Guerre Kabila-Katumbi : «Prière» contre «Dialogue»

Mercredi 20 janvier 2016 - 20:01

La guerre entre Kabila et Katumbi fait rage. Pour sortir de la crise le premier propose Le Dialogue dont le second n'en veut pas, y voyant une astuce pour prolonger indûment le bail du président à la tête du pays.
Le nouvel opposant assumé à Joseph Kabila, Moïse Katumbi, empêché d'organiser des meetings populaires,  a donc lancé il y a deux jours l'opération « prière» pour implorer l'aide de Dieu dans son combat pour le respect de la Constitution et l' organisation des élections générales cette année au plus tard.
L'ancien gouverneur du Katanga face aux incessantes entraves de libertés publiques dont il est victime-pas de meetings, pas des marches-, a trouvé une autre façon politique de s'exprimer: la prière. Il a appelé le lundi 18 janvier ses compatriotes à consacrer chaque 12 heures piles 2 minutes de prière pendant un mois. Prière dédiée à la nation car au bord d'une crise politique aiguë selon lui.
Son mot d'ordre a été bien évidemment raillé par les partisans de la Majorité présidentielle (MP) qui y voit une instrumentalisation de Dieu à des fins politiques. En même temps, il a été très suivi à Lubumbashi où une foule s'est mise à genou ce mercredi 20 février sous le coup de 12 heures dans  un quartier populaire de la ville cuprifere. Moïse Katumbi  était lui-même parmi eux, ce qui a largement contribué au succès de l'opération. A ses côtés, il y avait Gabriel Kyungu et Danny Banza, deux de ses proches alliés du G7.
Hier mardi, ses partenaires, Gabriel Kyungu et Charles Mwando, entourés d'une autre foule, s'étaient agenouillés sur la place Moïse Tshombe pour «prier» pour la RDC.
Depuis on assiste à la publication sur les réseaux sociaux des photos des plusieurs congolais en attitude de prière en guise d'adhésion à la démarche de Katumbi.
Cette nouvelle arme désarçonne un peu le pouvoir car il est difficile de réprimer une manifestation «spirituelle». Dans l'opinion nationale congolaise, on ne badine pas avec le sacré car il est considéré comme supérieur au pouvoir temporel. En plus elle vraiment pacifique. Cela ôte tout prétexte à une eventuelle répression.
D'où la retenue observée jusqu'ici par les très zélés commissaires spéciaux, prompts à prouver leurs maîtres comment ils savent «faire respecter l'autorité de l'État».
Mais Katumbi n'est pas le premier dans l'Histoire a avoir eu recours à la prière dans les moments critiques d'une nation.
C'est le cas notamment de Winston Churchill, premier ministre britannique, et du président américain, Eisenhower, qui décréterent une journée de jeûne et prière avant le débarquement des alliés en Normandie en 1944 lors de la 2ème Guerre mondiale.
Désormais politique et spiritualité font bon ménage.