RDC : Des ONG dénoncent les « dérives dictatoriales » de Bazaiba dans la gouvernance du secteur de l’environnement

Vendredi 10 mars 2023 - 10:41
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La relation entre la société civile congolaise et la vice-première ministre de l’environnement et du développement, Eve Bazaiba, est dominée par le syndrome « je t’aime moi non plus » depuis quelques jours. Au point que l’éviction de cette dernière du gouvernement est désormais réclamée.

Le « tripatouillage » du projet du décret du conseil consultatif national des forêts dont le cabinet de Bazaiba se serait rendu coupable et le fait d’avoir fait valider par le conseil des ministres le rapport de la commission de ré-visitation de contrats des concessions forestières sans, au préalable, avoir recueilli les avis des parties prenantes, notamment la société civile, sont les deux dossiers qui ont mis la poudre au feu. 

Dans le projet du décret du conseil consultatif national des forêts, validé en conseil des ministres le 24 février dernier, la VPM se serait accordée des super-pouvoirs, à en croire la société civile.

« Le projet qui avait été validé par la commission n’est pas celui que madame Bazaiba a fait valider par le conseil des ministres. Dans celui qui a été validé par le gouvernement, la VPM se place elle-même comme présidente du conseil consultatif, chose que nous contestons parce qu’elle se met dans une position de conflit d’intérêts », a déclaré Augustin Mpoyi, le mercredi 8 mars, à l’issue d’une réunion qui a réuni plusieurs organisations de la société du secteur environnemental, notamment OCEAN, GTCRR, CODELT, REPALEF et ROSCEVAC.

À lui de poursuivre : « Ça se voit clairement qu’il y a une volonté de pouvoir contrôler tous les grands chantiers qui sont appelés à passer par le conseil consultatif national des forêts. Dans ce décret, c’est elle, en tant ministre en charge des forêts, qui nomme les membres de ce conseil. Va-t-elle se nommer elle-même en qualité de membre et en même temps se désigner comme présidente ? ».

En ce qui concerne le rapport de la commission de révisitation des contrats de concessions forestières, il serait truffé de beaucoup d’erreurs. La société civile soupçonne Bazaiba d’y avoir des intérêts personnels. Raison pour laquelle elle l’a fait valider précipitamment, sans recueillir les avis des parties prenantes.

« Le fait qu’un rapport élaboré avec autant d’erreurs soit discuté et validé en conseil des ministres désacralise cette sphère du pouvoir. Non seulement que la VPM n’a pas consulté les parties prenantes mais également le dossier n’a pas été bien préparé (…). L’approche qu’elle a c’est de se passer de tout le monde pour des visées personnelles. Elle pense que les autres parties prenantes vont perturber ses calculs personnels », a ajouté Augustin Mpoyi.

Pour ces organisations de la société civile, la vice-première ministre de l’environnement a instauré une gouvernance dictatoriale depuis qu’elle anime ce ministère, mettant en mal même les partenaires techniques et financiers. Le président de la République et le premier ministre sont appelés à recadrer le tir.

« Il y a autant d’incohérences dans ce qu’elle fait qui traduisent sa volonté de mener le secteur dans une sorte de dérive. (…) nous assistons donc à la confiscation de l’espace démocratique dans le management des différents dossiers qui sont gérés à travers ce ministère. Raison pour laquelle nous attirons l’attention du président de la République et du premier ministre pour qu’ils s’impliquent afin de faire corriger toutes les déviations auxquelles nous assistons aujourd’hui de la part de madame Bazaiba », a ajouté un autre participant à cette réunion.

La tête de Bazaiba réclamée 

Adressant des recommandations au président de la République, ces organisations de la société civile demandent le changement de leadership à la tête du ministère de l’environnement pour sa redynamisation.

« Désigner à la faveur du remaniement ministériel envisagé une personne ayant le sens des affaires de l’Etat, du partenariat et d’ouverture aux parties prenantes, le sens de management inclusif et le souci constant de faire avancer les réformes et non de passer son temps à créer des handicapes », ont-elles écrit dans un plaidoyer adressé au chef de l’Etat.

Au cas où le président de la République ne réduit pas les pouvoirs dont la vice-première ministre Bazaiba se serait accordée en tant que présidente et membre du conseil consultatif national des forêts, ces organisations de la société menacent déjà d’attaquer en justice le décret qui a été validé en conseil des ministres s’il est signé tel quel.

Bienfait Luganywa