RDC : L'IGF suspend, jusqu'à nouvel ordre, l'approbation de paiement en faveur du projet Tshilejelu

Lundi 9 août 2021 - 13:07
Image
7sur7

En République démocratique du Congo, l'Inspection Générale des Finances (IGF) a suspendu l'approbation du paiement en faveur du projet Tshilejelu. 

C'est ce que renseigne une correspondance de l'Inspecteur général des Finances chef de service, Jules Alingete, datée du 6 août 2021 et adressée à la directrice générale a.i du Fonds National d'Entretien Routier (FONER).

Pour l'Inspection Générale des Finances, à ce jour le niveau d'exécution physique du projet Tshilejelu contraste de très loin avec l'exécution financière.

En effet, l'IGF souligne que le rapport de sa mission effectuée au FONER fait état d'un paiement au titre de caution de 7 millions USD au profit de la banque UBA dans le cadre de financement du projet Tshilejelu.

"Ladite caution correspond à un déblocage des fonds de l'ordre de 13 millions USD au projet de l'Office des Voiries et Drainage et de la société CREC 7 pour les travaux prévus dans ledit projet", indique Jules Alingete Key dans sa correspondance.

Ainsi, l'IGF dit suspendre ledit paiement en attendant que l'Office des Voiries et Drainage ainsi que le Bureau Technique de Contrôle puissent apporter les éclairages possibles sur cette situation.

Dans l’objectif de désengorger les grandes artères de Kinshasa, le président de la République Félix Tshisekedi avait lancé le 17 mars dernier, les travaux de modernisation et de réhabilitation des voiries urbaines.

Ce projet-pilote dénommé «Tshilejelu » a été a lancé sur l’avenue Terre Jaune dans la commune de la N’sele. Il consiste à réhabiliter et à moderniser un réseau de 40 kilomètres (km) de voiries dans la ville de Kinshasa, en raison de 10 km pour chacun des 4 districts urbains.

Ce projet est le résultat d’un partenariat public-privé. Tshilejelu concerne aussi, dans sa première phase, l’espace Grand Kasaï avec la réhabilitation d’un réseau de 102 km de voiries, réparties dans les villes de Mbuji-Mayi, Kananga, Kabinda, Mwene ditu, Lusambo et Tshikapa. 

Un montage financier de 138 millions de dollars américains a été réalisé avec le concours de la Banque UBA pour couvrir le coût des travaux d’asphaltage et d’éclairage public.

Cependant, l'Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) avait trouvé que ce projet viole la loi de finances qui exige que tout programme hors cadre budgétaire ait l’autorisation préalable du Parlement et ce, dans le cadre d’un 
collectif budgétaire. 

Dans un communiqué de presse publié le 01 avril de l'année en cours, l'ODEP avait relevé des violations de procédure dans le lancement du projet "Tshilejelu" et l'a qualifié d'un programme extrabudgétaire. 

"Dans le même contexte de 100 jours, le président de la République a lancé en grande pompe le projet Tshilejelu, qui consiste à la réhabilitation de plus de 100 km des routes à Kinshasa et dans l’espace Kasaï. La question qu’on se pose, qui a autorisé ce programme ? Il est inscrit dans quelle loi de finances? Est-ce qu’il revient au Président de la République de le faire ? La loi relative aux finances exige que tout programme hors cadre budgétaire ait l’autorisation préalable du Parlement et ce dans le cadre d’un collectif budgétaire, avant son exécution. C’est le premier ministre, Chef du gouvernement qui doit le présenter devant les élus. Concluons que nous sommes en face d’un programme extrabudgétaire", avait indiqué le communiqué de l'ODEP.

Cette ONG avait, en outre, accusé le directeur de cabinet du président de la République et l'Inspection Générale des Finances de vouloir surpasser le rôle réservé aux contrôleurs budgétaires.  

Jephté Kitsita