A l‟occasion de la cérémonie d‟ouverture de la conférence de haut niveau organisée par le ministère allemand de la Coopération et du Développement, Matata Ponyo, le Premier ministre congolais a insisté sur les besoins réels de l‟Afrique toute entière. Pour lui, l‟Afrique a besoin de la paix pour se développer comme l‟Europe en a eu besoin pendant les « trente glorieuses » vers les années 1945 et 1975 En ce qui concerne la prévention des conflits, le chef de l‟exécutif dit qu‟il faut tout faire pour éviter qu‟après la crise soit avant la crise. Pour lui, il faut beaucoup réfléchir sur comment mettre en place des mécanismes pour prévenir la survenance de ces conflits plutôt que de les gérer.
Il n‟a pas manqué de donner l‟amère expérience de son pays qui, suite à près de 20 ans d‟insécurité, a consacré en moyenne 2% de son PIB annuel pour lutter contre les agressions et les rebellions.Le Premier ministre congolais en séjour à Berlin en Allemagne où il prend part active à la Conférence de haut niveau organisée par le ministère allemand de la Coopération et du Développement a appelé, hier jeudi 11 septembre l‟Allemagne à définir des stratégies visant à augmenter son volume d‟échanges avec l‟Afrique. Pour le chef du gouvernement congolais, « le développement socio-économique de l‟Afrique est aujourd‟hui, pour les Africains, un défi majeur à relever, parce qu‟il constitue le levier idéal pour hisser les pays africains dans le club des économies émergentes ». En effet, le continent africain a besoin des partenaires comme l‟Allemagne pour l‟accompagner sur le chemin d‟un développement intégral. Pour Matata Ponyo les ressources naturelles de l‟Afrique et le dynamisme de sa population combinés au savoir-faire allemand est susceptible de produire des miracles sous forme de développement durable. Toutefois, pour être mutuellement bénéfique, ce partenariat doit se fonder sur la responsabilité et le respect mutuels. Il a ajouté que les pays africains sont reconnaissants de l‟appui que l‟Allemagne apporte aux populations à travers divers programmes, notamment la Deutsche GesellschaftfürTechnische Zusammenarbeit (GTZ), l‟agence de coopération technique allemande pour le développement, dont les projets sont exécutés dans plusieurs pays africains, notamment dans la préservation de l‟environnement, et la KFW qui est active dans le secteur de l‟Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement (AEP&A). Il n‟a pas manqué de citer également les multiples interventions de la Fondation Konrad Adenauer en Afrique. L’Afrique a besoin de la paix L‟occasion faisant le larron, le Premier ministre congolais a insisté sur les besoins réels de l‟Afrique toute entière. « L‟Afrique a besoin de la paix pour se développer comme l‟Europe en a eu besoin pendant les trente glorieuses vers les années 1945 et 1975 », soutient Matata. Grâce à une période d‟accalmie et d‟entente mutuelle, elle a construit sa richesse d‟aujourd‟hui. Il a manifesté sa joie de constater que l‟Allemagne s‟inscrit dans cette lignée car, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, une bonne gouvernance, un développement économique qui soit écologiquement et socialement durable, ainsi que des structures de coopération économiques et politiques équitables constituent des objectifs centraux de la politique allemande en Afrique. En ce qui concerne la question de la prévention des conflits, le Premier ministre pense qu‟il faut éviter qu‟après la crise soit avant la crise. Pour lui, cette conférence devrait beaucoup réfléchir sur comment mettre en place des mécanismes pour prévenir la survenance de ces conflits plutôt que de les gérer. La RDC mon pays, a une amère expérience des guerres qui, suite à près de 20 ans d‟insécurité, a consacré en moyenne 2% de son PIB annuel pour lutter contre les agressions et les rebellions. Ces dépenses militaires ont été un effet d‟éviction considérable sur les investissements productifs et dans les secteurs sociaux. La question est, pour moi, comment persuader les dirigeants des pays belliqueux à ne pas générer la guerre mais plutôt à générer la prospérité ? Pour la formation des jeunes En ce qui concerne la proposition de la formation des jeunes africains, le chef de l‟exécutif congolais est d‟avis que c‟est le meilleur moyen d‟accompagner l‟Afrique vers son émergence. C‟est une condition nécessaire, mais pas suffisante, à son avis, parce que des jeunes mieux formés dans une économie peu industrialisée risquent de constituer une bombe à retardement pour des « printemps arabes généralisés » dans l‟ensemble du continent. Il nous faut donc créer de la valeur ajoutée, en construisant des industries dans les domaines clé comme l‟agriculture, secteur à forte intensité de main d‟oeuvre pour espérer absorber une masse importante de la population active. Transformons nos minerais sur place, en Afrique, avec la collaboration d‟un pays à forte technologie comme l‟Allemagne et nous allons anticiper les conflits armés en Afrique et nous éviterons le pire ! Cette stratégie a le triple avantage de permettre une accélération du processus de démocratisation notamment grâce à une population plus alphabète, d‟augmenter la qualité de la santé de la population avec des moyens financiers plus importants et d‟assurer une meilleure alimentation par une production agricole non plus de subsistance mais désormais de précision, plus abondante et de qualité tel le concept de parc agroindustriel que la RDC est entrain d‟expérimenter actuellement. Pour ce faire, l‟Afrique devra multiplier les efforts pour la transformation structurelle de son système économique en vue d‟une prospérité partagée. L‟acquisition des nouvelles technologies, ainsi que l‟expansion de leur application pour la création des nouveaux produits à haute valeur ajoutée constituent le chemin par excellence pour garantir une croissance économique soutenue et partagée en vue de la réduction de la pauvreté dont souffre la majorité des ménages africains. Construire des pôles sous-régionaux de croissance Pour construire un ensemble plus grand que la somme des parties, je partage l‟idée d‟explorer la proposition allemande de construire l‟union africaine de demain à partir des pôles sous-régionaux de croissance devant servir de locomotive afin de booster le développement de l‟Afrique. Ce modèle a porté des fruits sous d‟autres continents. L‟Afrique du Nord, de l‟Ouest, Centrale, de l‟Est et Australe peuvent-elles se choisir des locomotives naturelles pour assurer cette convergence des économies africaines ? L‟Allemagne devra renforcer ses liens de coopération avec l‟Afrique dans les domaines des sciences et des technologies, de l‟éducation sous toutes ses composantes, des petites et moyennes entreprises, de la gestion durable de l‟environnement, de la démocratie, de l‟agriculture, de la bonne gouvernance, de la paix et de la sécurité. L'Allemagne peut donc assister les pays africains dans le processus d‟acquisition des nouvelles technologies qui passe nécessairement par un investissement massif dans la création et la diffusion des connaissances dans tous les domaines. Compte tenu des externalités qui accompagnent ce processus, l‟Allemagne peut soutenir les institutions engagées dans le processus de découverte des nouvelles technologies et innovations afin de soutenir le développement d‟un entreprenariat véritablement africain. Usant de son leadership européen et mondial, l‟Allemagne est en mesure d‟accompagner le continent africain dans son effort d‟émergence. En effet, une coopération axée sur le progrès technologique, le développement humain, la bonne gouvernance et la paix, permettra à l‟Afrique d‟accroitre sensiblement sa productivité et offrir sur le marché international des produits et services à valeur ajoutée élevée. Une telle transformation structurelle des économies africaines aura pour effet immédiat l‟augmentation du revenu des ménages qui constituera à son tour un marché porteur pour l‟économie allemande. Ainsi, l‟aide de l‟Allemagne aujourd‟hui créera les conditions d‟une croissance soutenue pour l‟économie allemande de demain. La Rdc est aujourd’hui une locomotive de l’Afrique Revenant sur les performances de la RDC, Matata Ponyo Mapon a rappelé que le pays est aujourd‟hui une locomotive ou un acteur-clé pour la relance définitive de l‟Afrique. A l‟instar d‟autres pays, a-t-il insisté, la République Démocratique du Congo, contribue effectivement au processus de relance des activités économiques en Afrique. En 2002, sous le leadership du Président de la République, Joseph Kabila Kabange, la RDC a renoué avec la croissance. « Cela fait 4 ans que cette croissance se maintient autour d‟une moyenne de 7%. A fin 2013, il était de 8,5% ; soit le taux de croissance le plus élevé en RDC depuis 1970, et selon les projections du FMI, elle se situera aux environs de 9% en 2014. » L‟économie congolaise est donc aujourd‟hui caractérisée par un cadre macroéconomique stable, une inflation totalement maîtrisée et faible, et une stabilité totale du franc congolais par rapport aux devises étrangères, a martelé l‟homme à la cravate rouge. A titre illustratif, il a noté que le taux d‟inflation de la RDC se situait à près de 10.000% en 1993-1994, aujourd‟hui 1,4% projeté en 2014 contre 1% en 2013. « Un record dans l‟histoire de l‟économie congolaise. Le taux de change moyen est demeuré stable autour de 920 Francs Congolais le dollar américain durant les quatre dernières années.
Rappelons que la Conférence à laquelle le Premier ministre congolais prend part vise notamment à faciliter la discussion de haut niveau sur les différents aspects théoriques et pratiques des idées qui sous-tendent la politique africaine de la BMZ, permettre aux partenaires de partager leurs opinions concernant leurs attentes du partenariat entre l‟Allemagne et l‟Afrique, apporter de nouvelles idées des recommandations pour le développement en cours et la mise en oeuvre de la politique, etc. La présence de Matata Ponyo à Berlin prouve à suffisance que la vision du Chef de l‟Etat, Joseph Kabila, se concrétise de jour en jour.