Ça se passe dans le groupement de Boyela du territoire de Befale, dans la province de la Tshuapa. Le préfet de l’institut Loko profite du manque de circulation de l’information pour asphyxier les élèves et leurs parents.
Alors que l’arrêté du gouverneur de province fixe à 60.000 FC les frais de participation à l’examen d’Etat, édition 2022-2023, ce préfet a presque multiplié ces frais par 3, les ramenant à 185.000 FC.
Profitant du passage de 7SUR7.CD dans cette partie du pays qui est à presque 600 km de Mbandaka, ces élèves ont lancé le cris de détresse.
« Nous nous sommes bien préparés pour passer l’examen d’Etat mais malheureusement nous risquons de le rater à cause des frais exigés. Notre préfet nous a dit que chacun doit payer 185.000 FC », a raconté un élève de 6e année pédagogie.
Certains élèves n’ont pas pu. Ils ont carrément arrêté d’étudier.
« Nous étions 13 au début de l’année. Lorsque les frais de participation à l’examen d’Etat nous ont été annoncés, 7 ont dû arrêter d’étudier et sont actuellement dans la forêt en train de faire la chasse. S’ils arrivent à vendre à temps les animaux qu’ils vont tuer, peut être ils reviendront pour payer l’argent exigé et passer l’examen », a ajouté un autre finaliste.
Et de continuer : « Mon rêve est d’aller faire l’université à Mbandaka au cas où je parviens à décrocher le diplôme d’Etat. Tout le monde dans notre village est soit pêcheur, soit chasseur. Moi par contre, je rêve de faire les études supérieures ».
De leur côté, les parents ont demandé de l’aide aux autorités provinciales et nationales car ils ne peuvent pas réunir ce montant.
« Franchement nous n’arrivons pas à réunir ce montant. L’activité de la plupart de parents ici est la fabrication et la vente de la chikwangue (bâton de manioc ou pain de manioc, ndlr) qui ne coûte que 200 FC la pièce. Faudra-t-il en vendre combien pour arriver à réunir les 185.000 FC ? Si les autorités du pays parviennent à nous écouter, qu’elles nous viennent vraiment en aide », a dit un parent d’élève.
Le préfet incriminé n’a pas pu être interrogé car il était en déplacement et ne peut pas être joint par téléphone.
Trouvé à Boonia, une cité où se trouve le centre de l’examen d’Etat de ces élèves, à 50 km de leur village, le coordonnateur de la province éducationnelle (PROVED) de Befale 3, José Bomolo, a dénoncé l’attitude de certains responsables d’écoles.
« Le montant fixé par l’autorité provinciale n’a pas changé. Ça reste 60.000 FC. Tout autre montant au-delà de ça c’est du vol, de la corruption. Malheureusement c’est le cas chez certains responsables d’écoles », a-t-il dénoncé.
Notons que Boyela est enclavé en pleine forêt équatoriale. Ce groupement est complètement coupé du monde car n’étant couvert par aucun réseau téléphonique et aucune radio y est captée.
Bienfait Luganywa