Depuis un peu plus de deux semaines maintenant, le secteur bancaire a été marqué par une forte agitation. Celle-ci a résulté de la situation des difficultés de trésorerie de la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC), ajoutées aux scandales des manipulations dans la paie des fonctionnaires. Le secteur a immédiatement réagi à travers les clients des banques. Craignant les effets domino, les épargnants se sont en effet rués dans les guichets de leurs banques pour retirer et mettre à l’abri leurs avoirs en numéraires. Mais, l’on sait - ouvrant la parenthèse - que cette situation n’a aucun lien avec le marché de change qui semble subir une légère pression, depuis un peu plus d’une semaine maintenant.
Quoi qu’il en soit, il serait un peu précipité d’établir un parallélie avec le cas de la Banque Congolaise. Il s’avère que la BIAC traverserait, à en croire sa nouvelle Direction générale, une crise de liquidité qui peut être régulée sans trop beaucoup de mal. Conséquence de cet état de choses, le samedi 2 avril dernier, le secteur a éprouvé de longs frissons. Les épargnants se ruaient dans les guichets de leurs banques pour vider leurs comptes croyant au retour des situations ayant conduit au dysfonctionnement du secteur bancaire au seuil des années 2000. Après lecture de la situation, il semble que ces épargnants manquaient des informations sur le fonctionnement de l’activité bancaire en RDC, ressemblant à ce qui se passe un peu partout sur le continent. Ils devaient savoir qu’avant d’ouvrir ses activités, une banque devrait recevoir l’autorisation formelle de la Banque centrale du Congo qui joue le rôle d’organe de régulation du secteur et de garant du crédit de cette banque. Quoi qu’il n’y ait pas encore, en RDC, le Fonds de garantie des dépôts placé sous l’autorité de la Banque centrale. Cependant, la Banque centrale a mis en place un dispositif qui protège les épargnes des clients des institutions financières qu’elle couvre. Celles-ci, outre le montant actif mis à côté pour les jours mauvais, mettent en permanence, et de manière obligatoire, des ressources financières devant servir aux remboursements des fonds placés par la clientèle.
SAUVER LE SECTEUR
Dans le cas d’espèce impliquant la BIAC, l’argent n’aimant pas les bruits, la coïncidence entre l’impaiement observé dans ses guichets et le départ de son ancien Directeur général, associés à la spirale de la hausse du taux de parité entre la monnaie nationale et les devises étrangères, ne devait que conduire à la méfiance des épargnants vis-à-vis de l’établissement bancaire. Avec un portefeuille clientèle à plus ou moins 340.000 épargnants-clients, la BIAC tient réellement l’économie bancaire dans ses mains. Sa brusque chute, due à son incapacité financière, ne devait que conduire à des comportements extrêmes, tels que vécus ces dernières heures. Dès lors, il est mieux indiqué d’affirmer que l’hypothèse d’une banqueroute de la BIAC est impossible à imaginer. Sauf, en cas de l’accumulation des paramètres non maîtrisables par la Banque centrale.
Cependant, hier mardi, il a été constaté un retour timide à la normale dans les succursales et agences de la BIAC. Cela est imputable aux faits vécus la semaine dernière avec, en toile de fond, la peur de revoir surgir les blocages qui ont conduit à la destruction de la confiance en la monnaie fiduciaire en RDC.
Encore, hier mardi, plusieurs banques commerciales privées ont connu une situation normale. Il y a eu, certes, peu de clients venus réclamer leurs avoir. Et cela est bon signe que le Gouvernement a bien géré la crise qui, faute de prévoyance, allait prendre des proportions inquiétantes. Et ce, pour rien. En faisant le black out sur toute information contradictoire, le gouvernement/pouvoir public a pris à pied levé les spéculateurs et colporteurs de faux bruits.
Quoi qu’il en soit, il est déplorable que la situation interne de la BIAC ait été mise sur la place publique entraînant des réflexions contradictoires sur une situation maîtrisée. Les effets de cette publicité vont se faire ressentir pendant longtemps tout en affectant d’autres institutions bancaires. Il reste à savoir si les banques seront réactives aux mesures d’encadrement conçues par la Banque centrale. Et également que la crise qui est en train d’être démontée à la BIAC, n’a rien de structurelle. Et il en restera juste un mauvais souvenir. Le rôle de tampon joué par le Gouvernement a été salutaire pour un secteur bancaire en pleine recomposition. Car il est indéniablement périlleux de laisser se développer l’inquiétude sur ce secteur sans mettre en péril toute la politique économique et macroéconomique soutenue par le Gouvernement. AMBALU/Cp