Didier Reynders et Alexander De Croo mobilisent pour des élections apaisées en RDC

Mardi 24 février 2015 - 08:57

voulus rassurants. «Il y a moins de trois ans, il nous était difficile de convaincre le Gouvernement belge de nous permettre de venir ici en République démocratique du Congo», révèle Didier Reynders. Aujourd’hui, affirme-t-il, beaucoup de choses ont changé et l’on enregistre même des avancées dans plusieurs domaines.

Des avancées enregistrées en RDC

Aux dires du patron de la diplomatie belge, c’est de bon œil que Bruxelles constate la volonté du Gouvernement congolais d’organiser les élections. Un engagement qui, selon lui, a pris corps en 2006. Avec certes « un processus électoral qui se met en place ».

Didier Reynders se félicite aussi des progrès enregistrés sur le plan sécuritaire, particulièrement à l’Est de la RDC où le Gouvernement, avec le concours de la communauté internationale, combat des groupes armés. En ayant surtout réussi à mater les insurgés du M23, fait remarquer le Vice-Premier ministre belge.

«La sécurité est sans doute un élément fondamental pour un pays», souligne Didier Reynders, tout en indiquant que, malgré des avancées certaines, beaucoup de choses restent encore à faire sur le plan sécuritaire en République démocratique du Congo. «On doit réfléchir sur la meilleure manière d’intervenir sur le terrain», fait-il remarquer, faisant allusion au récent désengagement de la Monusco dans la traque contre les FDLR à l’Est de la RDC.

«Il faut veiller à ne pas affaiblir les Etats face aux menaces des terroristes, rétorque pour sa part Raymond Tshibanda. Si la Monusco estime qu’elle ne peut nous aider à neutraliser les FDLR, nous prenons actes. Avec ou sans la Monusco, nous allons tâcher de les désarmer pour faire respecter la souveraineté de la RDC».

Organiser la présidentielle et les législatives dans le délai

Il se pose également des problèmes au niveau de la Coopération bilatérale entre Bruxelles et Kinshasa, fait savoir Didier Reynders, convaincu que certains investisseurs sont encore réticents, alors que le pays enregistre une croissance économique saluée par des institutions de Breton woods.

S’attendant donc à assister bientôt à une croissance à deux chiffres qui pourrait booster la motivation de bon nombre d’investisseurs étrangers en les incitant à affluer en RDC, le patron de la diplomatie belge exhorte les décideurs congolais à se mobiliser pour la réussite du processus électoral.

Didier Reynders se réjouit à cet effet de la publication du calendrier électoral global par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il espère voir les autorités congolaises respecter les échéances fixées en organisant particulièrement la présidentielle et les élections législatives dans le délai, c’est-à-dire avant fin 2016.

Saisissant la balle au bond, Alexander De Croo a jugé ambitieux l’agenda des élections et manifesté son désir de voir le scrutin se dérouler dans la quiétude. «Nous sommes, dit-il, très heureux de l’agenda des élections. Mais nous tenons, en même temps, que ces élections soient apaisées».

A travers ce scrutin, le Ministre belge en charge de la Coopération au Développement espère voir garantis la liberté d’expression, le libre vote et l’égalité de chance entre tous les candidats aux différentes élections.

«Notre apport n’est peut-être pas visible, mais il est très utile»

Visiblement exigeants sur le délai et la crédibilité du processus électoral en RDC, les deux membres du Gouvernement belge se montrent toutefois réservés sur la hauteur de la contribution de Bruxelles dans le financement de ces élections qui, selon la CENI, coûteraient au-delà de 1 milliard de dollars américain.

«On est prêt à accompagner le processus», s’est contenté d’affirmer Didier Reynders. On avait, dit-il, pensé jadis à un appui aux élections locales qui devrait non seulement être bilatéral, mais aussi bilatéral.

Face au scepticisme de certains Congolais qui ne voient plus aujourd’hui l’impact de la Coopération belge, Alexander De Croo a refusé, de prime abord, de se comparer à d’autres partenaires de la RDC.

«A Kinshasa, a-t-il indiqué, la Coopération Technique Belge est très active dans des milieux éloignés du centre urbain. Notre apport n’est peut-être pas visible, mais il est très utile. Est-ce qu’on peut faire plus ? La réponse est oui. Mais, il nous faut juste renforcer l’engagement mutuel».

Une croissance pas encore suffisante

Pour sa part, le ministre Raymond Tshibanda a tenu à éclairer la presse belge qui ne comprend pas comment la RDC continue à clamer ses croissances économiques au moment où le social du Congolais demeure embryonnaire.

«La Banque mondiale nous classe parmi les dix pays les plus réformateurs, soutient-il. On est en train de remonter à la surface. Il y a certes de la croissance économique, mais elle n’est pas encore suffisante pour se faire ressentir dans le quotidien de la population».

Prenant le cas du secteur minier, le patron de la diplomatie congolaise assure que la RDC est sortie du néant.

«On est aujourd’hui arrivé à produire plus de 1 million de tonnes de cuivre par an, devenant ainsi le plus grand producteur du continent. Ce qui n’était plus le cas dans le passé. Je vous donne rendez-vous dans deux voire trois ans pour avoir la réponse à votre question », explique-t-il.