Tribune : Le rôle des femmes dans la lutte contre la corruption (Anny Modi)

Dimanche 13 septembre 2020 - 22:10
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Compte tenu chez nous, du poids des agents de sexe masculin dans les affaires publiques (gouvernement, parlement, pouvoir judiciaire, sécuritaire...) et dans le secteur privé, une telle approche n'est pas dénuée d'intérêt. « L'abus de pouvoir reçu en délégation à des fins privées », la corruption touche tous les secteurs de la vie nationale. 

Elle est l'acte d'un fonctionnaire qui accorde un contrat à un ami, d'un cadre d'entreprise qui offre un cadeau à un responsable gouvernemental, en vue d'obtenir un avantage indu. C'est encore le fait d'un agent public qui se sert de son pouvoir pour obtenir une faveur pour un membre de sa famille, etc. En tout état de cause, les conséquences néfastes de la corruption sur le développement social, économique et politique ne sont plus à démontrer. 

Il revient à tous les secteurs de la vie nationale de lutter contre la corruption. Mais, le rôle des femmes est beaucoup plus important au regard de leur nombre et du rôle fondamental qu'elles jouent dans l'éducation des enfants au foyer, en particulier et dans la société en général. Les femmes peuvent contribuer à faire reculer les frontières de la corruption dans la société congolaise.

I-La femme : gardienne des valeurs morales. Toute société fonctionne sur la base des interdits dont la transgression fait de l'agent social un déviant ou un délinquant. Ces interdits doivent être enseignés à l'enfant dès le berceau, de même que les valeurs sociales telles que l'honnêteté, l'intégrité, le culte de l'effort, l'amour du travail, le respect du bien et des droits d'autrui... Si nombre de ces valeurs constituent, depuis la nuit des temps, le socle des civilisations historiques, force est de constater qu'elles sont parfois foulées aux pieds dans la société, où le vice semble plus présent que la vertu.

La femme, en tant qu'agent social spécifique, c'est-à-dire saisie dans ses statuts de mère, d'épouse, de concubine ou de simple partenaire de l'homme, doit se sentir interpellée par cette situation, se démarquer des pratiques déloyales et apporter sa contribution à l'édification d'une société éprise de ces valeurs. Elle doit jouer son rôle de repère moral et social, d'éveil de conscience et de promotion des vertus cardinales qui font la force d'une nation. 

A- La mère : première éducatrice de son enfant, le fonctionnement de notre société dénote, pour des raisons diverses, que le père est toujours absent ou presque. Ce qui laisse à la mère un rôle primordial dans la formation des enfants. Il revient donc à la femme, en sa qualité de mère et éducatrice de l'enfant, d'enseigner à ce dernier le bien à faire et le mal à éviter, les interdits sociaux à respecter et les actes répréhensibles à ne pas commettre, les limites de ses droits et l'étendue de ses devoirs. L'éducation de l'enfant doit se faire de zéro à six ans.

A ce stade, celle de la petite enfance, la mère doit inlassablement semer les bons grains pour éviter l'ivraie. Cette semence consiste donc à lui transmettre les valeurs morales comme le sens du partage, de la solidarité, du respect mutuel, de la tolérance, de l'obéissance, du respect de la vie, en somme les valeurs morales susceptibles d'en faire un honnête homme dont la société a tant besoin aujourd'hui. 

B- L'épouse ou la concubine : la conseillère la plus influente de son partenaire Il n'est pas rare de rencontrer des consultants ou conseillers officiels, de décideurs se plaindre du fait que leurs avis techniques sont bien souvent restés dans les tiroirs au profit d'autres. C'est que, comme on le dit, derrière tout timonier, il y a une femme. Par ses conseils et suggestions aux côtés de son partenaire, la femme peut favoriser le respect et la promotion des valeurs positives qui sont des prérequis pour la bonne gouvernance.

Il est, en effet, établi que la femme dispose de capacités et dons susceptibles d'influer sur le comportement de l'homme, son partenaire. Parmi ses capacités et dons, la femme doit mettre en oeuvre sa prodigieuse aptitude à obtenir de l'homme des décisions sages et constructives et ce, selon l'adage bien connu « ce que femme veut, Dieu le veut et l'homme le fait ». La femme est donc en mesure de conduire l'homme à la vertu et le détourner du vice qui est à l'origine de la mauvaise gouvernance. 

Alors, il est temps que les épouses ou concubines interrogent leur conjoint sur l'origine douteuse des valeurs auxquelles ne peut, en aucune façon, leur donner droit leur charge officielle. 
II- La femme : vectrice de la bonne gouvernance. C'est reconnu que la femme est le comptable par excellence du foyer.

C'est à elle que revient la délicate tâche de gérer les revenus assez souvent maigres pour joindre les deux bouts sans recourir à des emprunts ou autres artifices. Il faut être bonne gestionnaire pour relever ce défi. En effet, les sociétés où les femmes participent davantage à la vie publique ont des entreprises et des instances gouvernementales « plus propres ». Les comparaisons entre les pays indiquent que plus il y a de femmes au Parlement ou dans le secteur privé, plus le niveau de corruption est bas.

Ainsi, un appel en faveur « d'un nombre accru de femmes dans la politique et dans la force de travail, étant donné qu'elles peuvent constituer une force efficace à l'appui d'une bonne gouvernance et de la confiance dans les entreprises.». Toutefois, le nombre élevé de femmes dans la politique ne suffit pas à réduire la corruption.

C'est la politique démocratique transparente qui est le corollaire de la faible corruption. les femmes transmettent dans l'exercice de leur pouvoir les valeurs du groupe auquel elles appartiennent. La femme peut de différentes manières porter l'étendard de la bonne gouvernance. Notre conviction, que « plus grande sera l'implication de la femme dans la vie publique, plus bas sera le niveau de corruption ».