RDC : Enquête indépendante sur les élections de 2018 par un groupe de militants congolais (Tribune de Grégoire Cyrille Dongobada)

Jeudi 14 avril 2022 - 15:34
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Le Groupe de militants congolais « KOBIKISA TEMOKRASI », c’est un groupe créé en 2015 qui s’oppose au trafic des résultats des élections ainsi qu’à l'ingérence de forces extérieures dans les élections démocratiques.

L'objectif principal de « KOBIKISA TEMOKRASI » est que le président de la République démocratique du Congo soit légitimement élu par son peuple. Le Groupe a mené une enquête indépendante sur les dernières élections en RDC, qui a révélé que les élections de 2018 avaient été truquées. 
Le 30 décembre 2018, des élections présidentielles ont eu lieu en République démocratique du Congo. Selon la Constitution congolaise, les élections devaient se tenir en 2016, lorsque le deuxième mandat présidentiel de Joseph Kabila a pris fin. Les autorités ont expliqué le retard des prochaines élections par l'impréparation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à cet événement d'envergure, l'absence de liste électorale, de matériel électoral correspondant, ainsi que la situation militaro-politique défavorable en l'est du pays.

La CENI a publié la liste des candidats à la présidence, dont le nombre a atteint 21. Il y avait trois principaux candidats.
Fayulu Madidi Martin, entrepreneur, ancien directeur régional d'Exxon Mobil, désigné comme candidat à l'élection présidentielle 2018 par ses collaborateurs membres de la coalition « Lamuka » (Réveille-toi, en lingala) et qui était en tête des sondages d'opinion avant l'élection.
Tshisekedi Felix, président du plus ancien et du plus grand parti d'opposition en RDC, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Ramazani Shadary Emmanuel, vice-premier ministre, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, député national, dont le président Joseph Kabila, a choisi comme successeur.

Quel est le rôle de l'ancien président Kabila dans les élections ?

Les élections de 2016 ont été reportées à 2018 non seulement pour des raisons objectives. Les vrais motifs étaient bien plus profonds. Joseph Kabila était au pouvoir depuis 2001. Comme de nombreux dirigeants africains, Kabila ne voulait pas quitter la présidence, cherchant à « partir pour rester ». Cependant, dans un contexte d'instabilité sociopolitique et de guerre en cours dans l'est du pays, cela était extrêmement difficile à réaliser.

J. Kabila a décidé de ne pas présenter sa candidature à la présidence et a nommé son successeur Emmanuel Ramazani Shadary. Mais plus tard, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 18 ans, s'est rendu compte que son candidat ne pouvait pas passer, et a préféré négocier avec Félix Tshisekedi contre un opposant plus fort.

J. Kabila a vivement condamné l'ingérence de « certains » États membres de l'ONU dans le processus électoral. Le comité électoral a ensuite refusé l'accréditation à de nombreux observateurs internationaux de Belgique, de France, d'Allemagne, des Pays-Bas, d'Italie, du Portugal, d'Espagne, de Suisse, de Suède, du Danemark, de Roumanie et de Finlande. Le refus d'accréditation a provoqué la colère desdits pays, qui ont immédiatement accusé le régime Kabila d'autocratie. Le chef de la République a, à son tour, accusé les États européens de s'ingérer dans les affaires intérieures de son pays. En conséquence, la CENI a invité en tant qu'observateurs internationaux pour les élections de 2018 uniquement des experts de l'Union africaine, de la Communauté de développement d'Afrique australe (CDAA) et de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), c'est-à-dire représentants de la « même famille africaine ».

Le matin du 10 janvier 2019, la Commission électorale de la CENI a annoncé les résultats des élections présidentielles. Le candidat de l'opposition Félix Tshisekedi est devenu le nouveau président du pays avec 38,57 % des voix. Le représentant de l'opposition Martin Madidi Fayulu, est arrivé deuxième avec 34,8 % des voix, et le protégé du dirigeant de la RDC, Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary est arrivé en troisième position avec 23,8 % des voix. Mais pourquoi Tshisekedi a remporté l'élection ? Car sa candidature était le seul moyen pour Kabila d'éviter la perte du pouvoir et le mécontentement populaire. Le discours officiel de Félix Tshisekedi a également soulevé un certain nombre de questions. Le président élu a déclaré qu'il rendait hommage au président Joseph Kabila et que désormais et qu'il ne devait plus le voir comme un adversaire, mais plutôt comme un partenaire du changement démocratique en RDC.

Après cela, l'opinion a immédiatement retenti en RDC et à l'étranger que Félix Tshisekedi et Joseph Kabila se sont simplement mis d'accord sur un partage du pouvoir. Le candidat de l'opposition Martin Madidi Fayulu a exprimé sa méfiance à l'égard des résultats des élections dans le pays. Il a qualifié les résultats de « coup d'État électoral » et a déposé une requête en révision des résultats auprès de la Cour constitutionnelle. 

En effet, selon les données de plusieurs sondages d'opinion publique réalisés en RDC en décembre peu avant les élections, un autre leader de l'opposition, Martin Fayulu, aurait dû recueillir le plus grand nombre de voix, alors que la part de M. Tshisekedi était très modeste.

Le résultat des élections a suscité des questions tant au Congo que dans la communauté internationale. Beaucoup se demandent pourquoi Tshisekedi a gagné : c'est ce qui fait douter de la transparence des élections de 2018. Et c'est pour cela que le Groupe de militants congolais « KOBIKISA TEMOKRASI » a décidé de mener une enquête indépendante. D'après l'enquête, des militants du parti de Kabila, ainsi que des employés de la CENI, pourraient être impliqués dans la falsification des résultats des élections.
Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante entre 2015 et 2021, a été accusé d'avoir falsifié le vote en utilisant des soi-disant machines à voter au lieu des bulletins de vote ordinaires. Une autre figure, Kalev Mutond, administrateur général de l'Agence nationale de renseignements (ANR) entre 2011 et 2019, homme de confiance du président Joseph Kabila est aussi impliqué dans une fraude électorale.

Les spécialistes ont mené une analyse technique de la sécurité informatique et physique du système des élections et de la sécurité informatique de la communication par satellite. Dans la salle des serveurs et du centre des donné certains points faibles ont été détectés. Les spécialistes ont montré aux informaticiens de la CENI la technologie de correction des résultats en temps réel. Les données du scrutin avant la correction du 30 décembre 2018, diffèrent considérablement du résultat final de l’élection.
  
C'est pourquoi il est important que les élections de 2023 ne deviennent pas une nouvelle tentative de tromper le peuple de la République Démocratique du Congo. Martin Fayulu, ancien candidat à l’élection présidentielle en 2018 a adressé une correspondance à l'Union Africaine sur la situation politique en RDC, notamment en ce qui concerne les élections prévues en 2023. Pour lui, l’indépendance et l'intégrité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Cour Constitutionnelle ont été souillées par le régime en place.

Le but de l'enquête est que les gens apprennent la vérité avant les prochaines élections en 2023. La communauté internationale doit prêter attention à la violation des droits constitutionnels des citoyens de la RDC et prendre des mesures pour organiser des élections transparentes et équitables en 2023.

Grégoire Cyrille Dongobada, observateur militaire, chercheur en études politiques