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Les parties prenantes aux travaux du dialogue vont passer au peigne fin les trois scenarios proposés par le président de la Céni, Corneille Nangaa, comme voie de relance du processus électoral. Il s’agit soit de la prise en compte du fichier électoral actuel mais corrompu, soit de la révision du fichier électoral pendant 16 mois et 1 jour, soit de la refonte du fichier électoral. Les délégués au dialogue de la Cité de l’UA sont appelés à trancher.
La Cité de l’Union africaine (UA) a vibré, hier mardi, au rythme de l’évaluation du processus électoral présentée par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa. Les participants au dialogue ont écouté religieusement le président de ta CENI venu les fixer sur les difficultés à organiser en 2016 les élections dans les délais constitutionnels.
Dans la foulée, Corneille Nangaa a proposé aux pallies prenantes trois pistes comme voie de sortie. La première piste consiste à considérer l’actuel fichier électoral que la Céni considère déjà « corrompu », car ne prenant pas en compte les nouveaux majeurs non intégrés dans le fichier de 2011. La deuxième piste passe par la révision du fichier électoral en prenant en compte les cas de nouveaux majeurs, les cas des décès ainsi que les congolais de la diaspora. La troisième piste est une refonte du fichier électoral par la reprise des opérations d’enrôlement et d’identification des électeurs.
Au deuxième jour du dialogue, les délégués au forum de la Cité de l’UA semblent maintenant entrer dans le vif du sujet. D’ores et déjà, la Majorité présidentielle, omniprésente dans ce dialogue, a annoncé les couleurs. Elle est favorable à la 2ème option de la Céni, c’est-à-dire une révision du fichier électoral pendant au moins 16 mois. Ce qui est tout à l’avantage de la MP, dans la mesure ce scenario consacre le glissement du cycle électoral; principal mobile du dialogue qu’a toujours défendu la MP.
Appelé à rencontrer les préoccupations de la Majorité présidentielle après le huis clos de ce mardi, Léonard She Okitundu, porte-parole de la MP au dialogue, a fait savoir qu’un expert de la MONUSCO en matière électorale a exigé, au cours, de cette séance, la tenue de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel en considérant le fichier électoral actuel. Selon lui, le schéma proposé par la communauté internationale présente un désavantage et laisse en marge du processus électoral plus de 10 millions d’électeurs. « Nous ne pouvons pas accepter de sacrifier 17 millions d’électeurs. La proposition de la CENI est la meilleure, C’est à nous de lever l’option pour un compromis à trouver sur la tenue de l’élection présidentielle », s’est- il défendu.
LE GLISSEMENT EST DEJA CONSOMME
Me Yoko Ya Kembe s’est aligné au point de vue de la MP. Il est d’avis que non seulement le fichier électoral actuel est corrompu mais surtout il est infecté et non adapté. « Il importe de trouver un compromis pour sauver la situation en mettant d’accord la classe politique surfa tenue de l’élection présidentielle», a-t-il prévenu. Dans tous les cas, le glissement est déjà consommé. Car, à ce jour ii n’y a pas une piste qui sera exploitée dans e respect des délais constitutionnels.
Pour sa part, Dr Mamadou Diallo, représentant adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, a convié les acteurs politiques à opérer un choix « judicieux » entre les trois pistes proposées par la CENI. Il y va, pense-t-il, de la sauvegarde du processus électoral.
Vu la délicatesse de la question à l’ordre du jour, Vital Kamerhe, co-modérateur du dialogue pour le compte de l’opposition, est revenu sur les trois voies de sortie de la CENL Il a estimé qu’à l’issue des débats démocratiques et transparents, une option sera levée pour sauver le processus. « Comme je l’ai dit, nous sommes porteurs à ces assises des frustrations, des requêtes, des doutes de ceux qui sont en dehors de la maison du dialogue », a-t-il rappelé, appelant les délégués à faire preuve de responsabilité pour dégager une option qui contente tout le monde.
Dès ce mercredi matin, les délégués au dialogue reprennent le chemin de la Cité de l’UA pour des discussions approfondies des scenarios de la CENI. Peut-on déjà s’entendre à un compromis dans les prochaines heures. C’est peu probable. Mais, le débat promet d’être houleux. Sans doute, la Majorité présidentielle, qui semble maîtriser la dynamique de la salle, finira par imposer son point de vue. C’est tout ce que la famille politique du chef de l‘Etat attend de ce dialogue. C’est-à-dire obtenir à partir d’un glissement consensuel le prolongement du bail présidentiel de son autorité morale, Joseph Kabila.
Par Médard MUYAYA