Des millions de Congolaises et de Congolais ne se font plus d’illusion quant à la marche lente mais sûre du processus vers le fameux « glissement ». Plus personne ne doute de l’incapacité de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) de contourner les contraintes politiques, juridiques, techniques et financières qui l’empêchent d’organiser les élections locales, municipales et législatives provinciales le 25 octobre 2015, telles qu’inscrites à son « calendrier global » rendu public au mois de mai dernier. Les derniers espoirs d’un rattrapage viennent d’être balayés par le rejet, par le Sénat, de la Loi portant répartition des sièges par circonscription électorale pour les élections locales et municipales.
Il n’en fallait pas plus pour constater l’implosion pure et simple du calendrier électoral, après « l’atterrissage forcé » des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs de province dans le chronogramme de la CENI, exactement aux dates initialement arrêtées par cette institution d’appui à la démocratie pour le choix des députés provinciaux et des animateurs des entités politico-administratives situées au pied de la pyramide.
Même si la fameuse loi sur la répartition des sièges était votée au Sénat, convoqué en seconde session extraordinaire à compter du 10 août 2015, les dés sont jetés. Le souverain primaire congolais n’ira pas aux urnes cette année. Le temps va faire terriblement défaut à la CENI pour élaborer une nouvelle cartographie des chefferies, groupements, secteurs et communes de la République, dans une cacophonie indescriptible de statistiques démographiques. Le temps va aussi lui manquer pour organiser, après les élections des gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces, celles des députés provinciaux, des chefs de secteurs, des conseillers communaux et des bourgmestres.
Politiquement, juridiquement et techniquement bloquée, la CENI l’est également au plan des finances. Avant que ne surgissent, comme des cheveux dans la soupe, les élections des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces issues du découpage territorial, la loi sur la répartition des sièges par circonscription électorale a entretenu l’espoir de voir le « pouvoir organisateur des élections » réaliser un miracle. On pense que cela n’est plus possible, tant l’incertitude persiste au sujet du financement des élections, celles-ci n’ayant pas été budgétisée pour l’exercice 2015. Comme si cela ne suffisait pas, la mission d’audit pilotée par l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) a finalement reconnu, sous la pression de l’Opposition et de la Société Civile, que le fichier électoral était réellement « pollué » avec la présence des morts et des doublons. A ce sujet, la Ceni a été invitée à revoir sa copie et à revenir à la seconde « session », au mois de septembre.
Elections locales, municipales et législatives provinciales en 2016 ou 2017 ?
Avant que la situation de la CENI ne se complique avec la mise en route, par la Majorité présidentielle, du train des improvisations politiques et administratives (éclatement de 6 provinces en 21 nouvelles provinces, loi sur la répartition de sièges recalée puis votée à l’Assemblée nationale mais actuellement recalée et en ballottage défavorable au Sénat, projet de Dialogue national pour un processus électoral transparent et apaisé), l’Opposition en appelait au report des élections locales, municipales et législatives provinciales, au motif que les contraintes politiques, techniques et financières ne garantissaient nullement leur tenue.
Dans le souci de prévenir tout « glissement » de calendrier électoral, ou, plus précisément, toute prolongation des mandats du Chef de l’Etat, des sénateurs, des députés nationaux, des députés provinciaux, des gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces, cette famille politique recommandait d’accorder le bénéfice de l’urgence aux élections présidentielle et législatives nationales, car régies par des délais constitutionnels inflexibles.
Au regard du dérèglement du calendrier électoral provoqué par le gouvernement, en obligeant la CENI d’organiser impérativement les élections des gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces, le débat de l’heure tourne autour de la date de la tenue des élections locales, municipales et législatives nationales.
Pour une large tendance de la Majorité Présidentielle, l’ordre d’organisation des scrutins, tels que prévus dans le calendrier électoral global, doit être respecté. Autrement dit, le bal devrait s’ouvrir par les élections locales, pour se terminer par la présidentielle et les législatives nationales. Autrement dit, ces deux scrutins doivent être les derniers à organiser par la CENI, quelle, que puissent être les contraintes politiques, juridiques, techniques et financières.
Quant aux tenants du respect de la Constitution, qui se recrutent au sein des frondeurs de la famille politique du Chef de l’Etat, de l’Opposition et de la Société civile, ne pas organiser les élections présidentielle et législatives nationales le 27 novembre 2016 serait synonyme de « glissement ».
A propos du « glissement », personne n’ose en endosser la responsabilité, à cause de son effet négatif dans l’opinion aussi bien nationale qu’internationale. Aussi, pour dédouaner tout le monde, un acteur politique avait préconisé, dernièrement, un « glissement collectif », s’attirant au passage la foudre des forces politiques et sociales qui ne veulent pas entendre parler de dépassement d’un quelconque mandat.
Kimp