Crise politico-électorale : Le boycott de l’opposition

Mardi 21 avril 2015 - 10:10
(KINSHASA)- L’opposition politique a rejeté toute participation aux élections provinciales si jamais la commission électorale nationale indépendante n’éclaircissait pas le jeu à temps. Les principaux leaders ont annoncé leur refus de déposer les dossiers des candidatures de leurs membres aux élections provinciales. ‘‘Beaucoup de choses ne sont pas claires. Le fichier électoral est corrompu et Mr Malu malu ne doit pas piloter le processus électoral parce que lui et Mr Kabila, c’est la même chose’’, a dénoncé Martin Fayulu. Le leader de l’Ecidé pense que le pouvoir est dans un schéma de glissement. De son côté, le président du Mpcr, Jean Claude Vuemba a condamné le double jeu du pouvoir qui dit quelque chose et son contraire à la fois. ‘‘Où est la loi sur la répartition des sièges. Et vous pensez que nous irons aux élections avec des déficits juridiques comme ça’’, a menacé l’élu de Kasangulu. Pour sa part, le président de l’Atd, José Makila a précisé que jusque-là, le gouvernement n’a mis à la disposition de la Ceni que cinq millions sur 46 millions exigés. A l’Udps, Bruno Mavungu, son secrétaire général contesté parle d’un forcing du pouvoir pour opérer un nouveau hold up électoral. ‘‘Nous n’allons pas accompagner le pouvoir dans son plan de tricherie et de fraude’’, a rappelé Mavungu. Le dialogue s’impose pour décanter la crise actuelle, conseille-t-il. Dans son radicalisme total, l’Unc a demandé aussi à la commission électorale nationale indépendante de cesser de jouer avec le feu. Il n’est pas question d’accorder une passe en or au régime Kabila dans parce que 2016 n’est pas 2011, a prévenu un cadre Unc. En suspendant toute participation aux activités de la commission électorale nationale indépendante, l’opposition crée une crise politique majeure. Sinon, comment comprendre la tenue des élections sans l’opposition. Par ailleurs, l’opposition trouve suspect l’improvisation et la précipitation avec laquelle le pouvoir se lance dans l’installation de nouvelles provinces. Au sujet du charnier de Maluku, les opposants exigent une enquête internationale indépendante avec exhumation des corps. République Démocratique du Congo DECLARATION DES PARTIS POLITIQUES, REGROUPEMENTS POLITIQUES ET GROUPES PARLEMENTAIRES DE L’OPPOSITION AINSI QUE DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE ET DE LA DIASPORA Réunis ce lundi 20 avril 2015, aux fins d’examiner la situation politique délétère dans notre pays, caractérisée par un processus électoral hypothétique, l’installation improvisée et dangereuse des nouvelles provinces, la banalisation de la vie humaine au travers du charnier de Maluku, les violations massives des droits de l’homme ainsi que l’insécurité généralisée, nous déclarons ce qui suit : A. DU PROCESSUS ELECTORAL ET DE L’INSTALLATION DES NOUVELLES PROVINCES A la lumière des élucubrations du Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité, suite à la question-orale avec débat de l’Honorable Christophe Lutundula relative à la tenue effective de tous les scrutins tel que programmés dans le calendrier de la CENI du 12 février 2015 ainsi qu’à l’installation effective des nouvelles provinces, nous constatons que les ennemis de la République veulent nous amener dans une impasse. En effet, l’entêtement du gouvernement et de la CENI prouve que ces deux institutions ne veulent pas rencontrer les préalables indispensables à l’organisation des élections inclusives, crédibles et apaisées ; C’est ainsi que dans sa réplique le samedi 18 avril courant aux questions des députés, le Vice-premier ministre Evariste Boshab, traduisant la volonté de Mr Kabila, a fait montre d’une irresponsabilité et d’une légèreté sans pareille en prenant notamment les élections chaotiques de novembre 2011 comme référence ; Nous nous insurgeons contre l’improvisation, la précipitation et le danger de l’installation des nouvelles provinces in tempore suspecto alors que les risques de balkanisation du pays sont réels et les difficultés matérielles et financières de sa mise en œuvre démontrent que c’est une entreprise suicidaire ; Nous affirmons que l’initiative précipitée de Monsieur Kabila d’installer les nouvelles provinces en ce moment précis n’obéit pas à l’esprit de la Constitution mais participe plutôt de la stratégie du chaos c.à.d. rendre le pays ingouvernable par le désordre et les troubles pour justifier le glissement qu’il recherche désespérément. Une telle hypothèque sur la stabilité du pays et la sécurité des congolais est pour nous inacceptable ; Nous observons que la CENI, comme en 2011,refuse d’honorer son engagement de réagir officiellement à notre déclaration du 27 février 2015 et continue de faire la sourde oreille à notre contre-proposition de calendrier exigeant notamment l’enrôlement de nouveaux majeurs et le renvoi des élections urbaines, municipales et locales après les élections de novembre 2016 ; Pourtant, le constat malheureux est là! La CENI n’a pas respecté son propre calendrier. Certaines opérations considérées à ce jour comme des prérequis à l’organisation des élections n’ont pas été réalisées, notamment l’audit du fichier électoral. De même, la CENI n’a pas indiqué si les contraintes qu’elle a énumérées dans son calendrier, ont été vidées aux dates critiques mentionnées ; C’est pourquoi, dans le souci de contribuer efficacement à un processus électoral inclusif, crédible et apaisé et débloquer cette situation qui menace la paix en RDC et dans la Région, nous avons, en toute responsabilité, par notre lettre numéro OPP/STOP/0304/MS/2015, saisi la CENI le vendredi 16 avril courant pour une rencontre ultime. Celle-ci nous permettra d’obtenir des assurances sur les prérequis ci-dessus avant de nous engager dans le processus de dépôt des candidatures ; En d’autres termes, nous avons décidé de rejeter l’activité en rapport avec le dépôt des candidatures aux élections provinciales telle qu’annoncée par la CENI à partir du 15 avril courant. Par conséquent, nous demandons à tous les partis et regroupements politiques de l’Opposition, les organisations de la Société civile ainsi qu’à d’autres candidats indépendants sur toute l’étendue du territoire national de s’abstenir de toute participation au processus en cours mené par la CENI en attendant l’issue de la rencontre sollicitée ; B. DU CHARNIER DE MALUKU Pour ce qui concerne le charnier de Maluku, nous fustigeons non seulement l’inhumation de nos compatriotes au mépris de la réglementation en matière funéraire mais aussi la tentative bancale du Président de l’Assemblée nationale d’étouffer cette affaire. C’est ainsi que nous exigeons une enquête internationale et indépendante avec exhumation des corps et prise d’ADN. Nous mettrons à la disposition du public et des enquêteurs internationaux la liste provisoire des disparus extraite des registres ouverts aux sièges de nos différentes formations politiques. Etant donné la gravité du problème, nous avons introduit le vendredi 17 avril courant une motion de défiance contre le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité et nous mettons en demeure le Bureau de l’Assemblée nationale de l’inscrire à l’ordre du jour de ses travaux conformément au règlement intérieur. C. DE L’INSECURITE GENERALISEE Nous dénonçons et condamnons l’insécurité généralisée et entretenue au pays, celle à laquelle sont exposés les populations congolaises en général et celles de l’Est du pays en particulier, les acteurs politiques de l’opposition, les membres de la Société civile, les défenseurs des droits de l’homme, les étudiants et les jeunes qui croupissent en prison et dans les geôles de l’ANR, qui sont menacés de mort, intimidés à souhait ou harcelés par des procès politiques bidons émaillés parfois d’incidents ; Le cynisme du régime de Monsieur Kabila apparaît singulièrement dans le cas de notre collègue Jean-Claude Muyambo, Président de SCODE, dont la santé empire chaque jour et dont nous exigeons le transfèrement immédiat dans une formation médicale étrangère ; Nous condamnons avec la dernière énergie les manœuvres malveillantes du régime en place qui s’investit dans la déstabilisation des partis politiques de l’Opposition, à l’exemple du MLC, en entretenant des conflits en son sein afin de le préjudicier lors des échéances électorales à venir. Nous dénonçons et condamnons aussi les pratiques d’harcèlement des populations des provinces à qui le régime de Monsieur Kabila impose l’adhésion au PPRD ; Nous exigeons la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et d’opinion détenus injustement, y compris les activistes de Filimbi au sujet de qui la publication du rapport de la Commission d’enquête parlementaire y relatif est bloquée, sans raison, par Monsieur Aubin Minaku, Président de l’Assemblée nationale ; Face à ce tableau on ne peut plus sombre, nous constatons avec stupéfaction que Monsieur Kabila se tait en toutes les langues, et son premier ministre Matata se fourvoie dans son carcan macroéconomique avec des chiffres maquillés à souhait et dans d’autres considérations qui n’ont rien avoir avec les préoccupations fondamentales des congolais ; Peuple congolais, l’heure est grave ! Préparons-nous ! Car, Monsieur Kabila a décidé de nous défier de nouveau pour tester notre caractère et notre détermination ; Seulement voilà, nous sommes conscients que seule la lutte libère et que la liberté s’arrache! C’est pourquoi, nous saluons l’éveil de conscience des jeunes congolais représentés par les mouvements FILIMBI et IL EST TEMPS. Nous les félicitons et les encourageons, comme nous encourageons tous les jeunes congolais à s’engager davantage et à se mobiliser pour que nous puissions ensemble construire un environnement de rêve et d’espoir dans notre pays. Que Dieu, le Tout-puissant, bénisse la RDC et son vaillant peuple. Fait à Kinshasa, le 20 avril 2015
 

AfroPari Juillet 2025