Dialogue et R 2277 de l’ONU - Le G7 exige un engagement formel de l’UA

Vendredi 15 avril 2016 - 05:18
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Aussitôt rentré à Kinshasa après une période de ballotage, Edem Kodjo, le facilitateur désigné du dialogue politique, a écrit à toutes les parties congolaises les invitant à désigner leurs délégués  au comité préparatoire de ce forum national controversé. Dans sa réponse, le G7 sollicite de la présidente de la Commission de l’UA un engagement formel sous forme d’une feuille de route à faire respecter par le facilitateur en accord avec aussi bien la Constitution de la RDC que la R2277 du Conseil de sécurité de l’Onu.

Le Potentiel

 

Se tiendra, se tiendra pas ? La question est sur toutes les lèvres concernant la tenue effective du dialogue politique dont les termes de référence, le format, la durée, notamment, continue à diviser la classe politique. Cette guéguerre s’est étendue jusqu’à la désignation d’Edem Kodjo comme facilitateur de ce dialogue. Là où la Majorité applaudit, l’Opposition émet des doutes quant à la probité morale du Togolais et sa capacité à conduire en toute transparence et impartialité le forum national dont l’objectif principal est d’aboutir à l’organisation dans les délais constitutionnels des élections apaisées.

Le fond du problème c’est que depuis le début, l’Opposition (une importante frange, en tout cas) a soupçonné la majorité au pouvoir de manigancer pour maintenir son autorité morale au pouvoir au-delà des délais constitutionnels. Elle a soutenu ses suspicions au regard de toutes les manœuvres dilatoires dans lesquelles s’est distinguée la Majorité présidentielle (MP) pour perturber le processus électoral ou, au besoin, l’annuler.

Avec le temps, la MP a embouché les mêmes accusations à l’encontre de l’Opposition au point que la Céni a été mise en difficulté. Sa feuille de route a été remise en question plusieurs fois si bien que les premiers scrutins prévus  en octobre 2015 n’ont pas pu avoir lieu. L’on est vite rentré droit dans un cul de sac, toutes les parties congolaises se rejetant la responsabilité du dérapage.

La première tentative de sortie de crise est venue d’Addis-Abeba où un accord-cadre signé aussi bien par les protagonistes congolais que par les partenaires extérieurs a recommandé la tenue d’un dialogue politique. La divergence de vues et d’approches n’a pas facilité les choses et la tension est montée d’un cran. Le blocage étant en vue, la MP initiera des concertations nationales en lieu et place du dialogue convenu dans la capitale éthiopienne. Là encore, cela a capoté pour les mêmes raisons.

Avec le temps, tout le monde, au niveau national et international, s’est mis à craindre le pire. Car, le contexte politique et social empirait de plus en plus. C’est en ce moment précis qu’interviendra la Résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU, votée à l’unanimité le 30 mars 2016 à New York.

Comme il fallait s’y attendre, cette décision du Conseil de sécurité va être diversement interprétée selon que l’on est de la MP ou de l’Opposition. Nouveau couac qui sera renforcé par la remise en question du facilitateur accusé de faire le jeu de la Majorité au pouvoir, à savoir imposer par un jeu subtil de tractations pendant ledit  dialogue, une transition de trois ans. Ce qui permettrait à Joseph Kabila d’abord d’obtenir le glissement du calendrier électoral, ensuite de mettre en exécution son projet de modification de la Constitution actuelle afin d’ouvrir la voie à la quatrième République.

Tel que ficelé, l’Opposition ne gagnerait rien à aller au dialogue selon la formule de la MP. Aussi s’est-elle cabrée. Au nombre de ceux qui accusent la MP et son autorité morale figure le G7. Raison pour laquelle cette plateforme politique de l’Opposition a, en réponse à la sollicitation du facilitateur à participer au comité préparatoire du dialogue, exigé de la présidente de la commission de l’Union africaine un engagement formel sous forme d’une feuille de route à faire respecter par le facilitateur qui cadre aussi bien      avec la Constitution de la RDC qu’avec la Résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

Le G7 estime que le dialogue politique auquel font allusion aussi bien le communiqué conjoint de quatre organisations UA/EU/ONU/OIF du 16 février 2016 que la R2277 du Conseil de sécurité est différent du forum extraconstitutionnel convoqué par le président Joseph Kabila. Toutefois, le G7 ne cesse de confirmer sa volonté de trouver avec toutes les parties une solution au blocage du processus électoral.