Pour une première, elle en est une. Baptisée ’’Emergence’’, l’exposition en cours dans le hall du Grand Hôtel Kinshasa (GHK) aligne 140 toiles et sculptures qui, pour la première fois en vingt-six ans, quittent la galerie Antika du collège Boboto pour se révéler au grand public qui fréquente cet hôtel. Ouverte le 21 mars dernier, cette exposition se tient jusqu’au 26 avril. Reportage.
Les couloirs du GHK affichent un nouveau look depuis qu’une nouvelle administration a pris les choses en mains. Si jadis, les bureaux et les façades du hall de cet hôtel n’affichaient que les tableaux d’un seul peintre congolais qui avait l’exclusivité de l’exposition permanente, les choses ont désormais changé. Aujourd’hui, une quarantaine d’artistes de Kinshasa voient leurs œuvres orner cet espace très fréquenté.
Bien souvent, l’œil curieux tombe sur trois belles dames, peintes avec finesse par l’artiste Mujinga. Leurs regards sont souvent captivés par les tableaux originaux du talentueux Mbikulu qui trônent ostensiblement dans toutes les entrées du Grand Hôtel.
L’ENTHOUSIASME DES VISITEURS
"Ouaouh ! Quelles belles œuvres !", s’exclame - les yeux écarquillés et sourire aux lèvres - un visiteur qui tombe sur les toiles du sexagénaire Bienso Toko. Fin dessinateur, l’artiste a brossé avec agilité le portrait de deux femmes africaines, fières de brandir leurs seins nus.
Non loin de ces tableaux, d’autres visiteurs restent emportés par les différentes toiles du peintre Nzoïba, un autodidacte qui s’est spécialisé dans la description des paysages. A travers ses œuvres, le visiteur se retrouve en pleine jungle dans la forêt équatoriale ou en train d’admirer la cime de l’imposant volcan de Nyiragongo, au Nord-Kivu.
Dans les couloirs du GHK, le curieux est surpris de se retrouver nez à nez avec une cigogne métallique, haute d’environ 1,80 m qui, curieusement, ne vole pas comme les autres oiseaux de son espèce. D’autres sculptures, beaucoup moins imposantes, sont disséminées à travers le hall, aux côtés des salons huppés où s’installent des visiteurs de marque. On y retrouve des œuvres en bois, en bronze ou en fer, reflétant aussi bien des figures réelles que des images abstraites ou tirées de l’univers du figuratif.
SATISFACTION FACE A L’EFFET PRODUIT
Promoteur de cette exposition, l’antiquaire Aimé Mbungu Mbuka est visiblement satisfait de l’effet produit sur le public. "Nous avons voulu faire découvrir au monde une quarantaine d’artistes plasticiens que nous avons sélectionnés au sein de notre galerie d’art au collège Boboto", révèle-t-il.
"En vingt-six ans, note Aimé Mbungu, la galerie Antika que je dirige au sein de ce collège des Jésuites, au centre-ville de Kinshasa, n’avait jamais pris part à une quelconque exposition publique au pays, en dehors de ses propres installations. C’est la première fois que nous avons accepté de faire sortir 140 toiles et sculptures de notre galerie pour les exposer au GHK, sur demande du DG Marc frère et d’Alain Losembe, le Directeur commercial de cet hôtel. C’est pourquoi nous avons jugé utile de parler de l’exposition ’’Emergence’’. Car, nous donnons ici l’occasion à nos exposants de sortir du lot".
26 ANS D’HISTOIRE
Jadis étudiant en peinture à l’Académie des Beaux arts de Kinshasa, Aimé Mbungu a été recommandé à l’Université Pédagogique Nationale (UPN), juste après le 1er graduat. Cette décision des autorités académiques, prise au plus fort du règne de Me Liyolo, était loin d’étouffer l’âme d’artiste qui sommeillait en lui.
Diplômé des humanités littéraires à l’Institut de la Gombe en 1984, Aimé Mbungu n’a plus voulu continuer aux Lettres à l’UPN. Passionné pour les arts plastiques, il a ouvert, en 1990, sa galerie d’œuvres antiques au collège Boboto, alors qu’il n’avait que 26 ans.
Aujourd’hui, 26 ans après, Aimé Mbungu a pris l’option de révéler au grand public les œuvres de tous les artistes qu’il a recrutés pour exposer dans son espace. Parmi la quarantaine d’artistes qu’il a ciblés pour l’exposition ’’Emergence’’, l’antiquaire congolais a porté son dévolu, au mois de mars dernier, sur deux femmes : l’une plus âgée et l’autre plus jeune. Cette dernière, selon Aimé Mbungu, étant curieusement âgée de 26 ans. Yves KALIKAT