ECHOS DU CONCLAVE DE L’OPPOSITION DES COUPS DE GUEULE HIER À BRUXELLES

Vendredi 10 juin 2016 - 07:18
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Un groupe de conclavistes, opposé au Dialogue, a claqué la porte sous des coups de gueule, avant de regagner la salle quelques heures après. Curieusement, un consensus s’est dégagé autour de la Résolution 2277 de l’ONU du 30 mars dernier qui prevoit aussi la tenue d’un forum national en RDC.
Le ton a monté hier jeudi 09 juin, au deuxième et - en principe dernier - jour du Conclave de l’Opposition rd congolaise à Bruxelles. " Les portes ont même claqué ", a précisé un correspondant de TV5 sur place. A l’origine de la tension, l’exhortation d’Etienne Tshisekedi qui a invité ses pairs de l’Opposition à adhérer au Dialogue. Jusqu’au moment où nous mettions cette édition sous presse, rien n’a fuité quant aux conclusions de cette rencontre qui s’est clôturée tard dans la soirée d’hier. Ce, sans exclure les prolongations.

A l’évidence, la problématique de la participation de l’Opposition au Dialogue n’a pas fait l’unanimité des Opposants présents à Bruxelles. Certains ont approuvé la suggestion d’Etienne Tshisekedi. D’autres l’ont carrément rejetée. Un seul point commun cependant, à savoir l’accord de tous les Opposants en faveur de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies. Vu des observateurs indépendants, l’Opposition fait preuve d’une lecture partielle de cette même Résolution de l’Organe de prise de décision de la superstructure mondiale.
Tenez. Adoptée le 30 mars dernier, la résolution 2277 de l’ONU n’enjoint pas seulement au Gouvernement congolais d’organiser les élections dans le délai constitutionnel. Soit, avant la fin de l’année en cours. Bien au contraire. La dite Résolution invite les acteurs politiques à dialoguer en vue d’une solution consensuelle à tous les problèmes liés aux enjeux politiques de l’heure. Principalement la tenue des élections. Et donc, l’élaboration d’un calendrier consensuel des scrutins prévus. Alors, si les Opposants en conclaves se disent favorables à cette Résolution, ils doivent en tirer toutes les conséquences. On devrait sans doute éviter le piège du tiers exclu du genre " OUI…, Mais ". Ou bien qu’ils soutiennent cette Résolution dans sa globalité, du moins dans son volet sur la RD Congo, ou bien qu’ils la rejettent dans son ensemble. Ce serait faire preuve de cohérence et d’honnêteté intellectuelle.

REGARDER LA REALITE EN FACE
Juin 2016. Un simple exercice d’arithmétique renseigne que les Congolais sont à un peu plus de quatre mois seulement, de la fin constitutionnelle du mandat actuel du Président Joseph Kabila. Soit novembre prochain. Entretemps, l’hypothèse de la tenue des élections dans le délai est à exclure. Il s’agit principalement de la présidentielle qui semble être le plus important et le plus attendu de tous les scrutins prévus pour le cycle en cours.
Que l’Opposition réclame l’alternance au sommet de l’Etat, elle a raison. Tant ce changement procède de l’exercice, même de la démocratie. Cependant, elle doit comprendre aussi que l’alternance politique ne se décrète pas. Elle est plutôt une possibilité d’accéder au pouvoir par les mécanismes démocratiques. Pour le coup, l’élection. Par rapport à cet idéal d’opérer un changement au sommet de l’Etat, la situation actuelle du pays oblige les acteurs politiques à plus de réalisme. La question est simple. " Par rapport au temps qui nous sépare de la fin du mandat du Président Joseph Kabila, est-il réaliste d’organiser l’élection présidentielle dans le délai ? Tant mieux si toute la logistique est réunie. Tant mieux aussi, si toutes les conditions sont réunies.
A l’inverse, la question serait : " comment entend-on gérer le pays dans l’hypothèse plus que vraisemblable où la présidentielle ne serait pas organisée dans les échéances constitutionnelles prévues ". Cette hypothèse qui parait la plus plausible, veut que l’on y réfléchisse sans complaisance. Et, lorsqu’Etienne Tshisekedi déclare mercredi 08 juin, à l’ouverture du Conclave de l’Opposition " qu’il faille conjurer le chaos qui se profile à l’horizon en RD Congo ", il ne croit pas si bien dire. Par cette litote, l’historique Opposant rd congolais qui a battu le rappel de troupes dans la capitale belge, met en exergue l’impératif de trouver des réponses à toutes les hypothèques qui planent sur le pays. Et, pour Etienne Tshisekedi, le Dialogue reste la seule voie royale de sortie de l’impasse politique actuelle.

ON NE PEUT PAS VOULOIR UNE CHOSE ET SON CONTRAIRE
On peut tout dire. On peut tout faire. La réalité est telle qu’au stade actuel des choses, la tenue du scrutin présidentiel est quasi impossible. D’où l’impératif d’une solution négociée pour éviter le chaos au pays. Bonjour le Dialogue. Or comme le Tango qui se danse toujours à deux, le Dialogue politique en Rd Congo ne doit pas être l’apanage d’un camp politique qui excluerait l’autre. Partant, les différentes parties prenantes se trouvent devant le devoir de créer des conditions favorables à la tenue de cette rencontre. Ce qui ne semble pas être le cas, lorsqu’on observe l’agir de certains acteurs politiques. On ne peut donc pas, en même temps vouloir le Dialogue et ne pas créer les conditions nécessaires à son organisation.
A moins d’avoir des agendas cachés, on ne peut pas prétendre conjurer le scenario catastrophe à venir par une toute autre voie que le Dialogue. Comment vouloir une suite apaisée et ne pas dialoguer ? Toute la question est là.
Organisé mercredi 8 et jeudi 9 juin, le conclave de l’Opposition à Bruxelles a eu pour objectif affiché de se mettre d’accord sur une stratégie commune et réclamer la tenue de la présidentielle avant la fin de l’année. A l’ouverture des travaux de ce conclave, le mercredi 08 juin, Olivier Kamitatu du G7, a déclaré que cette rencontre a le mérite de montrer au peuple congolais que l’Opposition peut se rassembler et convenir d’une stratégie commune en vue de l’alternance en RDC. Cependant, les dissensions survenues au premier jour des travaux ainsi que les coups de gueule entendus hier, ont laissé perplexes certains observateurs, quant à l’aboutissement heureux des travaux dudit conclave.Laurel KANKOLE