui s’est passé est considéré comme un fou mais ça ne règle rien. Le travail de Béatrice comble un vide. »

Via une pièce de théâtre radiophonique, l’association CCMES va tenter de sensibiliser la population rwandaise à franchir le pas du témoignage, en particulier concernant le sort des enfants disparus.

Un concert après la projection du documentaire

La soirée de soutien au CCMES est organisée au Hangar, quai Saint-Léonard, 43B à Liège. A 17h, projection du documentaire qui relate, au travers de témoignages, le combat de Béatrice Mukamulindwa, suivi d’un échange. A 20h30, concert des « ToolsBoys ».

Infos : www.ccmes.org