Dialogue: le temps joue contre tout le monde

Jeudi 13 août 2015 - 12:29

Le calendrier global de la Ceni bat de l’aile. Le chemin pour un processus électoral apaisé et crédible est loin d’être balisé, malgré l’adoption parle Sénat du texte portant répartition des sièges aux municipales et locales, Majorité, Opposition et Société civile sont obligées de trouver la meilleure voie pour l’organisation du 3ème cycle électoral qui soit réellement démocratique et transparent Le temps jouant contre tout le monde, le président de la République se trouve dans l’obligation de conclure ses consultations et de convoquer, dans le meilleur délai, le dialogue politique.

La République démocratique du Congo a tout connu ces 25 dernières années. Pourtant, le pays s’est, à chaque fois, relevé. La patrie de Lumumba a survécu aux soubresauts de premières années qui ont suivi sa démocratisation le 24 avril 1990. De même, en dépit de tous les ennuis qui ont suivi la libération du 17 mai 1997, les Congolais sont quand même arrivés, en 2002 à Sun City, à un compromis politique duquel découle l’actuel ordre politique.

Aujourd’hui, l’enjeu du processus démocratique consiste à préserver l’actuel pacte républicain à travers un processus électoral devant conduire à l’alternance politique au sommet de l’Etat. C’est ici que tout semble se compliquer. Au point que la République démocratique du Congo se trouve, depuis la publication du calendrier global des élections, dans une sorte de cacophonie politique qui ne dit pas son nom. Les dernières polémiques qui ont accompagné la session extraordinaire au Parlement ne sont qu’une illustration du profond malaise qui empeste le processus électoral en cours.

Certes, avec le vote du Projet de loi portant répartition des sièges aux élections municipales et locales, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a désormais tout l’arsenal juridique nécessaire pour mettre en œuvre son chronogramme des scrutins publié le 12 février 2015. Cependant, à scruter sérieusement les tenants et les aboutissants du processus en cours, on se rend bien vite à l’évidence qu’il faut un cadre politique pour que toutes les parties prenantes se prononcent sur sa faisabilité.

Dans son adresse à la nation le 30 juin dernier, à l’occasion du 55ème anniversaires de l’indépendance de la RDC, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, a épinglé 4 points qui pourraient, selon lui, constituer l’objet de ces pourparlers entre Congolais. Selon lui, les obstacles « qui jonchent la marche vers la 3ème série d’élections » sont liés au calendrier électoral global, au financement du processus électoral, à la participation au scrutin 2015 d’anciens mineurs, à l’impératif de la sécurisation des élections.
Cependant, avant d’arriver à ce dialogue, le président de la République devra d’abord conclure ses consultations entamées depuis juin dernier. A travers celles-ci, Joseph Kabila avait voulu jauger l’appréciation de son initiative par les chefs des confessions religieuses, es acteurs de la Société civile, ceux de la Majorité et de l’Opposition, sur la meilleure voie à emprunter pour éviter des élections chaotiques comme celles de 2011.

« J’ai donc engagé la nation sur la voie des consultations et éventuellement du dialogue, afin qu‘ensemble, Opposition, Majorité et Société civile puissent convenir des voies et moyens, permettant de surmonter des obstacles qui jonchent la marche vers la 3”» série d’élections générales, voulues libres, transparentes et crédibles, mais aussi apaisées par notre peuple qui avait été privé d ‘élections démocratiques durant les 45 premières années d’indépendance », a déclaré solennellement le chef de l’Etat dans son discours du 30 juin dernier, prenant conscience du danger qui guète le processus.
Le moment est venu de faire la synthèse des consultations et de convoquer le dialogue. Celui-ci doit impérativement intervenir avant les premiers scrutins à la base prévus le 25 octobre 2015, selon le calendrier de la CENI.
En tout état de cause, de ces pourparlers entre Congolais devra sortir un compromis sur les élections à prendre en compte dans ce cycle électoral. Tout aussi, il devra s’assurer de la fiabilité du fichier électoral de la CENI. Devant tous ces impératifs, il est impensable que les élections à la base aient lieu dans les deux mois qui suivent. La CENI, non seulement n’a pas le financement nécessaire pour ses opérations, mais également elle n’a pas encore passé les commandes des kits électoraux. Selon les chiffres de la CENI, sur les 11 000 kits utilisés lors de dernières élections de 2011, il n’en reste que 3 000. Où sont partis les 8 000 ? Question ouverte.

Il n’est pas exclu que de ce dialogue, les acteurs politiques puissent alléger le processus et ne garder que les élections essentielles, à savoir les provinciales, les sénatoriales, celles des gouverneurs, les législatives et la présidentielle. Ces Scrutins ont l’avantage de requérir le soutien aussi bien des partis de la Majorité présidentielle, de l’Opposition nue des acteurs de la Société civile de même que celui de la communauté internationale.

Seule la souplesse du calendrier électoral permettra de respecter les délais constitutionnels et faire en sorte que I’ alternance politique se passe sans heurts.

LES NOUVEAUX MAJEURS

L’enrôlement de nouveaux majeurs est un élément important qui invite tout le monde à un sens élevé de responsabilité. Ne pas inscrire les nouveaux électeurs sur les listes électorales est une violation grave de la Constitution. Nul ne peut en porter la charge devant l’histoire sans se faire condamner. Ouvrir cette brèche, c’est rendre justice à ces millions de Congolais qui doivent et ont besoin de remplir leur devoir citoyen.

Cependant, il faudra s’y prendre à temps, en levant l’option lors du dialogue qui se profile à l’horizon. Le deal ainsi obtenu permettrait de passer des commande des kits de les déployer sur toute l’étendue du territoire national, de former le personnel...
Selon des estimations crédibles, un minimum de dix mois serait indispensable. Un fichier électoral incluant les nouveaux majeurs, extirpant de la liste les morts, serait à même de rassurer tout le monde sur la crédibilité du processus engagé.

Le POTENTIEL

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