Pourquoi le président honoraire Joseph Kabila a préféré l'ex ministre de la justice Alexis Thambwe Mwamba (ATM) à l'ex ministre du Plan Modeste Bahati Lukwebo (MBL), pour occuper le fauteuil prestigieux de président du sénat ?
Similarités et différences entre les deux hommes
Les deux hommes sont tous rompus à la gestion de la chose publique. Thambwe Mwamba comme Bahati ont été plusieurs fois ministre et directeur général dans les entreprises publiques. Avantage tout de même à ATM qui en a plus occupé que MBL.
En termes de poids politique, c'est Bahati Lukwebo qui mène face à ATM. Bahati revendique être la deuxième force politique, après le PPRD, du Front Commun pour le Congo (FCC), la coalition qui soutient le président honoraire Joseph Kabila.
Son regroupement AFDC et Alliés compte :70 députés provinciaux, 43 députés nationaux et 14 sénateurs.
Thambwe Mwamba lui n'est pas à la tête d'une machine politique.
Mais alors qu'est-ce qui a fait pencher la balance en sa faveur ?
Sa loyauté envers l'ex président de la République, selon plusieurs cadres du FCC.
Il a une relation privilégiée avec Joseph Kabila car il est discret, efficace et fidèle, selon ses soutiens.
L'autre atout qui a fait triompher ATM, c'est aussi parce qu'il a été le dispositif-clé contre les ambitions présidentielles de Moïse Katumbi, ex allié de Kabila devenu son opposant redoutable.
Les affaires Mercenaire et Passport notamment qui ont contribué substantiellement à écarter Katumbi de la présidentielle de 2018 furent l'oeuvre de ATM. En tant que ministre de la justice, il a instruit le parquet à ouvrir des enquêtes à charge contre l'ex gouverneur du Katanga.
En cela, il a pris de gros risques et en a payé le prix fort car des poursuites judiciaires ont été ouvertes contre lui aux États-Unis (affaire Daryl) et en Belgique.
Thambwe Mwamba fait aussi partie des personnalités proches de Kabila qui ont été sanctionnées soit par l'Union européenne soit encore par les Etats-Unis.
Des cadres du FCC font observer que Modeste Bahati n'a pas pris des risques comme Alexis Thambwe Mwamba et les autres. Il se la coulait douce au ministère du Plan.
Ils font remarquer que Bahati n'est même pas sanctionné. Pendant que le régime Kabila était dans la dur, MBL s'en est sorti sans une seule égratignure. Or, les autres personnalités proches de Kabila comme Thambwe, Boshab, Shadary, Mende, ont été sanctionnées ou font l'objet des poursuites judiciaires.
Elles ont encore besoin du bouclier de l'Etat pour se protéger des Etats-Unis et de l'Union européenne.
ATM fait face notamment à plusieurs procès au USA et en Belgique.
Il a été aussi sanctionné par les deux institutions (restriction de visa et gel des avoirs).
Bahati lui, n'est pas confronté à ce type de problème, selon des cadres du FCC remontés contre lui.
Pour toutes ces raisons, le choix de Kabila ne pouvait que se porter sur ATM, d'après plusieurs cadres du FCC.
C'est aussi pourquoi, Kabila a positionné, l'ex ministre de l'intérieur Boshab, au poste de vice-président de la chambre haute.
Après son échec à la primature, poste convoité par lui mais échu à Sylvestre Ilunga Ilunkamba, Modeste Bahati essuie un deuxième revers au sénat.
Va-t-il rester au sein du FCC ou fera-t-il dissidence ?
Le FCC a plus ou moins 330 députés nationaux. Sans l'apport de Bahati, plus de 40 députés, il conservera la majorité absolue à l'assemblée nationale.
Mais, Bahati peut décider de renforcer CACH, la coalition qui soutient le président Félix Tshisekedi. Depuis son ''indiscipline'', ses partenaires politiques du FCC tirent à boulets rouges sur lui.
*Qui est ATM ?*
Dire la vérité: Alexis Thambwe n’est pas du PPRD. Né à Longa, le 6 mai 1943, Alexis Thambwe-Mwamba est originaire du Territoire de Kasongo, province du Maniema. Il est licencié en Sciences politiques et diplomatiques, licencié en Droit et détient en plus, une maitrise en Droit et Sociologie du travail. Il a, par ailleurs, un diplôme honoris causa de Docteur en Philosophie.
Homme d’expérience dans la gestion des entreprises tant publiques que privées et acteur politique, Alexis Thambwe- Mwamba a, tour à tour, assumé les fonctions d’administrateur à la Société nationale des chemins de fer du Zaïre (SNCZ), à la Banque commerciale zaïroise (BCZ), au conseil d’administration des Instituts supérieurs congolais (ISP), à l’Association nationale des entreprises du Zaïre (Aneza), à la Société minière et industrielle du Kivu (Sominki), à la Compagnie financière et minière belge (Cofimines), à la Compagnie belge de gestion minière (Cogemin).
Il a été administrateur délégué et vice-président du conseil d’administration de la Sominki, président délégué général de l’Office des douanes et accises (Ofida), ambassadeur de la République démocratique du Congo en Italie, avocat au barreau de Kinshasa. Plusieurs fois ministre (Travaux publics, Porte- feuille, Transports et Communications, Plan, Affaires Etran- gères, Justice...), élu député national de la circonscription électorale de Kindu (2006). Alexis Thambwe-Mwamba possède une longue expérience professionnelle, notamment politique. Il est négociateur des Accords de Lusaka, de Sun City et de Pretoria.
Auteur de plusieurs ouvrages « Droit douanier zaïrois » (1996), « Trois années d’efforts de reconstruction » (2006)...
Alexis Thambwe-Mwamba parle couramment le français, et le swahili et a une bonne pratique de l’anglais. Il est marié et père de sept enfants.
Alexis Thambwe-Mwamba est élu sénateur de la province du Maniema. Cette dernière créée par ordonnance le 20 juillet 1988, est située à l’est de la République Démocratique du Congo.
Alphonse Muderhwa